Où se situe la limite entre le droit à l'information du public et le voyeurisme lorsque l'on diffuse des images de guerre à la télévision ? Voici l'épineuse question sur laquelle le Conseil supérieur de l'audiovisuel a récemment décidé de se pencher. L'institution présidée par Olivier Schrameck avait ainsi décidé de lancer une vaste réflexion sur le sujet après la diffusion le 7 février dernier par France 2, d'un reportage d'"Envoyé Spécial" (images ci-dessous) sur la guerre au Mali. Ce dernier comportait des images très crues du conflit. A la suite de sa diffusion, le Conseil avait d'ailleurs mis en garde France Télévisions pour des plans jugés "particulièrement insistants de personnes décédées".
Le CSA a finalement publié hier une recommandation à destination de toutes les chaînes de télévision sur le sujet. Pour tout ce qui concerne le traitement des conflits internationaux ou des guerres civiles, les Sages de l'audiovisuel recommandent de veiller au "respect de la dignité de la personne humaine" en "s'abstenant de présenter de manière manifestement complaisante la violence ou la souffrance humaine lorsque sont diffusées des images de personnes tuées ou blessées et des réactions de leurs proches".
Le CSA conseille également aux chaînes de traiter "avec la pondération et la rigueur indispensables, les conflits internationaux susceptibles d'alimenter des tensions et des antagonismes au sein de la population ou d'entraîner, envers certaines communautés ou certains pays, des attitudes de rejet ou de xénophobie". Le CSA recommande enfin que soit "systématiquement" précédée d'un avertissement explicite au public, "la diffusion de sons et/ou d'images difficilement soutenables".
Cette recommandation du CSA a été peu appréciée par le Syndicat National des Journalistes. Dans un communiqué, ce dernier a ainsi condamné l'intiative du CSA dénonçant un "excès de pouvoir". Selon lui, l'institution d'Olivier Schrameck n'a "aucune légitimité" pour réglementer la couverture des guerres par les chaînes de télévision.