Une heure de grève aura suffi. Les salariés du groupe Bayard, notamment propriétaire du quotidien "La Croix", ont fait plier leur direction. Cette dernière a indiqué, dans un mail envoyé ce lundi 2 décembre 2024, accéder à leurs demandes, en renonçant à des décisions qui ont suscité "crainte de voir les lignes éditoriales modifiées" et "soupçon d’un possible entrisme de l’extrême droite", avaient admis François Morinière, président du directoire du groupe Bayard, et Dominique Greiner, directeur général du groupe dans "La Croix" le 28 novembre.
"Dans un souci d'apaisement et d'unité", le directoire du groupe de presse et d'édition a d'abord fait savoir qu'il revendrait ses parts dans l'École supérieure de journalisme (ESJ) de Paris. La décision doit être entérinée lors du Conseil de surveillance de ce mercredi. Le 15 novembre, pour rappel, la plus ancienne école de journalisme au monde – qui n'est pas reconnue par la profession à la différence de l'ESJ Lille – avait été rachetée par un groupe d’investisseurs marqués à droite, dont le milliardaire conservateur Vincent Bolloré.
Bayard a renoncé, en outre, à la nomination d'Alban du Rostu comme directeur de la stratégie et du développement du groupe, poste nouvellement créé. "Nous convenons d'un commun accord de ne pas procéder à son embauche pour mettre fin à la campagne injuste dont il était victime", ajoute Bayard. Ce dernier est un ancien collaborateur de Pierre-Édouard Stérin, milliardaire catholique conservateur qui a échoué cette année à racheter l'hebdomadaire "Marianne".
À LIRE AUSSI : Rachat de "Marianne" : Les journalistes de l'hebdomadaire dirigé par Natacha Polony réclament "l'arrêt immédiat des négociations avec Jean-Martial Lefranc"
"On ne veut pas de l'extrême droite à Bayard", c'est "un refus viscéral", avait déclaré à l'AFP une source syndicale, en pointant "le parcours" d'Alban du Rostu, "l'un des artisans du projet Périclès (plan visant à faire gagner les droites extrêmes, ndlr) de Pierre-Édouard Stérin", selon des documents révélés par "L'Humanité". S'il se défendait de faire partie de ce projet-là, Alban du Rostu dirigeait jusqu'en juillet le Fonds du bien commun, organisation philanthropique financée par Pierre-Édouard Stérin.
Après une heure de grève le 28 novembre, les syndicats de Bayard (CFDT, CFTC, CFE-CGC-CSN, CGT, SNJ) préparaient une mobilisation pour ce jeudi 5 décembre. Dans un communiqué, l'intersyndicale a salué aussitôt "une très belle victoire pour un très beau combat qui a souligné le degré d'engagement des salariés autour des valeurs socles de Bayard".