Didier Quillot, invité exceptionnel de puremedias.com ! Lundi 4 juin, le patron de la Ligue de football professionnel (LFP) a accepté de nous recevoir dans son bureau du 16e arrondissement de Paris, afin de décrypter en vidéo l'appel d'offres historique qu'il a personnellement organisé le 29 mai dernier. Le résultat, valable pour la période 2020-2024, risque de durablement rabattre les cartes du marché des droits du foot en France. Avec un prix record de 1,15 milliard d'euros par an, l'appel d'offres a été marqué par l'entrée fracassante de l'opérateur sino-espagnol Mediapro sur le marché, avec l'acquisition de 8 matchs sur 10 par journée de Ligue 1. Si beIN Sports est parvenu à sauver les meubles avec un lot, Canal+, diffuseur depuis 34 ans de la compétition, est reparti les mains vides d'une bataille à laquelle SFR n'a pas participé, contrairement à Free.
Dans cette première partie de l'interview - qui en comptera quatre-, Didier Quillot revient sur Mediapro, le grand gagnant de cet appel d'offres, dont l'arrivée interroge de nombreux observateurs. Didier Quillot a tout d'abord expliqué que cette irruption de Mediapro sur le marché français était tout sauf une surprise et que la décision de Mediapro de se positionner avait été mûrement réfléchie. Le président de la LFP a ainsi raconté avoir rencontré Jaume Roures pour la première fois "il y a dix-huit mois". Une première rencontre "informelle", suivie, ces trois derniers mois, par plusieurs réunions avec la LFP afin de préparer l'appel d'offres, "comme il y en a eues avec tous les acteurs", tient à préciser Didier Quillot.
Selon ce dernier, Canal+ ne pouvait ainsi pas ignorer l'intérêt de Mediapro pour la Ligue 1. "Nous avons informé les acteurs, en particulier Canal+, de notre décision d'ouvrir à la sous-licence (possibilité de revendre un lot acquis à un autre acteur après la fin de l'appel d'offres, ndlr). Nous avons dit que la sous-licence permettrait deux choses. Premièrement, pour les acteurs historiques comme Canal et beIN, de pouvoir bidder (miser, ndlr) sur plusieurs lots, quitte à vouloir les sous-licencier ensuite (...). Deuxièmement, que cela permettrait de faire venir de nouveaux acteurs comme Infront, IMG et Mediapro. J'avais cité les trois noms. Personne ne peut donc être surpris de ce qu'il s'est passé. Après, c'est surtout Mediapro qui a travaillé très discrètement", a estimé Didier Quillot.
Concernant Mediapro, Didier Quillot estime que cet opérateur "n'est pas une agence". "C'est un opérateur de télévision, c'est un producteur, un éditeur de chaînes. C'est lui qui produit et édite la chaîne avec la Liga espagnol, avec beIN", a tenu à rappeler le patron de la LFP. Au sujet du projet éditorial de Mediapro qui a annoncé son intention de lancer une chaîne en France, Didier Quillot a révélé que Mediaparo avait fourni "une offre qualitative de grande qualité". "Ils nous ont donné un projet de chaîne avec un retroplanning. Ils nous ont donné des choses qui paraissaient extrêmement sensées. Bien sûr que la note qualitative de Canal+ était bien supérieure parce qu'il y a l'expérience Canal+ depuis 34 ans (...) Mais pour autant, il y a une vraie offre qualitative avec un projet de chaîne, une grille éditoriale qui, je le rappelle, est basée sur plusieurs actifs, au sens éditorial du terme. Pas seulement la Ligue 1", a expliqué Didier Quillot.
Sur le modèle économique de la future chaîne Mediapro, Didier Quillot a repris les propos de Jaume Roures tenus devant la presse, évoquant une hyperdistribution de la chaîne Mediapro via les FAI, Canalsat, et une chaîne en OTT. "Ce sera à eux de déterminer leur stratégie de distribution. C'est à partir des accords qu'ils auront avec les distributeurs, qu'ils détermineront, j'imagine, le pricing (la fixation du prix, ndlr) de leur offre. Ils ont dit clairement qu'ils voulaient s'intéresser pas seulement à la Ligue 1 mais aussi à d'autres compétitions du foot français. Je pense à la Ligue 2, à la Coupe de la Ligue. Je pense qu'ils vont 'nourrir' leur chaîne avec d'autres produits, pas seulement la Ligue 1. Et ensuite, si la chaîne est bien foutue, elle rencontrera son public", a estimé Didier Quillot. puremedias.com vous propose de découvrir un deuxième extrait vidéo de cette interview.
A REVOIR : Didier Quillot - P1 : "On n'a pas compris la stratégie d'enchères de Canal+".