13 saisons, 4 présentateurs, plus de 75 chroniqueurs. Canal+ a officialisé ce midi l'arrêt définitif de la mythique émission de la chaîne cryptée, "Le Grand Journal", dès le 3 mars. Pour puremedias.com, d'anciens visages du programme reviennent sur leur parcours. Parmi les nombreux membres de la famille de l'access de Canal+, Jean-Michel Aphatie (2006-2015), Ariane Massenet (2005-2012), Natacha Polony (2014-2015), Ali Baddou (2005-2011) et Karim Rissouli (2013-2015) ont accepté de répondre à nos questions.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Qu'est-ce que "Le Grand Journal" a représenté pour vous ?
Jean-Michel Aphatie : Un moment important, ça m'a apporté sans doute une grande notoriété. Mais pour vous dire la vérité, je m'en fous un peu. "Le Grand Journal" m'a permis de croiser la route de gens formidables, Michel Denisot, Laurent Bon, Arianne Massenet, Yann Barthès.
Natacha Polony : C'était une expérience professionnelle, mais rien d'autre au niveau de la carrière. Cela a été un moment intéressant, une expérience aussi, parce que c'était la première fois que je faisais une quotidienne. Après, on m'avait fait une garantie de temps que je n'ai pas eue, c'est la raison de mon départ.
Ariane Massenet : Une période de ma vie professionnelle importante. "Le Grand Journal" a été une émission culte, où toutes les stars se sont succédé. J'ai eu l'impression d'être comme une gamine, on vivait un rêve.
Ali Baddou : Une super école ! Je me suis amusé, j'ai beaucoup appris. J'en retiens aujourd'hui ce qu'il en reste, des amitiés.
Karim Rissouli : Une expérience irremplaçable ! Quand on a fait "Le Grand Journal", on peut tout faire après. Sans "Le Grand Journal", je ne serais jamais allé dans "Des paroles et des actes" et "L'Emission politique" ensuite sur France 2. Après, cela n'a pas été facile pour tout le monde, il y a un côté "élimination naturelle", si tu ne sais pas nager, tu coules. Mais je pense qu'il n'y a pas d'équivalent aujourd'hui.
Plus globalement, qu'est-ce que l'émission a apporté à la télévision ?
Jean-Michel Aphatie : L'émission a été le carrefour de toutes les intelligences françaises. C'est ce qui est très fort avec "Le Grand Journal". Mais on a toujours des gens qui ont critiqué cette émission, c'était les bling bling, les bobos, une vaste couillonnade !
Natacha Polony : Une grande émission qui a su correspondre à l'air du temps. Elle a aussi inventé quelque chose, le zapping permanent.
Ariane Massenet : Elle a révélé plein de talents. Depuis 2004, ça fait un bon paquet de personnes qui sont passées dans "Le Grand Journal" et qui ont réussi ensuite. Le programme a apporté un rayonnement dans le PAF. C'était notamment un sentiment de liberté, d'impertinence.
Ali Baddou : Ça a été un laboratoire et un vrai espace innovant qui a été ensuite imité par tout le monde. Cette émission d'accueil a réinventé l'infotainment.
Karim Rissouli : Le premier talk-show d'access de ce genre. Beaucoup l'ont copié, notamment sur les programmes courts, avec l'esprit Canal. Peu d'émissions ont laissé des marques se développer comme ils l'ont fait.
Que vous inspire l'arrêt de cette émission ?
Jean-Michel Aphatie : Rien n'est fait pour être éternel. Mais de la tristesse bien sûr, car c'est une émission qui a été importante pour moi. Tous les soirs, pendant neuf ans, j'ai été là, ce n'est pas rien dans une vie. Est-ce qu'il fallait maintenir l'émission, l'arrêter ? Pour vous dire la vérité, je suis triste, c'était une belle marque.
Natacha Polony : Rien. A un moment donné d'une vie, on s'arrête, comme un organisme vivant. L'émission est arrivée au bout de sa vie.
Ariane Massenet : Beaucoup de tristesse quand on a contribué à l'avènement de l'émission et qu'elle s'éteint dans une mort lente. S'arrêter en plein milieu d'année, ça reste violent avec un sentiment d'échec.
Ali Baddou : Pas d'émotion particulière. J'ai adoré travailler avec eux.
Karim Rissouli : Je comprends que ça s'arrête, mais je ne m'y attendais pas. Je ne comprends pas ce qu'a voulu faire Vincent Bolloré. En fait, je ne comprends pas la stratégie de Canal, tout simplement. Après, à la fin de "Nulle part ailleurs", il a fallu 4 ou 5 ans pour que "Le Grand Journal" naisse. Le départ d'Antoine De Caunes a marqué le début de sa lente mort.