Il ne pouvait pas rêver meilleure entrée en matière. Nommé en mai dernier par Sibyle Veil directeur délégué aux antennes et à la stratégie éditoriale de Radio France, Guy Lagache affrontait aujourd'hui sa première vague d'audiences radio. Et c'est peu dire que le journaliste télé ne pouvait rêver meilleur baptême du feu. Toujours devancé par RTL dont il se rapproche, le navire amiral de Radio France, France Inter, se porte ainsi comme un charme sur la vague septembre-octobre 2018. Avec 6,26 millions d'auditeurs en moyenne, soit 260.000 de plus que l'an passé, la station signe sa meilleure rentrée historique. Si franceinfo marque davantage le pas, Guy Lagache peut se consoler avec les excellents scores réalisés par France Culture. La station signe ainsi sa meilleure vague historique avec 1,51 million de fidèles. puremedias.com a demandé à un Guy Lagache enthousiaste de bien vouloir commenter cette vague de rentrée.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : On vous imagine logiquement satisfait de la rentrée de France Inter...
Guy Lagache : Evidemment ! C'est la meilleure rentrée historique pour France Inter. La station progresse quasiment sur toutes ses tranches, de 5h à minuit. Cela valide les choix éditoriaux faits en matière d'info et de programmes. Le 5h/7h, auquel on a apporté des petits changements, dont une nouvelle présentatrice, Mathilde Munos, progresse. Sur le 7h/9h, la matinale de Nicolas Demorand et Léa Salamé, qui elle aussi a évolué, ne s'est jamais aussi bien portée. Quand on fait des changements qui ont du sens, à l'image de la double interview de 8h15 dans la matinale, les auditeurs suivent. La matinale de France Inter est celle qui fait l'évènement en matière d'information, comme on l'a vu avec la démission de Nicolas Hulot.
"Objectif leadership" désormais pour France Inter ?
L'objectif est de continuer dans cette dynamique. Pour cela, il faut - et c'est ce que font Laurence Bloch (la patronne de France Inter, ndlr) et ses équipes - toujours rester dans son époque et les nouveaux usages. On le voit notamment dans les émissions Augustin Trapenard, Sonia Devillers, Ali Rebeihi, qui continuent de progresser parce qu'elles sont positionnées dans leur époque. Inter c'est un ton fait de liberté et de rigueur. C'est faire les choses sérieusement sans esprit de sérieux. On le voit par exemple avec l'humour de Charline Vanhoenacker dans "Par Jupiter !".
"On est à la fois très offensifs et très prudents"
Si des changements ont eu lieu à la matinale, la grille globale de France Inter est restée inchangée ces dernières années. Est-ce que des ajustements sont à attendre dans les mois qui viennent ?
Aujourd'hui, ce qui nous intéresse, c'est de faire des changements en gardant l'esprit de la grille. On est à la fois très offensifs et très prudents. Offensifs, nous l'avons été dans le 5h-7h et le 7h-9h. Avec Laurence Bloch, nous restons très attentifs. Vous avez raison, les grilles sont installées depuis un certain nombre d'années et en même temps, on n'a jamais rencontré autant de succès. Il faut faire attention mais c'est généralement quand cela marche que l'on a des opportunités. Il faut changer si on a une conviction, une idée forte, pas changer pour changer. Il y a des sujets qu'on va être amené à davantage traiter sur Inter et sur d'autres antennes dans les mois à venir, comme la problématique environnementale, l'une des principales préoccupations des Français.
franceinfo baisse sur cette vague. Pourquoi selon vous ?
Le niveau reste bon. On augmente nos scores sur une vague. franceinfo reste la quatrième radio la plus écoutée de France.
Vous êtes satisfait de la matinale désormais incarnée par Marc Fauvelle ?
Oui, Marc a une personnalité très singulière et il est en totale adéquation avec la promesse de franceinfo de délivrer de l'info à un rythme soutenu et avec un désir fort de nous éclairer. Marc Fauvelle est en train de s'installer formidablement dans sa matinale.
"France Culture s'ouvre à tous les publics"
France Culture signe sa meilleure vague historique. Comment expliquer cette percée ?
C'est la plus grosse progression d'audience de toutes les radios en France.Je pense qu'à l'heure du populisme, des fake news, d'une information qui chasse l'autre, il y a un très grand désir du public pour une explication de la marche du monde. Il y a une demande d'analyse et d'approfondissement. La matinale incarnée par Guillaume Erner, le navire amiral de la station, correspond parfaitement à cette tendance. Elle traite l'information sur le temps long, en la thématisant avec deux longs entretiens chaque jour, et l'éclairage d'experts permettant de comprendre le monde de manière plus profonde. J'ajoute que les audiences de France Culture sont aussi fortes sur le digital. La station attire un public de plus en plus jeune, et qui n'est pas composé de sachants. France Culture s'ouvre à tous les publics.
Vous êtes arrivé en fin de saison dernière. Ces bons résultats sont-ils les vôtres, alors que vous n'avez pas vraiment eu le temps de toucher aux grilles ?
C'est un travail collectif. J'ai une formidable équipe de talents répartis sur sept antennes. Mon job, c'est de les faire jouer ensemble.
Votre arrivée, vous l'animateur de la télé privée, a fait grincer des dents au sein de la Maison ronde. La "greffe Lagache" a-t-elle finalement prise ?
La greffe a prise. Ce n'est plus un sujet. On est en train de travailler, notamment sur de nouvelles grandes thématiques éditoriales.
Quels sont justement vos chantiers ?
Vous avez l'ouverture de la COP24 à partir du 3 décembre prochain. A partir de fin novembre et pendant trois semaines, on va lancer un engagement qui impliquera l'ensemble de nos antennes et qui s'appellera "Agir pour ma planète".. Chaque antenne va, à sa façon, traiter l'urgence à agir pour la planète. Nous allons continuer à traiter, sur nos antennes, de grandes thématiques qui concernent l'ensemble des citoyens, l'Europe notamment.. Il faut que nous soyons toujours en mouvement et à l'écoute de nos publics.