Contre vents et marées, "Zemmour & Naulleau" tient la barre sur Paris Première. Depuis 2011, l'émission de débats produite par Troisième Œil fait les beaux jours de la chaîne payante du groupe M6. Malgré les polémiques à répétition générées par les propos et les écrits d'Éric Zemmour, le programme, qui n'a jamais été menacé par la direction de M6, continue de faire le plein d'invités politiques de premier plan. Fort de bonnes audiences, le format a même survécu à "Des paroles et des actes", lancé simultanément sur France 2. À l'occasion du retour de "l'émission qui donne du temps au débat et à la politique", ce soir à 20h50, puremedias.com s'est glissé dans les coulisses du tournage de la première émission de la saison.
Rendez-vous était donc pris, ce matin, peu avant 10 heures, dans les entrailles du Palais des Congrès qui surplombe la Porte Maillot à Paris. C'est là que se cache le petit plateau de 300m2 qui accueille le tournage de "Zemmour & Naulleau" mais également de "Ça balance à Paris", l'émission culturelle animée par Éric Naulleau, et mise en boîte dans l'après-midi. Dans les coulisses qui surplombent le plateau, les deux compères dissertent joyeusement pendant qu'ils se font maquiller. L'occasion notamment pour Éric Zemmour de revenir sur son altercation de la veille avec Patrick Cohen, "un journaliste qui se croit neutre et équitable alors que toute la France sait qu'il est partial".
Mais pas le temps de s'attarder sur son énième passe d'armes avec l'anchorman d'Europe 1, voici que Laurent Wauquiez, premier invité du jour, débarque en coulisses. Le favori à la présidence du parti LR est chaudement accueilli par Eric Zemmour qui le chambre avec une affection non dissimulée. Plus loin, dans sa loge, Éric Naulleau fait connaissance avec Sandrine Sarroche, la nouvelle humoriste de l'émission. La rencontre est cordiale et les deux décident instinctivement de se tutoyer.
Attrapant au vol un technicien, le polémiste en profite pour réclamer à ce dernier de faire passer le message aux "hautes autorités" qu'il fait trop chaud sur le plateau. "Je crève de chaud, j'en ai ras le bol, je vais encore être tout rouge ! Je vais quand même pas recommencer la guérilla que j'ai menée toute la saison dernière !" peste-t-il en prenant la direction du plateau. Un agacement qui peut se comprendre étant donné que l'animateur s'apprête à passer une large partie de sa journée dans le studio surchauffé. Les "hautes autorités" ne sont d'ailleurs pas très loin puisque Jonathan Curiel, directeur général de Paris Première, et Fabrice Pierrot, producteur de l'émission pour Troisième Œil, sont tous deux présents en régie pour veiller au bon déroulement de cette première.
Pendant ce temps, Anaïs Bouton se dirige d'un pas pressé vers le plateau. Victime d'un blocage au niveau des cervicales, l'animatrice grimace. Les un peu plus de deux heures d'enregistrement risquent d'être longues pour celle qui est une figure historique de Paris Première. En coulisses, gardant un oeil distrait sur l'écran de retour, Alba Ventura, chroniqueuse de l'émission, y va de sa petite observation sur la tenue de l'animatrice. "C'est dommage qu'Anaïs ne soit jamais en robe, elle est hyper bien gaulée", souffle l'éditorialiste de RTL avant que le tournage ne débute enfin.
Il est maintenant plus de 11 heures. En plateau, les deux Éric sont engagés dans une longue discussion passionnée avec le probable futur chef de file de la droite, Laurent Wauquier. Installé en loge, Alain Duhamel, attendu pour un débat avec Édouard Balladur, s'impatiente. Le journaliste de RTL interpelle un des journalistes de l'émission. "Tu peux demander à quelle heure on passe ? J'ai un rendez-vous à midi, je ne peux pas être en retard" prévient-il. Le journaliste le rassure : "Ne vous inquiétez pas, le rédacteur en chef me dit que vous passerez avant".
Un peu plus loin, Sandrine Sarroche arpente les coulisses d'un pas pressé. L'humoriste n'est plus qu'à quelques minutes de son grand baptême du feu. Quelques minutes plus tard, des éclats de voix brisent le silence en régie. Furieux de n'être toujours pas passé en plateau, Alain Duhamel peste contre la production. "C'est lamentable ! On me ment depuis tout à l'heure, ça fait vingt minutes que j'attends et qu'on me raconte des histoires !", lâche-t-il à un membre de la production qui tente vainement de s'excuser. "Je ne vous excuse pas du tout !", lui rétorque l'éditorialiste qu'Alba Ventura tente de calmer en lui glissant : "Alain, c'est normal s'il y a un peu de retard, c'est une émission de reprise".
Excédé, l'éditorialiste ne veut rien entendre et laisse carrément entendre qu'il va planter l'émission. "Si dans deux minutes, on n'y est pas, je descends dire à Balladur qu'il fera le débat tout seul", prévient-il d'un ton sec. La production prend la menace au sérieux et décide de bouleverser le conducteur en décalant le billet de Sandrine Sarroche. En plateau, toujours en discussion avec Laurent Wauquiez, les deux Éric ne se rendent compte de rien. Informée de ce qu'il se passe en coulisses, Anaïs Bouton met la pression à ses interlocuteurs pour qu'ils concluent leurs échanges. Ceux-ci s'exécutent et l'éditorialiste de RTL peut enfin rejoindre le plateau pour débattre avec l'ancien Premier ministre.
En coulisses, l'ambiance se détend à nouveau. La séquence avec Balladur et Duhamel est mise en boîte en une vingtaine de minutes. C'est ensuite Jean-Christophe Cambadélis, qui leur succède en plateau. Un paquet de bretzels à la main, Alba Ventura observe la séquence tout en dissertant sur les relations entre politiques et journalistes. "Il faut être respectueux avec eux tout en ne versant pas dans le copinage. Même si je fais la bise à certains... La dernière fois, un ancien ministre me dit : 'On dîne ensemble ?'. Ça, ça ne se fait pas", explique l'éditorialiste à Sandrine Sarroche, assise à ses côtés. Une manière de changer les idées de l'humoriste qui ronge son frein avant sa première prestation.
Peu avant 13 heures, c'est finalement avec son billet humoristique, "La super semaine de Sandrine Sarroche" que le tournage s'achève. La successeur de Tanguy Pastureau peut souffler, son baptême du feu face aux deux Éric s'est bien passé. En plateau, les projecteurs s'éteignent déjà et le public - une vingtaine de personnes - peut enfin quitter les petits tabourets inconfortables sur lesquels il était installé. Sans prendre le temps de débriefer l'émission écoulée, les deux Éric se sont déjà éclipsés. Le plus gros du travail appartient maintenant à la production qui a quelques heures devant elle pour monter et raccorder les différentes séquences de l'émission.