"Je démissionnerai de mon poste de PDG dès que j'aurai trouvé quelqu'un d'assez idiot pour prendre le poste !", assurait Elon Musk en décembre dernier. C'est chose faite. Ce lundi 5 juin, Linda Yaccarino a pris les rênes du réseau social. L'ancienne directrice de la publicité du groupe américain NBC Universal prend le relais du milliardaire - qui reste cependant président exécutif du conseil d'administration et directeur de la technologie.
La nouvelle dirigeante prend les manettes d'un avion en pleine zone de turbulences. Depuis que l'entreprise a été rachetée pour 44 milliards de dollars, elle a connu des suppressions massives d'emploi, un effondrement publicitaire et d'autres crises - presque devenues un lot quotidien. Soit autant de chantiers pour les mois à venir.
La purge qui a touché les effectifs de Twitter n'a pas concerné que les salariés des échelons inférieurs. Plusieurs cadres ont été remerciés au même moment que certains ingénieurs, membres de l'équipe de modération et l'équipe gérant les relations avec la presse. Mais d'autres hauts placés de l'entreprise ont quitté l'entreprise de leur propre chef. Pas plus tard que la semaine dernière, Ella Irwin, la cheffe de la confiance et de la sécurité chez Twitter, a plié bagage.
Linda Yaccarino va donc devoir se construire une équipe rapprochée, plaçant dans son entourage des personnes qui partagent, ou pas, la même vision pour la plateforme. Le tout sans outrepasser Elon Musk qui risque de s'octroyer un droit de regard.
Depuis que Twitter a été repris pour la belle somme de 44 milliards de dollars, la valeur de l'entreprise n'a cessé de baisser, pour n'arriver qu'à un tiers de la somme de départ. La principale raison de cette fonte : l'effondrement des revenus publicitaires. En modifiant sa méthode de modération, l'entreprise a perdu la confiance des annonceurs. En France par exemple, les revenus publicitaires se sont effondrés de 80%.
Linda Yaccarino est issue du monde de la publicité. Peut-être qu'elle pourra insuffler de la confiance dans le marché. Ou, au contraire, mettre le cap sur Twitter Blue, l'offre d'abonnement premium à Twitter. Jusqu'à présent, cet outil n'a rencontré qu'une adhésion limitée alors qu'un certain nombre de gadgets comme la vérification sont désormais conditionnés au passage à la caisse. Troisième option pour faire rentrer du cash dans les caisses, une introduction boursière. Une hypothèse hautement improbable pourtant prophétisée par la sérieuse agence de presse économique Bloomberg.
Autre grand chantier de Linda Yaccarino : éviter la guerre avec l'Union européenne. En bouleversant sa politique de modération, l'entreprise est sortie du pacte européen de bonne conduite sur la désinformation ratifié par les grands acteurs du numérique. En clair, Twitter a choisi "la confrontation" selon la vice-présidente de la Commission européenne chargée des valeurs et de la transparence, Vera Jourova.
Le 25 août prochain entrera en vigueur le Digital service act (DSA), il donnera davantage de pouvoirs aux 27 pour sévir les plateformes qui ne jouent pas le jeu. Et au vue de ses dernières crises, "le respect de la loi européenne (par Twitter) sera examiné de près, de façon ferme et prioritaire", assure Vera Jourova. Actuellement, la plateforme encourt 300 millions d'euros d'amende et une interdiction pure et simple.