A 26 ans, Clémentine Sarlat est le nouveau visage du service des sports de France Télévisions. Après un court passage en alternance à France Télévisions puis à Eurosport, cette journaliste couvre depuis l'automne pour le service public les matchs de l'équipe de France de rugby. Remplaçant Philippe Lafon au bord des terrains, elle s'apprête ainsi à vivre son premier tournoi des Six Nations lancé ce week-end. Depuis cet été, Clémentine Sarlat intervient aussi dans "Stade 2", l'émission sportive dominicale de France 2. Une montée en puissance rapide qui a incité puremedias.com à partir à la rencontre de cette jeune journaliste.
Propos recueillis par Benjamin Meffre
puremedias.com : Vous vous apprêtez à couvrir votre premier tournoi des Six Nations, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Clémentine Sarlat : C'est particulier parce que j'adore ce tournoi. J'ai super-hâte et en même temps, je n'ai pas envie de me tromper ou de mal faire. C'est hyper-important pour moi et encore plus pour les joueurs et le reste des Français.
Qu'est-ce qui fait selon vous un bon journaliste sportif de bord de terrain?
Ce n'est pas facile. C'est génial comme métier mais il faut s'habituer à une vision du jeu qui est différente, qui n'est pas en hauteur mais à plat. Je remplace Cédric Beaudou et Philippe Lafon qui sont des journalistes qui sont habitués à cette vision-là du jeu, à chercher les petits détails que personne n'a vus à l'écran. Je m'inspire beaucoup de leur travail pour faire vivre les à-côtés et donner la petite info en plus. Pour moi, c'est ça le journalisme de bord de terrain.
Cédric Beaudou et Philippe Lafon vous ont donné des conseils ?
Oui, ils ont été géniaux. Ils m'ont surtout dit d'être moi-même, de ne pas stresser et de profiter. En plus de cela, ils m'ont surtout donné des conseils méthodiques sur la préparation des fiches, le suivi des changements de joueurs et m'ont transmis leur expérience personnelle. Cela m'a bien aidé à me structurer.
Vous êtes une passionnée de rugby ?
Oui... (rires) Cela me fait rire quand on me demande ça parce que c'est une question qu'on ne poserait pas un homme et on me la pose toujours...
Je pense honnêtement que je l'aurais posée à un nouveau visage "homme" de l'antenne. Je vous la pose aussi parce que j'ai lu que vous étiez particulièrement passionnée par l'athlétisme et le tennis. D'où mon intérêt de savoir si vous l'êtes aussi par le rugby...
OK. Alors oui, je suis passionnée par le rugby depuis toute petite. C'est mon père qui m'a fait découvrir ce sport. J'ai toujours regardé avec lui le Tournoi et les matchs de l'équipe de France. J'ai été dans un collège-lycée à Bordeaux où il y avait du sport-étude. Moi je faisais de l'athlétisme et d'autres du rugby. Je suis ainsi devenue amie avec des joueurs de Bègles que j'allais voir jouer le week-end au stade. J'ai même vu leur montée de la Pro D2 (seconde division, ndlr) en Top 14. Mes meilleurs copines ont joué au rugby et moi même j'ai joué un peu à la fac. C'était plus ludique qu'autre chose mais j'ai les bases.
Vous êtes la première femme à occuper ce poste en rugby sur France Télévisions. Après Isabelle Ithurburu pour Canal+, pensez-vous qu'il y ait une volonté des chaînes de féminiser voire de glamouriser la couverture du rugby à la télévision ?
Ça me fait toujours un peu sourire cette image du glamour. Ce n'est pas nous qui avons fait le calendrier des "Dieux du stade". On n'est pionnière de rien, nous. Et je ne suis pas sûre d'apporter du glamour sur le bord du terrain. Je n'ai pas de revendication. J'ai fait du sport toute ma vie comme les mecs. Je ne me pose pas ce genre de questions en fait. Après, est-ce que c'est une volonté des chaînes ? Oui, forcément. A un moment, il y a aussi un déséquilibre dans la représentation féminine à l'antenne. Mais moi ce que je trouve surtout génial, c'est que les chaînes prennent des femmes qui aiment ce sport, veulent en parler et sont passionnées.
Vous êtes également passionnée par l'athlétisme et le tennis, allez-vous couvrir prochainement ces sports sur France Télévisions ?
J'adorerais. Ce sont les sports qui me passionnent. Je peux les regarder pendant des heures. Donc évidemment, si j'ai l'opportunité ou l'occasion, je le ferai avec grand plaisir. Mais ce n'est pas à l'ordre du jour. Et je suis très occupée avec le rugby. On a beaucoup de rencontres et d'évènements. Je ne peux pas tout faire non plus...
Avez-vous un évènement que vous rêvez de couvrir en tant que journaliste sportif ?
Les JO ! Je les ai tellement regardés à la télé et déjà à l'époque, cela me faisait rêver. En plus depuis que je suis journaliste, j'entends régulièrement mes collègues en parler avec des yeux qui brillent et cela ne fait que renforcer mon envie de vivre ça, de voir par moi-même ce que c'est.
Vous êtes également arrivée dans "Stade 2" depuis cet été. Vous avez le sentiment d'avoir donné un coup de jeune à cette émission qui a fêté récemment ses 40 ans ?
Un coup de jeune. Je ne sais pas... Il y avait quand même déjà des journalistes assez jeunes comme Mathieu Lartot, Fabien Lévêque.
Ils sont quand même un peu plus âgés non...
Oui c'est vrai... Mais je n'aurais pas la prétention de dire que moi j'ai donné un coup de jeune à l'émission (rires). Je suis juste très contente d'être là, que Daniel Bilalian (le patron des sports de France Télévisions, ndlr) m'ait fait confiance, qu'il ait accepté que j'aie ce rôle-là. Je ne peux que le remercier. Je sais que ce service a parfois une image un peu vieillotte mais moi, auparavant, j'avais déjà fait mon master en alternance au sein du service des sports de France Télévisions. Donc je savais de qui il était composé et comment il était réellement. Je n'avais donc pas cette image-là.
Ce service a en effet une image un peu vieillote et même macho parfois...
Moi qui les connais de l'intérieur, j'en ai une vision différente. Si c'était vrai, je n'y serais pas retournée. Je sais que ce sont des gens bien.
Un pronostic pour le Tournoi ?
Je ne suis pas objective (rires). J'ai envie de dire que la France a toutes ses chances. Après l'équipe d'Irlande a fait quasiment un sans-faute jusque-là. Donc il va falloir faire très attention à eux. C'est dur de faire des pronostics... Disons que j'espère que la France sera dans les deux premiers du Tournoi.