puremedias.com au rythme de Moscou. A l'occasion de la Coupe du monde de football qui se tiendra en Russie du 14 juin au 15 juillet, les personnalités de l'univers du ballon rond se confient pendant un mois pour parler du mythique tournoi de football et de leurs actualités à la télévision ou à la radio. Ainsi, Estelle Denis, présentatrice de "L'Equipe d'Estelle" sur la chaîne L'Equipe a répondu à notre sollicitation.
Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 22 mai.
puremedias.com : Quel est votre meilleur souvenir d'une Coupe du monde ?
Estelle Denis : 1986 ! Le quart de finale entre la France et le Brésil. Je n'avais pas la télé. Mon père avait décidé d'acheter une télé pour l'occasion, mais il n'a jamais réussi à la régler. On est allé voir ça chez des voisins. C'était extraordinaire, car lors de la séance des tirs au but, il y avait pas mal de voisins, on était une dizaine de personnes. Les mecs hurlaient. Certains étaient à genoux en priant devant la télé. Je n'avais jamais vu un truc pareil. Je me suis rendu compte de tout ce que le foot pouvait engendrer comme passion. C'était une soirée exceptionnelle. C'est mon premier vrai grand souvenir de Coupe du monde.
"Ca faisait deux ans que je le voyais dire à la maison qu'il serait champion du monde et qu'il n'en doutait pas un instant"
Quel est le plus mauvais souvenir ?
La finale de 2006. Aussi pour des raisons personnelles. Mon compagnon était sélectionneur. Ca faisait deux ans que je le voyais dire à la maison qu'il serait champion du monde et qu'il n'en doutait pas un instant. J'en étais sûre aussi. Ca a été une immense déception. Le parcours était beau. La France avait éliminé l'Espagne, le Brésil, le Portugal et, tout d'un coup, ça se joue à rien.
Quel joueur a marqué ce début de siècle ?
C'est dur. Tu as envie de dire Ronaldo et Messi, mais c'est la Coupe du monde qui compte. Et ils n'ont jamais été champions du monde. C'est très compliqué. Je ne sais pas.
Qui sera la surprise pour cette Coupe du monde en Russie ?
Je dirais la France ou la Belgique. Une surprise pour moi, c'est le dernier carré. Sur le papier, la France est évidemment moins forte que le Brésil, l'Espagne et l'Allemagne. Derrière, il va rester une petite place. Est-ce que c'est la France ? Est-ce que c'est la Belgique ? J'adore l'Angleterre, mais ils me déçoivent à chaque compétition. J'espère aussi que les Islandais vont faire un petit truc, mais ils sont dans un groupe tellement difficile.
Les Bleus peuvent-ils aller jusqu'au bout ?
J'espère. Mais le coeur prend le pas sur la raison dans mes paris sur la Coupe du monde. Je pense que c'est moins fort que le Brésil, l'Espagne et l'Allemagne. C'est une équipe qui est extrêmement jeune. Il faut voir si on arrive à en faire une force. Il faut que cette jeunesse se transforme en folie sur le terrain et en insouciance. Peut-être que tous ces petits jeunes vont être inhibés par l'événement. Une Coupe du monde, c'est différent de tout. C'est plus haut que la Ligue des champions. On a beaucoup de joueurs qui ne connaissent pas ces compétitions internationales.
"Une Coupe du monde, il y a de la passion, mais il faut qu'on s'amuse, que ça vive, qu'il se passe plein de choses"
Comment abordez-vous cette Coupe du monde sur la chaîne L'Equipe ?
Avec enthousiasme. Ce sont toujours des moments extraordinaires. On est au taquet de 8h du matin à minuit. Il y a des matchs de partout ! On n'a pas le temps de réfléchir. Tout se fait à la fois à l'arrache et à la fois dans la facilité. On bosse dix fois plus que d'habitude. Mais ce qui compte, c'est la matière, c'est le match qui vient de se terminer, c'est celui qui va suivre. On est toujours dans l'action. Ca, c'est incroyable. Il n'y aura pas la réflexion qu'on a dans une émission classique : "On va parler de quoi aujourd'hui ?", la hiérarchie des sujets... Ce qui compte, ce sont les résultats, la passion, l'émotion d'un match. On fait ce métier pour ça.
Quelle sera la promesse de "L'Equipe d'Estelle" pendant la compétition ?
Avoir toutes les infos sur les matchs qui vont se dérouler et sur les matchs qui se sont déroulés. Puis, des débats à la sauce de "L'Equipe d'Estelle", avec de l'info, de l'analyse et pas mal de mauvaise foi. On va se marrer quand même. Une Coupe du monde, c'est de la passion, mais il faut qu'on s'amuse, que ça vive, qu'il se passe plein de choses.
Qui retrouvera-t-on autour de vous ?
Toute l'équipe habituelle, avec nos consultants phare qui sont Jérôme Alonzo, qui nous rejoint pour cet été, Vikash Dhorasso, Raymond Domenech et Olivier Rouyer.
"J'ai l'impression que ça fait 10 ans que je suis là. Je suis contente d'aller au boulot le matin"
Quel bilan tirez-vous de votre première saison sur L'Equipe ?
Super bilan ! C'est au-dessus de ce qu'on s'était fixé. C'est toujours agréable. Puis, super bilan perso, parce que j'ai rencontré des gens super ! Je me sens bien. J'ai l'impression que ça fait 10 ans que je suis là. Je suis contente d'aller au boulot le matin. Il y a encore plein de choses à créer, on peut encore innover sur plein de choses. On ne reste pas encroûté sur ce qu'on fait. On essaye tout le temps de créer des nouveaux trucs. C'est hyper agréable.
Quelles sont les difficultés lorsqu'on est animatrice de débat dans le football ?
Les faire taire parfois. Mais nous, on a le banc des remplaçants. Quand ils sont trop dissipés, je les envoie sur le banc. Et là, comme c'est le Giro, on a mis un vélo près du banc. Ils savent qu'ils vont devoir faire un petit peu d'exercice et ça en dissuade certains.
La saison de Ligue 1 a été très agitée. De votre place de présentatrice, quel a été le moment le plus marquant ?
Il y en a eu plein ! Le match nul 2-2 entre Marseille et Paris était fantastique. Il y a eu le derby Saint-Etienne/Lyon, avec Nabil Fekir qui montre son maillot. Il s'est passé énormément de choses. C'est difficile de retenir un moment, un match.
Cette saison, vous avez reçu pas mal d'invités dans votre émission. C'est important pour vous de confronter ces personnalités du sport à vos chroniqueurs ?
Oui. On essaye d'en avoir un maximum. Après, je ne vais pas me dire : "Tiens, le mardi, il faut qu'on ait un invité". Je préfère qu'on invite les gens qu'on a envie d'inviter, quand l'occasion se présente. Teddy Riner est venu plusieurs fois. C'était très rigolo. On avait fait avec lui un débat sur "Teddy Riner est-il le plus grand sportif français de tous les temps ?". Il y en avait un qui avait dit non ! C'était marrant. C'est hyper agréable d'avoir des personnalités du monde du sport dans l'émission. Il y en a beaucoup qui aiment le foot et apprécient participer aux débats. On a eu Bernard Lama pour le Paris-Saint-Germain, Djibril Cissé, Marinette Pichon. On adore avoir des invités sur une heure ou deux heures.
"Je vais essayer d'avoir François Hollande maintenant"
Pour la 100e, vous aviez reçu Jean-Michel Aulas, le président de l'Olympique Lyonnais. C'était un sacré coup. On le voit très peu sur les plateaux de télévision.
C'était formidable. On était hyper content. Ca faisait un petit moment que je lui demandais. Il avait accepté de venir pour la 100e. Lui, il a eu quelques difficultés car il avait tenu des propos qui étaient très rigolos mais que certains ont pris au sérieux. Derrière, lui, ça a été compliqué. Pourtant, sur le plateau, il était très détendu, heureux d'être là. On avait envie d'avoir une vraie personnalité du monde du football avec nous pour la 100e.
Lors de notre précédente interview en septembre dernier, vous aviez confié que vous rêviez d'accueillir Nicolas Sarkozy. Il est venu sur la chaîne L'Equipe... mais dans "L'Equipe du soir" !
C'est un fan de "L'Equipe du soir" ! Mais je crois que je vous avais dit aussi François Hollande.
Oui, c'est exact !
Je vais plutôt essayer François Hollande maintenant (rires). Emmanuel Macron, ce serait aussi pas mal ! Il est fan de l'OM. Il aime le sport. Mais à mon avis, il a d'autres choses à faire.
Les audiences de l'émission se portent plutôt bien. Le 8 mai dernier, "L'Equipe d'Estelle" a été suivie par 314.000 téléspectateurs, l'une de ses meilleures audiences de la saison. Sur le long terme, pensez-vous pouvoir un jour atteindre la barre symbolique des 500.000 ?
Oh là ! On a dû faire peut-être 300.000 cinq fois dans l'année. Le prochain challenge, c'est de rester au-dessus de 200.000. On y est déjà mais il faut qu'on se stabilise. Après, on va grappiller petit à petit. 500.000, c'est quand même haut. On est une émission de deux heures. 500.000, entre 17h45 et 19h45, c'est compliqué. 17h45, c'est pénalisant. On fait toujours plus de téléspectateurs à 19h. On a uniquement fait un pic à 500.000 sur le ballon d'or le 7 décembre. Laissons l'émission s'installer.
"La radio, c'est quelque chose qui m'intéresse vraiment"
"L'Equipe d'Estelle" a vocation à évoluer à la rentrée ?
Toujours ! Une quotidienne a toujours vocation à évoluer. C'est quand même le type d'émission le plus facile à faire évoluer parce que, justement, vous pouvez la faire évoluer le mardi, voir ce que ça donne sur une semaine. Si ça ne marche pas, ce n'est pas grave. La semaine d'après, vous tentez autre chose. Le fait d'être en quotidienne et en direct, pour évoluer, il n'y a pas mieux.
Aura-t-on des nouvelles recrues à la rentrée ?
Pour l'instant, je n'ai pas de noms à vous donner. Quand on reçoit des invités, on est assez attentif à leur manière de se comporter en plateau. On voit ensuite s'il y a des opportunités. C'est ce que j'ai fait avec Vikash. J'avais très envie de l'avoir depuis le début de la saison. J'ai attendu qu'il sorte son bouquin et qu'il vienne sur le plateau pendant deux heures. Il s'est éclaté. Nous aussi. Souvent, j'invite pour voir et après, on discute.
Sur la chaîne L'Equipe, vous aimeriez faire d'autres émissions que "L'Equipe d'Estelle" ?
Pour l'instant, ça me va largement. Je suis très contente. On a fait un prime sur la liste des Bleus. C'était très sympa à faire. Pourquoi pas renouveler cette expérience l'an prochain.
Avez-vous été contactée par d'autres chaînes pour la rentrée ?
C'est le mercato ! Mais aujourd'hui, je vous dis non. A l'instant T, je suis toujours à L'Equipe. Je suis très bien où je suis.
Vous avez fait aussi un peu de radio cette saison en participant au "Multiplex" avec Christian Ollivier sur RTL. Comment s'est passée cette expérience ?
C'était super. J'ai adoré. Je l'avais fait il y a très longtemps. Moi, j'adore la radio. J'en avais fait aussi avec Cyril Hanouna sur Europe 1. C'est vraiment un média que j'adore. Après, quand on a une quotidienne, c'est toujours compliqué.
Vous n'êtes pas tentée de prendre en main une émission radio à la rentrée ?
C'est quelque chose qui m'intéresse vraiment, la radio. Mais quand on est en quotidienne, en direct, deux heures, c'est compliqué de caser un espace. Moi, je suis rédactrice en chef de mon émission. Je suis aussi là pour les conférences de rédaction. Mais la radio, oui, c'est un truc que j'adorerais.