Il n'avait pas choisi d'alerter les médias. Mais sa photo, le visage tuméfié après une agression homophobe ce week-end à Paris posté sur son profil Facebook, a fait en quelques heures le tour des réseaux sociaux. Partagée des milliers de fois, chacun s'en servant comme d'un tract pour dénoncer l'homophobie grandissante dans le pays, après l'ouverture du débat houleux sur le mariage pour tous.
Depuis hier, Wilfred de Bruijn est sur toutes les ondes. Première télévision mardi soir, dans "C à vous". Il était sur France Inter et RTL ce matin, sera ce week-end dans "Le supplément" de Canal+. Les stigmates de son agression sont visibles et témoignent de la violence des coups qui lui ont été portés, samedi soir dans la 19ème arrondissement, alors qu'il rentrait simplement chez lui avec son compagnon vers 23 heures. Il ne se rappelle de rien, s'est réveillé dans une ambulance le visage ensanglanté. Son seul souvenir, les insultes homophobes juste avant son agression, où sa tête a été frappée comme un ballon de foot. "On marchait bras dessus, bras dessous. Il ne faut pas faire ça bien sûr...", a-t-il témoigné, dépité.
"C'est un fait divers banal... Je ne supporte plus de me voir comme ça, j'ai donc retourné tous les miroirs dans l'appartement. Mais il faut l'image pour raconter l'histoire, ça marche comme ça dans votre métier, a-t-il raconté. Je me suis dit qu'il fallait montrer ça, ce n'est malheureusement pas un fait isolé. Nous on vit une homophobie quotidienne, je connais des milliers de garçons et de filles qui ne tiennent pas la main de leur ami ou leur amour, qui ne s'embrassent pas sur la bouche pour dire au revoir au train. On s'auto-censure toujours, sauf samedi, je ne l'ai pas fait."
Au travers de son témoignage, très fort, Wilfred de Bruijn dénonce le climat délétère autour de la question gay depuis plusieurs semaines. "Ce n'est pas Christine Boutin qui m'a fait ça samedi soir. Mais c'est elle qui tient des discours... On vomit sur les homos. D'abord, ça fait mal, ça change le regard sur nous. Alors qu'on aspire juste à l'égalité, à un peu d'humanité, c'est seulement cela. Certes il ne faut pas faire d'amalgames. Mais je crains que beaucoup de gens se soient mis dans un camp qui dépasse les limites." Si vous avez raté ce témoignage, puremedias.com vous propose de le revoir en intégralité.