Une réponse qui souligne une fois de plus la détermination affichée par le groupe Canal+ dans le conflit qui l'oppose au groupe TF1. Mercredi soir, à l'occasion de la conférence de presse de rentrée de son groupe dans des locaux flambants neufs, Maxime Saada, le patron de Canal+, a été interrogé sur ce dossier brûlant. Pour rappel, depuis le début du mois, le groupe crypté, arguant de la fin du contrat de distribution qui le liait à la filiale du groupe Bouygues, a pris la décision de couper le signal de ses cinq chaînes. Une coupure qui concerne 5,4 millions de foyers, dont près de 2 millions sont situés en zone blanche et dépendent du service TNT Sat.
Cette situation a des conséquences au quotidien pour la première chaîne, qui a vu par exemple son "20 Heures" être doublé à plusieurs reprises par le journal de France 2. Le principal point de blocage porte sur le montant exigé par TF1 pour renouveler le contrat de distribution, "une rémunération très conséquente", a déploré Canal+ dans un communiqué le 2 septembre dernier.
Face aux journalistes hier soir, Maxime Saada a souligné une nouvelle fois que "beaucoup de chiffres fantaisistes sont sortis" depuis le début de la polémique et a maintenu que TF1 aurait demandé "une augmentation de 50% de ce qu'on payait auparavant". Une proportion qui est contestée par la première chaîne de France. Faisant référence au précédent contrat de distribution conclu fin 2018, le dirigeant a estimé son montant déjà "très élevé pour une chaîne qui est gratuite".
Maxime Saada a ainsi fait part de sa préoccupation : "C'est un sujet pour nous, surtout à l'aube potentiel de la fusion TF1/M6. Si on commence à payer à des chaînes gratuites des sommes qui sont aujourd'hui consacrées à des programmes payants, on est en contradiction avec ce que nos abonnés souhaitent. Nos abonnés ne souhaitent pas payer pour des chaînes qui sont gratuites par ailleurs. Expliquer à quelqu'un que s'il n'est pas abonné à Canal, c'est gratuit et que s'il est abonné à Canal, ça devient payant, c'est incompréhensible pour lui", a-t-il déploré.
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Pour appuyer son propos, le dirigeant n'a pas hésité à comparer TF1 avec les grands studios américains : "Les montants dont on nous parle, ce sont des montants qui sont comparables quand on dit qu'on a signé avec Sony et Universal. On parle de ces eaux-là. Ce n'est pas possible pour nous de s'engager dans une voie comme ça qui serait préjudiciable à un moment donné pour nos abonnés, d'une manière ou d'une autre". Une comparaison qui faisait référence à une annonce survenue quelques instants plus tôt, faisant état de la signature cet été d'un accord avec Sony et Universal pour permettre à Canal+ de diffuser leurs films six mois seulement après leur sortie en salles.
Faute d'accord, les deux groupes privés ont porté l'affaire sur le terrain judiciaire ces derniers jours. TF1 a assigné son concurrent en référé au tribunal de commerce de Paris pour obtenir le rétablissement du signal de ses chaînes sur le service TNT Sat. Le dossier a été examiné mardi dernier et une décision sera rendue le 22 septembre prochain. Le groupe dirigé par Gilles Pélisson a demandé selon "Le Figaro" une "mesure provisoire de quatre mois" qui permettrait à Canal+ de rétablir les chaînes sur TNT Sat durant cette période, soit pour trouver un accord global avec TF1, soit pour permettre aux clients de TNT Sat de migrer vers l'offre satellite du groupe Eutelsat.