TF1 lance ce soir, à 20h50, sa première co-production internationale, "Jo". Série policière dont l'action se déroule principalement à Paris, celle-ci met en scène un policier en proie à des problèmes de santé, d'addiction à l'alcool mais aussi ayant des difficultés dans ses relations avec sa fille. A l'occasion de la diffusion de la série, puremedias.com a pu s'entretenir avec Jean Reno, qui tient le rôle principal.
Propos recueillis par Kevin Boucher.
On vous retrouve dans "Jo". Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter ?
J'aime beaucoup Takis Candilis, le patron de Lagardère, qui produit la série. Et parce que le projet est ambitieux. On doit le diffuser dans le monde entier. C'est aussi un personnage humain, pas quelqu'un qui fait sauter des voitures, qui tire à la mitraillette... J'ai demandé à René Balcer, le showrunner, d'écrire quelque chose qui soit en dehors de ce que j'ai vu jusqu'à aujourd'hui et que je puisse faire. Quelqu'un qui comprend et, à la limite, qui souffre des meurtres qu'il voit.
Jo est un flic qui a des problèmes avec l'alcool, en a eu avec la drogue, a des difficultés relationnelles avec sa fille... Vous n'avez pas eu peur que ce soit trop pour un seul homme ?
On a retiré la drogue dès le premier épisode car on s'est dit que ce serait insupportable, et pour les gens qui regardent et pour les gens qui diffusent. Ce n'est pas le personnage de Jo mais on le met au moment de la rédemption, avec la question de savoir s'il va retomber. Après, il a un problème cardiaque. Mais ça ne m'a pas gêné. Quand on me l'a proposé, j'ai vu tout de suite Clint Eastwood dans "Dans la ligne de mire" qui court après un mec et qui n'arrive pas à escalader le grillage. Je crois que les êtres humains sont plus dans la difficulté d'exister et d'être heureux. Le but est de passer son temps sur terre le moins détruit possible.
On ne vous attendait pas vraiment dans une série. C'est quelque chose que vous aviez envie de faire depuis longtemps ?
Ah non, ça c'est un argument de la chaîne, c'est normal ! (Rires) Maintenant, on peut décemment travailler à la télévision. Moi, j'ai toujours pensé ça. Je suis plus du côté de l'acteur anglo-saxon : je n'aime pas les cloisonnages. Dans ma génération, on ne pouvait pas faire du théâtre privé si on était dans le théâtre subventionné. Et je trouve ça complètement con. Pourquoi dans un métier de liberté, on va commencer à coller des étiquettes ? Tu viens pour interpréter des rôles. Mais il semblerait désormais que la frontière entre les deux soit plus acceptable. Un mec comme Bruce Willis, il vient de la télé par exemple.
Vous n'avez pas eu peur que "Jo" ne soit qu'une série policière parmi d'autres ?
On a toujours peur de ça. Je me suis posé la question pendant tout le tournage. Je me suis dit : "Qu'est-ce que tu amènes qui fait que les gens vont regarder ce truc ? Qu'est-ce que tu as de mieux ou de différent ?". Il y a que je crois en l'aventure. La pièce est en l'air, comme ça...
Vous êtes friand des séries de TF1 ?
Je ne suis pas plus friands des séries de TF1 que de France 2, HBO, NBC ou autres. J'aime bien acheter les DVD. Récemment, j'ai vu "Homeland" que j'ai beaucoup aimé, surtout Claire Danes. J'aime bien "Game of Thrones", "Mad Men" aussi. Après, quand on tire l'élastique, au bout d'un moment, ça s'essoufle.
Ces séries ont-elles eu une influence dans votre manière d'aborder "Jo" ?
Non. Au moment où vous êtes en train de le faire, vous êtes honnête. Vous le faites avec ce que vous avez dedans, pas quelque chose que vous avez collecté autour. "Jo", j'ai essayé de le faire le plus honnêtement possible avec ce que je crois que je devais faire ainsi que le regard des metteurs en scène. Et surtout les autres aussi car les scènes, on ne les fait pas tout seul.
Vous avez la pression des audiences ?
Là, on commence à le ressentir, surtout parce que les gens de TF1 sont là. Mais on l'a toujours. On l'a aussi à 14 heures le mercredi, lors des premières séances. C'est la même angoisse qu'au cinéma. C'est toujours désagréable qu'on te dise qu'un film est raté. Ca fait chier.
Vous êtes partant pour une saison 2 ?
Oui, j'ai signé. On signe toujours pour deux saisons. C'est la règle mais, encore une fois, ça dépendra évidemment du public, comme d'habitude.