Le conflit NextRadioTV/Free est bien remonté aux oreilles du CSA. Auprès de l'AFP, le régulateur s'est dit ce jeudi "attentif au litige commercial qui oppose depuis quelques jours NextRadioTV et Free, et soucieux de l'intérêt des publics". L'institution présidée par Roch-Olivier Maistre affirme par ailleurs avoir "proposé aux deux parties de les recevoir pour contribuer au déblocage de la situation". Le CSA indique également avoir "préalablement" invité les deux groupes à "prendre les dispositions nécessaires pour permettre la reprise du dialogue".
Cette intervention du CSA intervient alors que Free s'est plaint cette semaine auprès du CSA, comme l'ont révélé nos confrères de "La Lettre A", du traitement de l'information par BFMTV, jugeant que la chaîne info ne donnait qu'une vision partiale du conflit en relayant l'information sur son antenne via son bandeau, des sujets et un message spécial à l'attention de ses téléspectateurs. Pour rappel, mardi, le groupe NextRadioTV, propriété d'Altice France, a communiqué sur le fait que ses chaînes BFMTV, BFM Business, RMC Découverte et RMC Story puissent ne plus être distribuées à compter du 20 mars sur les box Free.
Les accords liant la société de Xavier Niel aux chaînes du groupe dirigé par Alain Weill arrivent en fait à échéance à cette date. En l'absence d'accord, les chaînes de NextRadioTV pourraient effectivement disparaître des écrans des abonnés Free. NextRadioTV a en fait tenté de profiter du changement de donne dans le secteur depuis que le groupe TF1, suivi de près par le groupe M6, est parvenu à faire payer les opérateurs pour qu'ils proposent ses chaînes de télévisions et les services qui y sont associés sur leur box. S'engouffrant dans la brèche, NextRadioTV réclame également à ses concurrents qu'ils paient pour diffuser ses chaînes.
Alors que des accords ont été resignés l'année dernière avec SFR et Bouygues Telecom et que celui avec Orange est toujours en cours, NextRadioTV a trouvé porte close face à l'opérateur de Xavier Niel. "Free a signé avec TF1, avec les chaînes du groupe M6, mais pas avec nous. Nous étions prêts à avoir une négociation, mais nous avons eu face à nous une entreprise rigide et fermée", a déploré mardi Alain Weill, patron d'Altice France, dans les colonnes des "Echos". Selon nos confrères, Altice réclamerait "5 à 6 millions d'euros" à son concurrent, soit une somme qui serait alignée sur celle payée par SFR et Bouygues Telecom. C'est précisément sur la question du montant que les deux groupes devront s'entendre en cas de reprise des négociations.
L'enjeu n'est pas mince, ni pour l'un, ni pour l'autre. Distributeurs et opérateurs sont dans une relation de forte interdépendance, raison pour laquelle le conflit avec TF1, qui n'était rien d'autre qu'une partie de poker menteur, a trouvé assez rapidement une issue l'année dernière. En cas d'enlisement du conflit, Free serait pénalisée en proposant une offre moins riche que ses concurrents, et sans la principale chaîne d'information française, alors même qu'elle vient de lancer deux nouvelles box. De son côté, Altice n'a pas non plus intérêt à ce que ses chaînes ne soient plus accessibles. Le risque serait notamment d'affecter l'audience de ces dernières et tout particulièrement de BFMTV, sa vitrine, sur laquelle elle vient d'ailleurs opportunément d'annoncer son intention de diffuser la finale de la Ligue des Champions. Un potentiel argument de poids pour faire flancher Free.