Quelques jours après avoir échoué à attribuer les droits de diffusion 2014-2018 de Roland Garros, la Fédération française de tennis (FFT) a voulu envoyer un signal fort à France Télévisions par le biais d'une interview accordée aujourd'hui au Figaro par son directeur général, Gilbert Ysern. Le responsable de la FFT y critique sans détour le faible prix proposé par le groupe public pour l'acquisition de l'ensemble du tournoi. "Je ne comprends pas son offre et son message désobligeant 'Je veux tout pour pas cher'" a taclé Gilbert Ysern.
"Les dirigeants de la chaîne ont toujours affirmé qu'ils voulaient garder Roland Garros mais qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour payer l'intégralité du tournoi. Je regrette que notre diffuseur ne joue pas le jeu" s'est plaint le DG. Et ce derner de menacer : " S'il n'est plus intéressé par notre tournoi, nous en tirerons les conséquences". Gilbert Ysern a même menacé France Télévisions d'un passage intégral de Roland Garros sur le payant. "La Fédération veut que Roland Garros soit diffusé sur des chaînes gratuites", a-t-il réaffirmé dans un premier temps. "Mais les diffuseurs gratuits le souhaitent-ils et à des conditions satisfaisantes ? Aujourd'hui ce n'est pas le cas" a tranché Gilbert Ysern.
Rappelons que France Télévisions a répondu à l'appel d'offres en proposant un prix pour l'intégralité du tournoi inférieur à celui versé actuellement (15,5 millions d'euros par an). La FFT avait pourtant imaginé un système de lots, dont le premier était destiné au service public et contenait les principales rencontres du tournoi.
Un deuxième lot, plus rémunérateur et comprenant l'intégralité des matches, était quant à lui censé séduire un opérateur payant comme beIN Sport ou Canal+. Mais aucun des deux lots n'a finalement trouvé preneur. France Télévisions a fait une offre globale et, du côté des chaînes payantes, seule Eurosport (groupe TF1) a postulé avec une offre jugée "très loin du prix de réserve" par la FFT.
Avec cette stratégie de lots, la FFT espérait pourtant concilier deux objectifs concurrents. Tout d'abord, tirer plus d'argent de la vente des droits TV pour financer le projet d'extension de Roland Garros. Préserver, ensuite, la visibilité du tournoi en continuant de le diffuser en gratuit malgré un diffuseur public aux moyens plus limités qu'avant. Cette stratégie a pour l'instant échoué, ne satisfaisant aucun des principaux acteurs.
Bloquée, la FFT doit repartir de zéro dans les négociations. Gilbert Ysern a ainsi annoncé qu'il allait de nouveau rencontrer les potentiels intéressés dans les semaines à venir. "Je ne crois pas un seul instant que Roland Garros ne les intéresse pas. Personne ne peut dire 'Roland-Garros ne m'intéresse pas'" veut croire le directeur général de la FFT.