TF1 questionne sa relation de confiance avec ses téléspectateurs. Hier, à l'hôtel Univers à Arras, pendant deux heures, plusieurs représentants de l'information du groupe TF1 se sont prêtés à un exercice de transparence face aux lecteurs de "La Voix du Nord". Un échange, auquel puremedias.com a assisté, qui s'inscrit dans le cadre des "Rencontres de l'information", initiative organisée par la direction de l'information de la Une, en partenariat avec la presse quotidienne régionale. Pour ce premier débat en région étaient notamment présents Jean-Pierre Pernaut, Thierry Thuillier, directeur de l'information de TF1, mais aussi Mathilde Guenegan, journaliste-reporter à LCI, Sébastien Hembert, correspondant de TF1 dans le Nord, et Cédric Aguilar, chef monteur pour "Le 20h, le mag".
Avec ces rencontres, TF1 veut répondre à l'exigence accrue de transparence attendue de la part des médias d'information et retisser le "lien distendu" avec les citoyens. "Rien ne serait pire que de rester enfermés dans notre bunker. On veut répondre aux questions que se posent ceux qui nous regardent afin qu'ils nous comprennent mieux. Il nous semble aussi important de leur montrer que nous n'avons rien à cacher", explique Antoine Guélaud, directeur des opérations spéciales de l'info de TF1, à puremedias.com. "Certes, ces rencontres s'inscrivent dans un contexte particulier mais cela fait longtemps que nous sommes engagés dans une démarche de pédagogie, notamment auprès des scolaires", poursuit celui qui a aussi dirigé la rédaction de la Une de 2010 à 2018.
Pendant plus de deux heures, les équipes de TF1 se sont donc prêtées à un exercice de questions/réponses avec un panel d'une trentaine de lecteurs sélectionnés en amont par "La Voix du Nord". Un public curieux mais pas hostile, assez éduqué aux médias, composé notamment d'enseignants, d'employés municipaux, de lycéens et de retraités. Sans grande surprise, le contexte de ces dernières semaines a occupé une bonne partie des échanges. "On a vu venir le mouvement de loin, on a senti, avec nos correspondants en région, que j'appelle tous les jours, que la grogne montait bien avant le 17 novembre", relate Jean-Pierre Pernaut. "Je rappelle que, dès le mois d'avril, nous avons reçu le président de la République au '13 Heures' et nous l'avons confronté au malaise des cheminots et des retraités victimes de la hausse de la CSG. Et nous lui avons aussi parlé des 80 km/h", souligne le journaliste.
Au cours de l'échange ont été évoquées des questions aussi diverses que la place des femmes dans les rédactions, le traitement de la mort de Johnny Hallyday ou l'impossibilité de faire "un journal des bonnes nouvelles". Jusqu'à l'été, TF1 poursuivra son itinérance en province. Après Jean-Pierre Pernaut, ce sera au tour de Gilles Bouleau, Anne-Claire Coudray et David Pujadas de partir à la rencontre des lecteurs de titres de presse régionale à Strasbourg, Clermont-Ferrand et, enfin, Toulouse. À terme, Thierry Thuillier ambitionne que cette série de rencontres débouche "sur des initiatives éditoriales". Quelques pistes ont d'ailleurs déjà été lancées. Le patron de l'info de TF1 a ainsi indiqué réfléchir à mettre en place un dispositif digital dans lequel le groupe ferait sa propre pédagogie autour de sa manière de produire et de traiter une information.