"S'agissant de la lutte contre la désinformation, Twitter est sur une pente glissante". Voici comment le ministre délégué au numérique Jean-Noël Barrot a qualifié, lundi 29 mai, l'attitude du réseau social d'Elon Musk au micro de Franceinfo. Le membre du gouvernement faisait référence à un message partagé l'avant-veille par le commissaire européen à l'Industrie, Thierry Breton.
C'est par un tweet que le cadre de l'UE avait rendu public le retrait de Twitter du code européen sur la désinformation. Cet accord volontaire et non-contraignant, créé en 2018, a été ratifié par toutes les grandes plateformes, Facebook, Google, Microsoft, TikTok, etc. Pourtant, Elon Musk, qui a vastement revu la politique de modération de son service après le rachat, a préféré s'en extirper. Un message symboliquement fort.
L'oiseau bleu est-il donc libéré des règles de l'UE sur la modération des "fake news" ? Non, répond Thierry Breton. "Twitter quitte le code de conduite volontaire de l'UE contre la désinformation. Mais les obligations demeurent. Vous pouvez courir mais vous ne pouvez pas vous cacher". Le Commissaire a également rappelé l'entrée en vigueur du Digital Services Act (DSA) le 25 août prochain. Ce texte encadre les plateformes et inscrit, entre autres, une "obligation légale" de lutte contre la désinformation.
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La politique de l'entreprise depuis son rachat : "Freedom of speech, not freedom of reech". En clair, plutôt que de supprimer les contenus potentiellement litigieux, le mot d'ordre donné par Elon Musk est d'en réduire la visibilité. Une logique qui ne correspond pas aux attentes de l'Europe. Reste à savoir si la future dirigeante Linda Yaccarino compte revenir sur ce principe.
Si l'entreprise se maintient sur cette "pente glissante", la menace d'une batterie de sanctions plane. "Si Twitter ne lutte pas activement contre la désinformation, la Commission européenne pourra engager contre Twitter des sanctions, allant jusqu'à 6% du chiffre d'affaires mondial, à peu près 300 millions d'euros. En cas de récidive, si Twitter ne se conforme pas, il pourra alors être banni de l'Union européenne", a détaillé le ministre sur Franceinfo.
Ces menaces brandies par Jean-Noël Barrot ont été décriées par l'extrême droite. "En voulant bannir Twitter, les censeurs Thierry Breton et Jean-Noël Barrot veulent faire taire toute parole libre", s'est par exemple indigné Éric Zemmour, rapidement suivi de Marion Maréchal. "Ne vous en déplaise, la liberté d'expression n'est ni un droit à la désinformation, ni un droit à la provocation à la haine raciale ou religieuse", a rétorqué le ministre.