Anna Cabana épinglée par le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM). La journaliste orchestrait, comme à son habitude sur la chaîne I24 News le 18 janvier dernier, un nouveau numéro de "Conversations avec Anna Cabana". Au sommaire ce jour-là : un débat intitulé "Jean-Michel Blanquer au coeur de la tempête".
En début d'année 2022, le ministre de l'Éducation nationale a, en effet, été vivement critiqué pour avoir dévoilé à la veille de la rentrée scolaire, dans une interview payante au "Parisien", le nouveau protocole sanitaire applicable dans les écoles. La controverse est repartie de plus belle deux semaines plus tard, quand "Mediapart" a révélé que Jean-Michel Blanquer avait été interviewé, non pas dans son bureau comme la photo du "Parisien" le laissait penser, mais depuis Ibiza, où il était en vacances pour célébrer son mariage avec... Anna Cabana.
Ce que la journaliste s'était bien gardée de préciser à l'antenne. "Effectivement, à aucun moment dans l'émission en cause, la journaliste n'indique ses liens privés avec M. Jean-Michel Blanquer", relève le CDJM, composé de journalistes, d'éditeurs, d'agences de presse et de représentants du grand public. Dans une interview accordée à puremedias.com au lendemain de cette émission, elle a souligné que cela "n'a pas besoin d'être répété. Ce n'est pas un secret. Ma relation avec Jean-Michel Blanquer est publique depuis deux ans. Elle est même lisible sur Wikipédia. J'en ai d'ailleurs déjà payé le prix fort au niveau professionnel".
Or, si le microcosme politico-médiatique a bien connaissance de cette relation, le CDJM "constate que cette notoriété est toute relative, et que le lien conjugal n'est pas explicité, par exemple par un nom marital". Il rappelle en outre que "la notion de 'supposé connu' est généralement proscrite dans les rédactions, les informations essentielles devant être portées à la connaissance du public ou rappelées dans le but de contextualiser".
Le Conseil de déontologie journalistique et de médiation en conclut donc que "le choix de ne pas se faire remplacer à l'antenne le 18 janvier ou à tout le moins de ne pas expliquer aux téléspectateurs qu'elle allait se contenter de distribuer la parole sur le sujet du jour, puisqu'il concernait son mari, la place de facto dans une situation de conflit d'intérêts ou d'apparence de conflit d'intérêts". En conséquence, "la règle déontologique d'éviter - ou de mettre fin à - toute situation pouvant conduire à un conflit d'intérêts n'a pas été respectée par I24News".
I24 News aurait pu prendre une décision différente. Confrontés à ce même cas de conscience, les journalistes Léa Salamé, Audrey Pulvar, Franck Ballanger, Thomas Sotto et il y a plus longtemps Anne Sinclair en 1997 et Béatrice Schönberg en 2007, se sont écartés un temps de leur domaine de compétence "au prétexte que leur vie personnelle les lie à une femme ou un homme politique", relève le Conseil. Anna Cabana refusait auprès de puremedias.com, toute idée de "renonciation" à son métier. "Qu'est-ce qu'on veut ? Que j'arrête de travailler parce que je suis en couple avec un ministre ?".