Début de la compétition pour la chaîne L'Equipe. Demain, le canal 21 programmera sa première journée de Ligue 2 après avoir conclu un partenariat avec Amazon, détenteur des droits de la compétition. Au menu, un multiplex animé par Bertrand Latour avec Toulouse/Ajaccio en match fil rouge. A l'occasion de l'arrivée en clair de la deuxième division du championnat de France de football, puremedias.com a interrogé Jérôme Saporito, le patron de la chaîne L'Equipe.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Quel intérêt pour la chaîne L'Equipe de diffuser la Ligue 2 ?
Jérôme Saporito : C'est une opportunité que nous avons saisie. La Ligue 2 est un produit particulièrement attractif pour notre groupe. C'est une compétition de proximité portant une dramaturgie importante du fait de l'enjeu de la montée en Ligue 1 ou, au contraire, de la descente en national. Cela va être un feuilleton génial à suivre ! L'autre élément important pour nous, c'est le multiplex. C'est un dispositif assez peu vu en télévision, très présent en radio. En Ligue 1 cela existe pour seulement trois journées. C'est un format qui promet qu'il se passe toujours quelque chose avec a priori pour chaque journée au moins une vingtaine de buts à montrer. Cela nous permettra de raconter plusieurs histoires par soirée. Ce sera du sable mouvant. En sport, il n'y a rien de plus précieux.
Qui incarnera ce multiplex hebdomadaire à part Bertrand Latour pour la première journée de demain ?
Nous avons été contraints de monter très vite notre dispositif car notre accord avec Amazon a précédé de peu le début de la compétition. Bertrand assurera donc la présentation de la première journée, et d'autres au cours de la saison. Mais il ne sera pas le seul à en faire. Ce sera une présentation tournante avec d'autres figures de la chaîne, dont Messaoud Benterki.
Y'aura-t-il un match fil rouge chaque soir ?
Oui, il y aura un match directeur à chaque journée. Pour la première, ce sera Toulouse/Ajaccio. Nous serons ensuite à l'écoute de tout ce qu'il peut se passer sur les autres terrains. Chacun de nos journalistes suivant un match devra réclamer l'antenne. Cela nous promet du rythme et de la réactivité !
"C'est un bon deal pour tout le monde"
Pourquoi mettre à disposition gratuitement les matchs des 10 premières journées de la Ligue 2 sur votre plateforme payante L'Equipe Live ?
La plupart des contenus vidéo liés à des évènements de sport - hors Copa America récemment - sont gratuits sur la plateforme L'Equipe Live. Nous avons appliqué la même logique à la Ligue 2. C'est le sens du partenariat avec Amazon : donner de la visibilité à la Ligue 2. Amazon récupèrera ensuite ces droits numériques après la 10e journée.
Combien a coûté cette acquisition de la Ligue 2 ?
Cela relève du secret des affaires. Rien n'est gratuit et tout a toujours un prix. Ce que je peux vous dire, c'est que chaque partie a été raisonnable dans ses attentes. C'est un bon deal pour tout le monde. Amazon, car nous donnons de la visibilité à cette Ligue 2 en l'offrant au plus grand nombre. Nous, car nous proposons un contenu inédit qui nous paraît très attractif. Le football plus généralement, à une époque où il a tendance à disparaître des antennes en clair.
Du bûcheronnage sportif aux compétitions de Sumo, en passant par la Ligue 2 et les 24 Heures du Mans, nous avons parfois du mal à comprendre la logique. Quelle est votre stratégie d'acquisition de compétitions sportives ?
Nous recherchons avant tout des sports de qualité où des Français sont susceptibles de briller.
Pourquoi avoir acheté les 24 Heures du Mans ?
Tout simplement parce que c'est un évènement patrimonial, premium et populaire. C'est l'une des trois plus célèbres courses automobiles du monde. Tout pilote rêve de la gagner. Elle est très populaire car 250.000 personnes s'étaient par exemple déplacées en 2019 pour la suivre. Je crois d'ailleurs qu'on ne mesure pas en France la popularité de cette compétition chez nous, mais aussi à l'étranger. C'est une valeur incroyable. Nous allons traiter l'évènement comme une Coupe du monde de football. Nous allons diffuser un documentaire sur les 24 Heures du Mans 48h avant le début de la course. Nous allons prendre l'antenne six heures avant le départ pour montrer les courses supports qui font monter la température. Nous serons sur place toute la semaine précédente. 60 personnes seront mobilisées pour l'évènement.
"Martin Fourcade ne deviendra pas chroniqueur pour la chaîne"
La retraite de Martin Fourcade est-elle une mauvaise nouvelle pour L'Equipe, diffuseur historique du biathlon ?
C'était un mariage fabuleux. Martin a fait énormément pour la chaîne et la chaîne a fait beaucoup pour Martin. L'histoire ne se termine pas. Nous allons diffuser les trois prochaines éditions du Martin Fourcade Nordic Festival, un évènement qu'il organise chaque année, début septembre, autour du lac d'Annecy. Il s'agit de biathlon d'été réunissant les meilleurs mondiaux. J'ajouterais que malgré le départ de Martin, nous n'avons constaté aucune baisse d'audience du biathlon sur la chaîne L'Equipe. Pourquoi ? Parce que Martin Fourcade et la fédération ont veillé à ce qu'il y ait une relève. Vous avez Quentin Fillon Maillet, Emilien Jacquelin ou encore Justine Braisaz, pour ne citer qu'eux.
Martin Fourcade deviendra-t-il chroniqueur pour la chaîne L'Equipe ?
Non, il m'a dit assez rapidement que cela ne l'intéressait pas. Une saison de biathlon, c'est long et je crois qu'il aspire à un autre équilibre familial maintenant que sa carrière est terminée.
Etes-vous triste du départ d'Estelle Denis ?
Oui, parce que c'est mon amie depuis 20 ans. Mais son départ s'est fait très naturellement. Ce n'est pas une histoire de mésentente ou d'argent. Estelle imaginait depuis longtemps sortir du sport à un moment ou un autre de sa carrière. L'opportunité s'est présentée avec RMC. Elle l'a saisie. C'est tout à fait normal. Je tiens à saluer ce qu'elle a réussi en quatre ans à faire sur L'Equipe : installer un programme et une case. C'et quelque chose de très difficile en télévision, donc chapeau !
Pourquoi avoir choisi Gregory Ascher pour le remplacer ?
C'était le choix naturel. Il était le joker d'Estelle. Il connaît parfaitement le fonctionnement de l'émission, la bande autour de la table. L'idée est qu'il se glisse la saison prochaine dans les chaussons d'Estelle mais en les redécorant à sa façon.
"Nous n'avons pas encore atteint l'équilibre financier"
Quel sera le nom de la nouvelle émission ?
Je ne sais toujours pas. Nous continuons de chercher. Peut-être qu'on en reviendra à quelque chose de très simple comme "L'équipe de Greg".
Il n'avait pas l'air très partant pour ce nom...
(Rires). Je sais mais il nous faut trouver quelque chose qui tombe sous le sens et ce serait une forme de continuité. Nous verrons.
Smaïl Bouabdellah reste-t-il sur L'Equipe ?
Non, il est amené à aller sur une autre chaîne (Amazon, ndlr). C'était le deal de départ.
La chaîne L'Equipe a affiché de belles performances d'audience cette saison ? Parvient-elle pour autant à équilibrer ses finances, structurellement déficitaires ?
Pas encore mais nous nous en rapprochons. Je ne peux pas fixer de date au vu de l'année Covid dont nous tentons de sortir. Ce qui est sûr, c'est que nous faisons tout pour, et que c'est tout autant un objectif prioritaire que d'augmenter les audiences de la chaîne.