Frank Lanoux (RMC) : "Ce sondage plébiscite notre stratégie de développement télé"

Après une progression fulgurante pendant plus de 10 ans, et un record historique en novembre/décembre 2013, RMC baisse de nouveau en cette rentrée 2015. Avec 300.000 auditeurs perdus, la station d'Alain Weill repasse sous la barre des 4 millions d'auditeurs pour la première fois depuis septembre 2012. Mais Frank Lanoux, son directeur général, n'est pas inquiet.

Propos recueillis par Benoît Daragon.

puremedias.com : RMC baisse fortement en cette rentrée. Comment expliquez-vous ce passage à vide ?
Frank Lanoux : Les usages changent et vous le savez mieux que personne à puremedias.com ! La radio n'est plus le seul média avec lesquels les Français s'informent le matin. Aujourd'hui, ils vont sur Internet, sont réveillés par des push et regardent les chaînes d'info en continu au petit déjeuner. Donc forcément, face à cette nouvelle concurrence, les radios généralistes sont plus impactées que les musicales. Je remarque que toutes les généralistes baissent sauf France Inter. RTL et Europe 1 font leur plus basse rentrée depuis dix ans. France Info est à son plus bas historique. Et RMC et France Inter sont revenues au niveau de 2012.

Donc vous n'y pouvez rien ?
Si, si ! Cette mutation technologique renforce la stratégie que nous avons adoptée depuis plusieurs années et que nous sommes les seuls à avoir en France : être présent sur tous les supports avec nos radios, nos sites et nos chaînes de télévision. Ce sondage plébiscite notre stratégie de développement télé. Je vous rappelle que la matinale de Jean-Jacques Bourdin sur RMC est également diffusée simultanément sur RMC Découverte (où l'audience moyenne est entre 80 et 100.000 téléspectateurs chaque jour, ndlr) et que son interview politique est retransmise sur BFMTV. Donc analyser les audiences de la matinale de RMC seule comme vous le faites à chaque vague n'a plus vraiment de sens en ce qui nous concerne. C'est un chiffre d'audience parmi d'autres. La révolution des usages est en marche, et avec ses synergies RMC a cinq ans d'avance sur les autres.

On se doute que passer sous la barre des 4 millions d'auditeurs et voir l'écart avec Europe 1 grandir vous déçoit...
Oui mais la baisse du média radio est inévitable ! C'est le sens de l'histoire. Il y a désormais 25 chaînes, la plupart des Français ont un smartphone... Nous sommes en plein virage mais nous avons construit des outils de résistance même si nous sommes encore absents de 30 agglomérations de 50.000 habitants où nos concurrents sont présents.

C'est un peu léger comme explication... Surtout que RMC est très présente sur le terrain de l'info.
Qu'est-ce que je peux faire contre une révolution technologique ? C'est comme lors de libéralisation de la bande FM ou du lancement de la TNT, les historiques ne pouvaient pas lutter. Mais nous, dans notre groupe, on est parfaitement positionné pour en profiter.

N'y-a-t-il pas un vieillissement de votre format talk et sport et de vos programmes ?
Mais Jean-Jacques Bourdin continue de progresser sur les autres supports ! Donc s'il baisse sur RMC, c'est largement compensé par sa hausse sur RMC Découverte. Il n'y a pas de désaveu, au contraire !

Vos télévisions ne vampirisent pas votre radio ?
Mais non ! Vous raisonnez comme les journalistes de presse écrite il y a dix ans quand ils se demandaient si le développement des portails d'actualité sur Internet n'allait pas détruire les journaux papier. Aujourd'hui, vous ne pouvez pas analyser la stratégie du groupe le Figaro en regardant uniquement le chiffre des ventes en kiosques !