Une séquence surréaliste. Sur Guadeloupe la 1ère, antenne du groupe France Télévisions, Gilbert Pincemail, l'un des journalistes vedettes de la chaîne, est le présentateur de la matinale. Parmi ses autres casquettes, il réalise aussi une revue de presse hebdomadaire. C'est ainsi que le mardi 28 février 2023, dans l'une des éditions qu'il présente, le journaliste a évoqué un dossier politico-judiciaire dans lequel il est lui-même impliqué, a révélé jeudi 2 mars 2023 le site d'investigation "Blast".
Gilbert Pincemail a en effet lancé un sujet sur le procès à venir d'Ary Chalus. La date est fixée au 30 mars 2023. Le président de la région Guadeloupe, "baron local et soutien d'Emmanuel Macron", précise le site d'investigation, devra répondre d'un gros dépassement de ses frais de campagne lors des élections régionales de 2015. "Des sommes cachées qui ont servi à régler des factures d'impression, de location de véhicules, des notes de restaurants ou encore de sonorisation de réunions, dont une partie prise en charge par une association dont l'élu est proche", détaille "Blast".
Mais ce n'est pas tout : "La caisse à finances d'Ary Chalus aurait servi" aussi à "l'achat d'un journaliste de l'audiovisuel public pour 21.969 euros payés en trois chèques pendant la campagne électorale", révèle dans son sujet Ronan Ponnet, le journaliste de la chaîne en charge de la chronique judiciaire. "C'est la plus grosse somme de la liste de courses d'Ary Chalus", ajoute-t-il.
Ronan Ponnet ne donne pas le nom du journaliste impliqué mais "tout le monde sait qu'il s'agit de... Gilbert Pincemail !", assure "Blast", preuve à l'appui. "Un document adressé aux potentielles victimes par la justice l'identifie parmi les bénéficiaires des largesses du président du conseil régional. En 2015, précision importante, Gilbert Pincemail avait couvert la campagne des régionales sur l'antenne de la télévision publique".
Gilbert Pincemail, à qui, il faut le préciser, la justice ne reproche rien pour l'instant, a continué de présenter les journaux comme si de rien n'était après cette séquence. Ces dernières années, le journaliste a été impliqué dans de nombreuses affaires sans jamais se mettre en retrait. Contactés par "Blast", ni Alexandre Kara, le directeur de l'information de France Télévisions à Paris, ni le Syndicat national des journalistes (SNJ), majoritaire à France Télévisions, n'ont répondu au site d'investigation.