Son nom a fait trembler le football tricolore hier soir. MediaPro, acteur inconnu sur le marché français des droits de la Ligue 1, a décroché à la surprise générale - et au grand dam de Canal+, diffuseur historique de la compétition - trois des quatre lots les plus prestigieux mis aux enchères par la Ligue de football professionnel pour la période 2020/2024, notamment le match du dimanche à 21h et le multiplex du dimanche après-midi. A partir de 2020, grâce aux cinq lots ayant trouvé preneurs, chaque saison de Ligue 1 rapportera donc 1,153 milliard d'euros à la LFP, un montant historique.
Ce matin, tout le monde s'interroge : qui se cache derrière l'agence espagnole MediaPro ? Comme le rapporte le quotidien économique "Les Echos", MediaPro, créée en 1994 et dont le siège se trouve à Barcelone, est d'abord le diffuseur historique de la Liga, le championnat de football espagnol. Ses activités sont principalement centrées autour du cinéma, de la production et des droits télévisés. L'agence vient d'être rachetée par un fonds privé chinois, Orient Hontai Capital, pour un milliard d'euros. Outre le marché français, les Espagnols se sont positionnés cette année sur les droits sportifs de la Serie A, le championnat de football italien, dont ils ont là aussi acquis les droits pour les saisons 2018 à 2021 en mettant un peu plus d'un milliard d'euros sur la table.
Une attribution qui a été annulée lundi par la Ligue italienne, faute pour MediaPro d'avoir été capable de verser une garantie bancaire suffisante et ce, à trois mois de la reprise de la compétition. Interrogé ce matin sur Europe 1, Maxime Saada, le président du directoire du groupe Canal+, n'a pas caché son scepticisme quant à la solidité financière du groupe espagnol. Selon lui, MediaPro, qui a promis de créer une chaîne en 2020 pour diffuser les matchs, a investi entre 800 et 850 millions d'euros pour acquérir ces nouveaux droits. "Pour rentabiliser cette somme, il faudrait à peu près 7 millions d'abonnés à 15 euros par mois", a assuré le dirigeant.
Un objectif inatteignable d'après Maxime Saada, qui a cité l'exemple de chaîne qatarie beIN sports, présente sur le marché français depuis six ans avec les droits de la Ligue 1, mais aussi ceux de l'Euro, de la Coupe du monde de football ou encore de la Coupe Davis ou de la Fed Cup pour le tennis. Malgré ces droits sportifs, elle compte à ce jour environ 3,5 millions d'abonnés et peine à être rentable. Le responsable de Canal+ pose donc ouvertement la question de "la survie de MediaPro", si le groupe mise uniquement sur la Ligue 1.