

Le parquet de Marseille enquête sur les conditions d'organisation et de financement de deux événements qui se sont déroulés à Nice, parmi lesquels l'Eurovision junior diffusé en novembre 2023 sur France 2, a révélé "Le Figaro" ce jeudi 3 avril 2025. La mairie et la métropole de Nice ainsi qu'une filiale de France Télévisions à Paris ont été perquisitionnés dans le cadre de cette affaire en lien avec le maire Christian Estrosi et sa femme, la journaliste et chroniqueuse dans "Télématin" Laura Tenoudji, a confirmé au quotidien le procureur de Marseille, Nicolas Bessonne.
Depuis août 2024, une enquête commune à l'Eurovision junior 2023 et au "Nice Climate Summit", deuxième événement dans le viseur de la justice, est ouverte pour "détournement de fonds publics", "prise illégale d’intérêts" avec "recel" de celui-ci, "faux en écriture publique ou authentique par personne dépositaire de l’autorité publique" et usage de celui-ci, avait précisé l'été dernier le parquet de Marseille au "Figaro".
Dans ce dossier, il est reproché à Christian Estrosi d’avoir accordé des subventions à deux événements alors que sa femme était impliquée dans leur organisation. Laura Tenoudji avait en effet animé la cérémonie d’ouverture de l'Eurovision junior en direct de l'hôtel Negresco en novembre 2023. Elle devait également – avant de se rétracter sous la pression – présenter deux tables rondes du "Nice Climate Summit", coorganisé avec le média "La Tribune". Le montant de ces aides indirectes, précise "Le Figaro", a été fixé à 526.175 euros pour le colloque sur l'environnement et à 605.000 euros pour l’Eurovision junior.

L’avocat de Christian Estrosi a martelé que le maire était "totalement étranger" au fait que Laura Tenoudji ait été choisie par France Télévisions pour animer la cérémonie d’ouverture du concours européen de la chanson. En décembre 2023, la journaliste avait affirmé auprès de "Mediapart" qu'elle n'avait pas été n'a pas été rémunérée en plus de son salaire mensuel de chroniqueuse, un rôle qu'elle avait exceptionnellement laissé de côté pendant une semaine pour accepter l'invitation "d'être ambassadrice de la ville de Nice pour l'Eurovision junior". "La question du conflit d'intérêts ne se pose donc pas", assurait la journaliste. "C'est fou de dire cela ou même de le penser", avait également fait savoir France Télévisions, qui assurait que "ses billets et ses frais ont totalement été pris à sa charge".
"Sous prétexte que je suis la femme de mon mari, on voudrait me retirer le droit d’exercer mon métier et on se permet au passage de me faire passer pour une incompétente", avait réagi la journaliste, "consternée", dans un entretien à "Nice matin" en décembre 2023. "Je suis droite dans mes bottes", avait ajouté celle qui se dit "extrêmement prudente avant d’accepter quoi que ce soit à Nice".

S'agissant du colloque sur le climat, les élus écologistes du conseil municipal de Nice, dont fait partie Jean-Christophe Picard, ancien président d’Anticor, ont signalé le fait que Christian Estrosi a pris part au vote d'une convention de partenariat avec "La Tribune", sans indiquer que sa femme était partie prenante de l'événement. "Ils ont par la suite relevé une mention mensongère qui précise que le maire n’a pas participé au vote... alors que le conseil métropolitain est filmé", rapporte "Le Figaro".
"La ville de Nice transmettra l’ensemble des éléments utiles à l’enquête", a-t-elle expliqué. "Elle réitère qu’elle conteste toute infraction", a ajouté la collectivité. Une source proche du dossier assure dans "Nice matin" que "si les enquêteurs sont revenus une deuxième fois sur ce dossier, c’est qu’ils n’ont rien trouvé la première fois". Une première perquisition de l'hôtel de ville de Nice avait eu lieu en 2024.