Pendant des années, certains journalistes ont joui sur Twitter d'un petit badge "vérifié" qui leur permettait d'être identifiable comme une source crédible dans un océan de désinformation. Mais Elon Musk, le nouveau dirigeant du réseau social s'est amusé à repenser tout le système de "vérification". Ainsi, depuis le 20 avril 2023, seuls les abonnés à l'offre payante Twitter Blue (8$/mois) peuvent obtenir la petite coche bleue.
Plusieurs centaines de milliers de comptes certifiés ont donc perdu leur moyen d'être authentifié, ne laissant qu'une option : payer. C'est le choix qu'a fait le journaliste Hugo Clément, une décision motivée dans des messages partagés sur la plateforme. "Perso, j'ai payé pour une raison principale : pouvoir tweeter des texter sans limite de caractères et des vidéos sans limite de durée. Et aussi, dans une moindre mesure, pour ne pas avoir de faux comptes à mon nom certifiés, quand le 'vrai' ne le serait plus". Face aux critiques, il rappelle que c'est "(lui) qui paye", donc "(il) ne voit pas le souci".
Faut-il, ou pas, s'abonner ? La question fait largement débat au sein de la profession. Le premier argument en défaveur est l'absence de légitimité qu'offre la petite marque. Si auparavant elle était le symbole d'une vérification établie par les services de Twitter, désormais, il s'agit simplement d'une preuve de paiement. Un raisonnement mis en lumière par le journaliste de France Télévisions Julien Pain, particulièrement actif sur le service.
"Payer pour Twitter blue n'est pas envisageable pour moi. Ça n'est pas un badge de certification. C'est juste la preuve que vous versez de l'argent à Twitter. Et regardez qui s'est jeté sur ce badge depuis sa sortie. Tous les comptes que nous suivons car ils propagent de la désinformation, du trolling ou de la haine. Twitter blue c'est ça et je ne veux pas en faire partie", expliquait-il dans un message fin mars.
Contrairement aux plans d'Elon Musk, le petit badge bleu n'est donc plus vraiment un produit désirable. Des campagnes de blocage des comptes abonnés sont d'ailleurs lancées par les utilisateurs. Mais le nouveau patron a encore compliqué l'équation en attribuant à certaines personnalités une coche alors qu'ils ne payent pas. C'est par exemple le cas de l'auteur Stephen King, qui s'en est surpris : "Mon compte Twitter indique que je me suis abonné à Twitter Blue. Ce n'est pas le cas. Mon compte Twitter indique que j'ai donné un numéro de téléphone. Ce n'est pas le cas."
D'autres personnalités comme William Shatner ou Lebron James ont aussi récupéré le badge... Mais aussi Lena Situations, de ses aveux. Selon le milliardaire, il payerait de ses propres deniers ces abonnements à Blue. Au final, selon des données mises en avant par la presse américaine, seulement 28 personnes se seraient laissé convaincre de s'abonner après avoir perdu leur badge. Twitter comptait sur cette nouvelle source de revenus pour compenser l'effondrement des recettes publicitaires, cela semble compromis.