Deux résolutions sur six affaires présentées. Double "sentiment d'accomplissement" pour "Appel à témoins" sur M6. Quelques jours après les aveux du responsable de la mort de la jeune Tessa, renversée fin 2018 à Saint-Julien-de-Concelles, près de Nantes, l'épisode diffusé le 12 juin 2023 avait permis de retrouver Laura Bohan. L'adolescente, en fugue depuis 50 jours, avait redonné signe de vie après avoir vu l'émission présentée par Julien Courbet. Alors que le programme revient ce mardi 26 septembre, les équipes espèrent renouveler l'exploit.
Pourtant, depuis sa première diffusion le 7 juin 2021, le programme a subi un véritable lifting. Absence de l'antenne durant six mois, départ de Nathalie Renoux, fin de la collaboration avec les forces de l'ordre... À force de se chercher, le programme pourrait bien trouver la bonne recette pour parvenir à maximiser ses chances de résoudre des affaires, parfois enterrées depuis plusieurs années.
"C'est un peu empirique mais on est partis sur la première, puis on l'a revue le lendemain et on s'est dit qu'on pouvait l'améliorer. À chaque nouvelle diffusion, on revoit la formule sans changer le concept qui est de convaincre les gens d''appeler s'ils ont des informations sur certaines affaires. Nos familles sont très demandeuses d'informations. Ce principe-là reste toujours-là", reconnaît Jean-Marie Goix qui produit le programme pour 'C Productions'. .
Si trois mois se sont écoulés entre le dernier numéro de "Appel à témoins" et celui que la Six diffusera ce mardi, les équipes du programme n'ont jamais levé le pied. D'autant que les affaires résolues on fait l'effet d'un appel d'air sur les demandes de participation au programme. "On a laissé le mail de l'émission actif et après la diffusion, une fois qu'il y a eu tous ces rebondissements, il y a eu plein de mails qui disaient : 'S'il vous plaît, aidez-nous, on n'avance pas sur tel dossier, je voudrais retrouver telle personne...'. Evidemment, on n'avait pas ça au début", commente le producteur.
Pour poursuivre sur cette lancée, ce nouvel épisode reviendra sur les deux cas résolus suite à la précédente diffusion. L'objectif de la production est de faire durer le format le plus longtemps possible. Car plus il gagne en notoriété et en audience, plus les appels potentiels reçus durant ou après l'émission sont nombreux. Avec une audience moyenne de 2,00 millions de téléspectateurs lors de la dernière diffusion pour une part d'audience de 12,0% selon Médiamétrie, en coulisses, on veut prouver que le programme sert à quelque chose. "Si on arrive à résoudre des affaires qui ont cinq ou six ans d'âge, déjà on aura un peu fait notre mission. Donc il faut faire savoir que cette émission sert à quelque chose, que ça sert d'appeler notre standard et/ou de nous envoyer un mail." Ainsi forte de ses deux résolutions, Laura Bohan sera présente en plateau ce mardi soir pour expliquer pourquoi elle est rentrée chez elle après avoir vu l'émission.
Si le lancement de l'émission en juin 2021 a permis de recueillir de nouveaux éléments liés à la disparition de Lucas Tronche, le programme n'a pas causé d'autres remous lors des deux diffusions suivantes. Résultat : le programme disparaîtra de la grille de M6 durant plus de six mois. "On essayait de rendre le programme plus efficace, d'avoir des histoires plus fortes", reconnaît Jean-Marie Goix. À son retour, l'émission revoit sa centrale d'appel. Exit Nathalie Renoux, elle est remplacée par Florence de Soultrait pour assurer le lien avec l'endroit où son reçus les appels. Les personnes au bout du fil sont aussi différentes.
Alors que le choix des affaires et la réception des témoignages étaient assurés en collaboration avec le ministère de l'Intérieur, la police et la gendarmerie, la nouvelle mouture du programme prend son indépendance. "On s'est tournés vers l'ARPD pour faire fonctionner cette call room, cela nous a fait gagner en souplesse", souligne le producteur. Composée, entre autres, d'anciens policiers et gendarmes, l'association Assistance et Recherche de Personnes Disparues aide toute l'année des personnes à la recherche d'un proche disparu. Mobilisée autour de l'émission, elle permet aux équipes d'élargir leur spectre. "Je dois dire qu'on a une palette d'affaires plus importante et en même temps on bénéficie du travail de ces enquêteurs bénévoles qui nous aident énormément pour faire les enquêtes des cas qu'on présente".
"Avant on suivait beaucoup les recommandations des policiers et des gendarmes, ils avaient des envies très précises pour qu'on traite certaines de leurs histoires, pas forcément télévisuelles", ajoute-t-il. Mais l'émission n'hésite pas non plus à remettre en question le travail des enquêteurs. Dans l'évocation de l'affaire Tessa, Florence Jouve, la maman de l'adolescente, avait notamment évoqué le sac à main retrouvé tâché à côté du corps de sa fille. L'objet n'avait pas été soumis à des analyses approfondies. "Notre travail n'est pas de tirer à boulets rouges sur le travail passé des enquêteurs, insiste néanmoins le producteur. Notre travail c'est de se tourner vers l'avenir, d'essayer d'être optimiste et de convaincre des gens qui regardent de se mobiliser sur une affaire et d'amener de nouveaux éléments. Nous, notre intérêt c'était que Florence, la maman de Tessa reparte avec la certitude que son affaire va être résolue".
Cold-cases, disparitions inquiétantes, délits de fuite, morts mystérieuses... Aucun scénario n'est exclu à priori par les équipes d'"Appel à témoins". "Il faut qu'il y ait des choses à raconter", insiste Jean-Marie Goix. Par exemple, l'histoire de Tessa c'était un décès après avoir été renversée par un engin agricole. "Quand on fait ce travail d'enquête au départ, on demande aux familles si elles ont une idée, des pistes non-explorées. On sélectionne les affaires quand des pistes n'ont pas été prises en compte. Sur Tessa c'était un peu ça. Le fait de diffuser cette affaire à une heure de grande écoute permet de remobiliser des gens du coin. C'est précisément ce qu'il s'est passé, beaucoup de gens du village où elle vivait nous ont appelé."
Avec cinq à six nouvelles affaires dans l'émission diffusée ce soir, en coulisses, l'optimisme règne. Galvanisée par les précédentes affaires relancées, la production espère aider de nouvelles familles. "Déjà sur les cinq ou six, si on en a deux qui nous offrent une suite, on sera très satisfait", conclut Jean-Marie Goix. Affaire à suivre, donc.