Le sport, un nouvel axe fort du groupe. A quelques semaines de l'Euro 2024 qui se déroulera en Allemagne du 14 juin au 14 juillet, M6 dévoile son dispositif pour la couverture de la compétition, qu'elle co-diffuse en clair avec le groupe TF1. La chaîne aura en plus la chance de proposer la finale du tournoi. Une affiche majeure qui permettra à la Six de signer de bons scores d'audience.
L'Euro s'inscrit dans la stratégie du groupe concernant le sport puisque M6 multiplie les programmes sportifs sur ses antennes et sa plateforme, comme l'acquisition des droits des Coupes du monde 2026 et 2030, les droits de l'équipe de France féminine hors compétition, la finale de Ligue des champions à partir de 2025, mais aussi le MMA et le football américaine avec la NFL. Pour en parler, Frédéric de Vincelles, directeur général des programmes en charge des plateformes et du sport, s'est confié auprès de puremedias.com.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Quel sera le dispositif de M6 pour la couverture de l'Euro de football ?
Frédéric de Vincelles : Nous diffusons 13 des 25 affiches proposées en gratuit, dont la finale. Nous partageons les matchs en clair avec TF1. Sur place, pour commenter les matchs, nous aurons Xavier Domergue, la voix du football sur M6 depuis 2020. Nous avons fait revenir à la maison Christophe Dugarry. Il a démarré sa carrière de consultant dans le groupe M6 en 2006. Il est depuis considéré par beaucoup comme le meilleur consultant. Il revient à ses premiers amours pour commenter avec Xavier les matchs. Carine Galli complète l'équipe sur place et sera présente en bord de terrain pour faire vivre les coulisses.
"Djibril Cissé sera présent dans des épisodes inédits de 'Scènes de ménages'"
Et pour les magazines ?
Il y aura une émission d'avant-match, "100% Euro l'avant-match", et un magazine d'après-match, "100% Euro". Le dispositif est upgradé puisque pour la première fois, le magazine sera en public, dans les studios de RTL. Nous avons fait venir Smaïl Bouabdellah, connu des téléspectateurs de beIN et Amazon. Il viendra présenter les 12 ou 13 magazines que nous ferons. Le nombre dépendra de savoir si nous avons un match à 18h après les phases de poule. Dans ce cas, il n'y aura pas de magazine post-match. Ce magazine se veut assez divertissant, c'est pour cela que nous avons recruté Smail qui ajoutera à sa connaissance encyclopédique du foot une véritable chaleur, une énergie positive. Nous aurons une rubrique, "Le VAR" dans lequel de jeunes comiques vont se relayer dans ce rôle de chroniqueur, comme les arbitres qui se relaient dans les cabines de VAR, pour commenter les coulisses et faire des blagues sur l'émission. Le foot sera plus largement présent pendant toute la durée de la compétition sur nos antennes avec par exemple la diffusion d'un documentaire exclusif sur Mbappé produit par nos équipes et des épisodes de "Scènes de ménages" inédits avec Djibril Cissé !
Qui seront les autres consultants ?
Nous aurons également Laurie Samama (Amazon) avec qui nous travaillons déjà pour l'Europa League. Elle va donner toutes les dernières infos autour de la compétition, les choses à savoir sur les affiches à venir, les statistiques. Et il y aura un invité people, fan de foot, présent pour chaque émission.
"Il y aura tous les meilleurs moments des matchs qui seront disponibles sur la plateforme m6+, y compris les matchs des autres diffuseurs"
Quel sera l'apport de M6+ dans la couverture de la compétition ?
Nous avons développé une application appelée "Fan Experience" qui est un élément vraiment innovant dans notre nouveau dispositif M6+. Cette application permet, tout en regardant les matchs en live sur M6+, de faire apparaître un certain nombre de statistiques pour mieux appréhender le match. Puis, il y aura tous les meilleurs moments des matchs qui seront disponibles sur la plateforme, y compris les matchs des autres diffuseurs, qui seront visibles en "highlight" dès le lendemain du match à 12h. Et il y aura bien évidemment un dispositif de communication digitale avec des vidéos produites sur place et la publication d'extraits sur les réseaux sociaux. C'est un dispositif plus ambitieux que jamais.
La finale aura lieu le 14 juillet 2024, jour de fête nationale. Si les Bleus y sont, ce sera une journée spéciale sur M6 ?
Oui, c'est sûr. Nous prendrons l'antenne en direct beaucoup plus tôt pour ne rien rater de cet événement. Nous délocaliserons sûrement notre JT sur place. Il y aura un décompte toute la journée à l'antenne. C'est tout le mal que l'on se souhaite que de devoir mettre en place un tel dispositif.
"Nous ne fermons pas la porte à une sous-licence de la Coupe du monde à TF1"
Il y a quelques semaines, M6 a annoncé avoir acquis les droits des Coupes du monde 2026 et 2030. Y avez-vous vraiment cru ? Le groupe TF1 est pourtant l'habituel diffuseur de la compétition.
Nous y avons cru parce que nous avions à coeur d'obtenir ces droits. Nous avions fait savoir très tôt à la Fifa et à TF1 que nous voulions co-diffuser ces Coupes du monde. Nous avons échangé avec TF1 pour trouver un terrain d'entente pour faire une co-diffusion sachant que dorénavant les Coupes du monde comptent 104 matchs alors qu'avant il n'y en avait que 64 auparavant. Il y avait une couverture plus large à mettre en place. Finalement, TF1 a décidé d'y aller tout seul. M6 y est donc allé tout seul aussi. Nous sommes très satisfaits d'avoir été retenus. Cela montre l'ambition que nous avons pour M6, celle d'une chaîne qui a un statut fort, une chaîne qui propose sur son antenne les plus grands événements sportifs. Et ce d'autant plus que le sport, avec l'information, sont deux genres qui résistent extrêmement bien à la diminution de la durée d'écoute, voire même, pour le sport, qui progresse. Nous l'avons vu sur le Tour de France ou Roland Garros. Ce genre fait de meilleures audiences qu'il y a 10 ans. De plus, c'est bon pour le streaming. Ça permet d'attirer des nouveaux utilisateurs qui viennent consommer les matchs à travers la plateforme M6+. C'est extrêmement vertueux.
Fermez-vous la porte à une éventuelle sous-licence d'une partie des matchs à TF1 ?
Nous ne fermons pas la porte, mais nous sommes parfaitement capables de tout diffuser aussi. Nous avons toutefois déjà eu des marques d'intérêt pour des sous-licences. Nous avons encore le temps. C'est en 2026. Tous les cas de figure nous vont.
"Nous serions très heureux que Canal+ accepte de sous-licencier des matchs d'Europa League"
En revanche, allez-vous essayer de négocier une sous-licence la saison prochaine avec Canal+ pour des matchs de l'Europa League ? Pour rappel, vous diffusiez la compétition cette saison sur vos antennes.
Nous sommes très satisfaits de cette saison qui se terminera sur W9 les 22 et 29 mai avec les finales d'Europa League et d'Europa Conference. Nous serions très heureux que Canal+ accepte de sous-licencier des matchs d'Europa League. Une fois de plus, nous avons fait de très belles audiences avec l'Europa League. Nous avons eu beaucoup de chance d'accompagner Marseille jusqu'en demi-finale. Nous avons eu trois années de contrat qui se sont très bien passées. C'est une très belle offre pour W9 avec 16 soirées dans l'année. Mais ça ne reste que 16 soirées sur un an. Si nous devons ne plus avoir les droits de l'Europa League, nous saurons remplacer ces 16 soirées par des programmes efficaces et nous aurons un peu d'argent pour financer ces soirées...
En 2025, vous diffuserez la finale de la Ligue des champions. Est-ce que M6 va être supporter du Paris Saint-Germain pour imaginer un possible record d'audience ?
Je vais vous donner un scoop. (rires) Depuis le mardi 7 mai, à 23h30, (soir de l'élimination de PSG face à Dortmund en Ligue des champions, ndlr), je suis devenu le plus fervent supporter du Paris Saint-Germain. Je vais les supporter en toutes occasions pour qu'ils aillent le plus loin possible en Ligue des champions et qu'enfin ils accèdent à cette finale - hors Covid -. J'espère que nous aurons la chance de les diffuser dans les trois ans de contrat qui arrivent. Oui, tous derrière les Bleus pour l'Euro et tous derrière le Paris Saint-Germain et les autres équipes françaises qualifiées pour la Ligue des champions !
"Naturellement, nous allons regarder les appels d'offre qui se présentent autour du rugby"
Vous avez aussi récupéré les droits de l'équipe de France féminine, hors compétition, avec une co-diffusion avec France Télévisions. Craignez-vous les départs de Hervé Renard et de certaines cadres des Bleues qui pourraient affecter l'intérêt du public pour cette équipe ?
Nous avons constaté un effet Hervé Renard qui correspondait aussi à la Coupe du monde qui a eu lieu l'été dernier. Il y avait un engouement assez fort. Depuis la Coupe du monde, les audiences ont nettement progressé. Il n'y a aucun match qui est descendu en dessous du million de téléspectateurs. Cela arrivait avant la Coupe du monde. Il y a un cap qui a été franchi. Maintenant, ce qu'il faut, c'est que l'équipe de France féminine réussisse à accrocher un trophée. Elle doit gagner des titres. L'occasion rêvée, ce sont les Jeux olympiques, elles seront portées par le public français. Ce serait fantastique. Ensuite, il faudrait qu'il y ait des joueuses qui émergent un peu plus d'un point de vue médiatique, qu'elles soient un peu plus starifiées, afin de passer un cap en termes de puissance. Le mois dernier, il y a eu Allemagne/France un vendredi soir, diffusé sur France 3 et diffusé en Allemagne sur ZDF. Ça a fait 5,7 millions en Allemagne et 1,3 million sur France 3. Il n'y a pas de raison qu'un tel match ne fasse pas 4 ou 5 millions dans les années qui viennent en France sur M6 ou France Télévisions.
M6 a également diffusé la Coupe du monde de rugby. Allez-vous continuer à investir dans cette discipline ?
Nous avons été très heureux de cette diffusion. Nous avons eu trois duos de commentateurs qui ont été vraiment très bons et salués par tout le monde. M6, primo-accédant au rugby, a réussi en trois mois à monter des équipes crédibles, efficaces et appréciées. Le traitement a été très réussi à la fois dans le commentaire des matchs et dans le magazine. Les audiences ont été au rendez-vous. Nous avons pris goût au rugby. Naturellement, nous allons regarder les appels d'offre qui se présentent autour du rugby.
"Il y a des sports un peu plus confidentiels et qui n'ont pas la puissance pour le linéaire"
Vous détenez d'autres disciplines : la NFL, la MMA... Quelle est la stratégie de M6 par rapport au sport ?
Le groupe M6 marche sur deux jambes : le linéaire et le digital. Il y a des sports premiums qui sont faits pour le linéaire comme l'équipe de France de football masculine et féminine, l'Euro ou l'Europa League. Puis, il y a des sports un peu plus confidentiels et qui n'ont pas la puissance pour le linéaire. Je pense à la NFL ou aux MMA, par exemple. Ce sont des produits formidables à exploiter sur une plateforme de streaming. Il y a des nouveaux utilisateurs qui viennent spécifiquement pour cela sur la plateforme. Nous les identifions, puis nous leur faisons découvrir d'autres programmes sur la plateforme. Dans cet esprit, nous avons diffusé la ligue professionnelle de skateboard. C'est assez original mais c'est assez attendu puisque ça va être aux JO, place de la Concorde. Nous nous sommes dit que ce n'était pas un sport pour W9, mais très bien pour M6+ en direct. Nous sommes dans cette stratégie.
Est-ce aller sur le terrain de la chaîne L'Equipe en visant des sports dont les droits sont moins onéreux ?
Je ne pense pas que le positionnement de L'Equipe soit d'aller sur des sports peu onéreux, ils ont de très beaux droits. Simplement nous nous disons que nous avons une plateforme de streaming qui a vocation à intéresser le plus grand nombre. Le sport fait partie de l'offre. Nous ne voulons pas concurrencer L'Equipe, ils ont une diffusion TNT et c'est leur métier pleinement de monter une antenne 24/24 sur le sport. Toutefois, nous regardons un certain nombre de droits sportifs que nous jugeons intéressants pour notre plateforme.