Les journalistes ont encore payé un lourd tribut lors de "l'acte IX" du mouvement des Gilets jaunes. Plusieurs d'entre eux ont à nouveau été pris pour cible par des manifestants violents hier. Comme rapporté par le compte Twitter de "Paris-Normandie", qui a publié la vidéo de l'agression, une équipe de deux journalistes de LCI et de deux agents de sécurité a été violemment prise à partie à Rouen en marge d'une manifestation des Gilets jaunes. Selon LCI, un agent de sécurité a été roué de coups et blessé au visage. Souffrant d'une fracture au nez, il a été emmené à l'hôpital. Le groupe TF1 a annoncé hier avoir porté plainte, tout comme les quatre membres de l'équipe agressée.
LCI rapporte également qu'une autre équipe a été prise à partie à Paris où un JRI (journaliste reporter d'images) a été projeté à terre. Entre autres témoignages, à Rouen, une journaliste de France 3 a subi une tentative d'agression physique et des intimidations, selon France 3 Normandie. À Pau, un journaliste pigiste, qui a témoigné sur son compte Twitter, a été confondu avec un journaliste de BFMTV et a été frappé à la jambe en plein direct. Il a annoncé son intention de porter plainte et a fait savoir que sa blessure à la jambe a nécessité d'être soignée. À Bourges, c'est une équipe de BFMTV qui a été menacée et empêchée de couvrir la manifestation. Une vidéo publiée sur Facebook par des Gilets jaunes montre les journalistes être raccompagnés par des manifestants chantant "La quenelle", un chant vulgaire et antisémite popularisé par Dieudonné.
Des agressions ont également été signalées à Toulon, dans le Var, où deux journalistes vidéo de l'AFP ont essuyé des coups de la part de manifestants. À Marseille, une journaliste de France 3 et deux photographes locaux ont été empêchés de suivre le début de la manifestation au motif que "les journalistes ne font que mentir". Enfin, à Toulouse, une journaliste de "La Dépêche du Midi" rapporte avoir été menacée de viol par "une horde de Gilets jaunes". Elle a également expliqué que ce sont deux autres Gilets jaunes qui lui ont permis de s'échapper.
Face à ces agressions et tentatives d'intimidation, de nombreuses SDJ ont fait part de leur solidarité à l'égard de leurs confrères. La SDJ de France 2 a dénoncé des "agressions lâches, intolérables, indignes d'une démocratie". La SDJ de BFMTV a notamment fait connaître son "soutien total et confraternel" aux journalistes de LCI. De son côté, la direction de CNews a fait savoir son indignation, martelant que "La presse doit pouvoir exercer son métier en toute quiétude". Franck Riester, ministre de la Culture, a dénoncé sur Twitter un "ignoble lynchage" au sujet de l'agression des journalistes de LCI. "La sécurité des journalistes et la liberté d'informer ne sont pas négociables !" a-t-il par ailleurs affirmé.
Outre ces agressions, des Gilets jaunes ont tenté d'empêcher vendredi soir la parution de plusieurs titres de presse en bloquant notamment le centre d'impression de "L'Yonne Républicaine" à Auxerre. Plusieurs livraisons de quotidiens régionaux du groupe Centre France ont été empêchées, comme le rapporte l'AFP. Dans le même temps, des Gilets jaunes ont bloqué un dépôt de "La Voix du Nord" à Anzin, empêchant la distribution de 20.000 exemplaires du journal, selon la direction. À noter par ailleurs que, dans une tribune publiée sur le site du "Monde", Vincent Lanier, secrétaire général du Syndicat national des journalistes, appelle à un "sursaut citoyen" face à l'escalade de la haine envers les journalistes, estimant que ces derniers ne peuvent accepter de devenir "les boucs émissaires de la société".