Rentrée en dents de scie pour France Bleu. Le réseau local de Radio France recule de 3,5% sur un an à 3,76 millions de paires d'oreilles, réalisant sa plus faible rentrée depuis cinq ans. En revanche, la tendance est à la hausse par rapport à la vague avril/juin 2016. Alors que France Bleu a mis l'accent sur ses programmes locaux, elle peut se targuer d'avoir récupéré près de 380.000 auditeurs sur une vague. Une dynamique potentiellement prometteuse qu'Eric Revel, tout nouveau patron de France Bleu (nommé le 7 novembre dernier), commente pour puremedias.com.
Propos recueillis par Pierre Dezeraud.
France Bleu recule fortement sur un an. Quel enseignement en tirez-vous alors que vous venez à peine d'être nommé à votre poste ?
C'est vrai, on constate une érosion par rapport à la rentrée 2015. Ce n'est pas vraiment une surprise, on s'y attendait. Des réajustements ont été faits dans la grille depuis, notamment un renforcement des programmes locaux, et je note que le réseau France Bleu enregistre une progression intéressante de 0,7 point par rapport à la vague avril/juin 2016.
Quelles sont vos pistes de réflexion pour renforcer cette dynamique de progression ?
Je vais très attentivement analyser ces résultats et rencontrer un maximum de personnes sur le terrain avant d'élaborer ces pistes. Vous avez noté que je ne suis en poste que depuis une quinzaine de jours, il est donc bien trop tôt pour que je puisse trancher des décisions. Pour l'heure, je préfère assimiler un maximum d'éléments sur la situation de France Bleu. Dans tous les cas, je suivrai la feuille de route qui m'a été confiée par Mathieu Gallet.
Mais vous avez bien une idée sur la façon dont France Bleu peut faire la différence ?
Un réseau comme celui de France Bleu, avec 44 locales, est un cas unique en France. Et seul un réseau de radio de proximité comme celui de France Bleu peut permettre de solidifier le lien social dont la société française a particulièrement besoin aujourd'hui. Je pense qu'avoir la possibilité, via ce réseau, d'entretenir et de renforcer ce lien social, c'est une belle mission de service public et c'est un socle sur lequel je veux absolument travailler.
France Bleu est la seule antenne de Radio France à afficher une baisse sur un an. De facto, elle est toujours la priorité de Radio France ?
Je ne sais pas si on peut parler de priorité mais je ressens un réel appui de la part de la présidence de Radio France pour ce beau réseau. C'est peut-être parce que l'idée de lien social dont je parlais est aussi très présente dans leur tête. J'ai la conviction que l'information de proximité entre un auditeur et un journaliste est une information primordiale parce qu'il n'y a pas de déperdition entre l'émetteur et le récepteur. Je crois profondément en la force de cette information de proximité. C'est toute la force de France Bleu et c'est une valeur assez précieuse, surtout en cette période de défiance envers les grands médias nationaux.
Vous avez participé à la fondation de Nostalgie, vous êtes un ancien de LCI. La greffe sur le service public s'est bien passée ?
Parfaitement ! Et je tiens d'ailleurs à souligner l'excellent accueil qui m'a été réservé. C'est vrai que cela aurait pu ne pas être évident pour tout le monde d'accueillir un homme qui vient du privé à la tête du réseau France Bleu mais je n'ai ressenti aucune animosité. Bien au contraire ! J'ai aussi beaucoup de plaisir à retrouver des visages familiers que j'ai connus à l'époque de Nostalgie.
Ces derniers mois, de nombreuses tensions sociales ont agité le réseau France Bleu. Vous avez conscience des attentes des salariés ?
Oui, mais comme je vous l'ai dit, je suis encore en train de prendre mes marques. France Bleu est un remarquable réseau avec des identités locales avec lesquelles il faut composer avant de prendre toute décision. Après, je comprends qu'il y ait une attente parce que France Bleu sort d'une période particulièrement difficile, voire même douloureuse. J'ai d'ailleurs une pensée particulière pour Philippe Chaffanjon, que j'ai eu la chance de bien connaître. Je veux aussi dire aux salariés que j'ai conscience qu'ils se posent des questions - légitimes, par ailleurs - et qu'il faudra y répondre assez rapidement.