Trop compliqué. Hier, Susan Wojcicki, patronne de Youtube, a réagi après une longue polémique sur sa plateforme de vidéos. Le 31 mai dernier, sur Twitter, Carlos Maza, vidéaste pour le média américain "Vox", a accusé Steven Crowder, youtubeur conservateur possédant près de 4 millions d'abonnés, de s'acharner sur lui. "Chacune de ses vidéos contient des attaques manifestes et répétées sur mon orientation sexuelle et mes origines", s'est plaint Carlos Maza, accompagnant son tweet d'une vidéo reprenant plusieurs attaques homophobes de Steven Crowder.
"A chaque fois qu'une nouvelle vidéo est mise en ligne, je découvre à mon réveil une avalanche de messages racistes et homophobes sur Twitter et Instagram", a ajouté le chroniqueur de "Vox" sur Twitter. Avant de s'en prendre directement à la plateforme : "Je suis terriblement fâché contre Youtube, qui affirme soutenir les vidéastes LGBT, et a un règlement très clair contre le harcèlement. Ca fait des années que ça dure, et j'ai signalé cette merde à plusieurs reprises". Selon lui, Youtube n'applique pas son règlement parce que Steven Crowder possède plus de 3 millions d'abonnés : "Appliquer leurs règles pourrait leur valoir des critiques les accusant de biais anticonservateurs. (...) Youtube n'en a rien à foutre des créateurs queers (...) Youtube veut juste faire du clic."
Le 5 juin dernier, face à la gronde d'internautes, Youtube a d'abord réagi via Twitter. "Nos équipes ont passé ces derniers jours à analyser en profondeur les vidéos signalées, et bien que nous ayons constaté que les propos étaient clairement blessants, les vidéos publiées n'enfreignent pas notre règlement". Ainsi, à défaut de ne pas supprimer les vidéos incriminées, Youtube a décidé de démonétiser la chaîne de Steven Crowder, afin qu'il ne puisse plus toucher de revenus par les publicités de la plateforme. "Nous avons pris cette décision car plusieurs comportements choquants ont fait du mal à la communauté, et enfreignent les règles de notre programme partenaires qui permet de monétiser les chaînes", explique le site américain détenu par Google.
Lors d'une conférence à Scottsdale, dans l'Arizona, la patronne de Youtube, Susan Wojcicki, a tenu également à "présenter (ses) excuses aux personnes qui ont pu être blessées". "C'est juste que du point de vue du règlement, nous devons être cohérents, car si nous supprimons ces contenus, il y a énormément d'autres contenus que nous devrons supprimer", a-t-elle assuré. Et de s'expliquer : "Si vous regardez les contenus publiés en ligne, vous trouvez du rap, des émissions nocturnes, beaucoup d'humour, et vous y trouverez des remarques racistes et des commentaires sexistes". Elle a rappelé que les vidéos sont supprimées lorsque "le but premier est la haine ou le harcèlement", soulignant que "les seuls qualificatifs racistes, homophobes ou sexistes" ne contrevenaient pas à ses règles. Un règlement qui devrait être amené à évoluer d'ici quelques mois, a annoncé la dirigeante.