Gigola sent bon le Paris d’Antan et fait rêver, un peu comme si on retrouvait à la garçonne l’histoire de la vie d’Edith Piaf pour le mélodrame, de Coco Chanel pour l’allure, de Françoise Hardy pour l’époque années 1960. Les superbes images, certes pas très originales, font penser à Moulin Rouge et la belle lumière nimbe le film d’une jolie aura. Dommage que cette belle parure n’enveloppe que du vide sans l’ombre d’un scénario dans cette plate oeuvre d’une débutante.
Pourtant, le sujet semble intéressant : la prostitution féminine dans les années 1960 à Pigalle, thème peu traité au cinéma. Le casting de rêve avec quelques grandes actrices nous fait croire qu’il s’agit d’une sorte de 8 femmes : Rossy de Palma, Marisa Paredes et même Lou Doillon qui ressemble étrangement à Françoise Hardy. Celles-ci semblent perdues et il est sidérant de voir apparaître deux actrices d’Almodovar sans caractère comme on les voit ici, décolorées, de simples poseuses. Mais comme on est contents de les voir, c’est avec un plaisir coupable qu’on se perd dans les images sans faire (trop) attention à l’histoire.
Ces actrices très belles y ajoutent du charme, les habits très chics, de la classe mais d’un bout à l’autre, il n’y a aucun rebondissement. Pour qui voudrait se renseigner sur le milieu burlesque des cabarets, il y aurait matière à intérêt, mais aucune passion, au contraire du très beau Burlesque par exemple.
C’est l’histoire d’une sorte de rébellion qui ne se fait pas sans souffrance et sans larmes, mais il n’y a ni sang, ni bruit, ni fureur, comme si la réalisatrice Laure Charpentier enchaînait une série de tableaux charmants en ayant peur de faire du bruit et de déranger. C’est surtout ce traitement plat qui est choquant, pour un sujet qui se veut aussi provocant. La déchéance du personnage principal jusqu’à son union avec un homme et la maternité laisse bien froid. Heureusement, un retournement inattendu dans le scénario l’empêche de sombrer dans une morne désolation et lui donne l’ensoleillement d’une promenade du dimanche dans le 18ème.
Voir ce film à moitié endormi ferait tout aussi bien l’affaire. Il fait penser à un joli exercice, une esquisse timide, quelques traits qu’on distingue mal… Et pourtant, quelque chose nous retient, ce film est attachant à sa manière en diffusant une douceur de vivre.
Cinéma
Gigola : Conte de fées charmant mais sans relief
Publié le 27 janvier 2011 à 11:05
Un sujet rare traité avec un manque d’envergure et de provocation donne à "Gigola" une couleur rose pâle diluée. Dommage.
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