Interview
Julien Courbet (P3) : "Je pourrais refaire 'Sans aucun doute' sur M6"
Publié le 14 septembre 2018 à 14:54
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
A l'occasion de ses premiers pas à la présentation de "Capital" dimanche sur M6, Julien Courbet est l'invité exceptionnel de puremedias.com toute la journée.
Julien Courbet, invité de puremedias.com. Julien Courbet, invité de puremedias.com.© Jean Brice Lemal/M6
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La voix de RTL s'immisce dans le monde de l'entreprise. Dimanche soir à 21h, Julien Courbet prend les commandes du magazine économique "Capital". L'animateur succède donc à Bastien Cadéac qui avait présenté l'émission pendant deux ans. Il est également tous les matins à l'animation de "Ca peut vous arriver" sur RTL. puremedias.com a rencontré le présentateur pour un long entretien, publié tout au long de la journée.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

puremedias.com : Parlons un peu de vos activités sur RTL. Vous êtes à la présentation de "Ca peut vous arriver" depuis près de 20 ans, c'est très rare à la radio...
Julien Courbet : Je prends énormément de plaisir à faire cette émission. C'est un show le matin. J'ai besoin de ça. C'est mon équilibre. J'ai réussi à allier le show à l'efficacité et au magazine. On a mis beaucoup de temps à trouver nos marques. On est comme un TGV. On est sur des rails. J'espère maintenant aller jusqu'à 30 ans avec cette émission. C'est mon objectif. J'espère vraiment bien y aller.

"Au niveau éditorial, à chaque fois que j'ai essayé de rajouter une rubrique, je l'ai payé cash" Julien Courbet

Comment expliquez-vous ce succès ?
Parce que tous les ingrédients sont là. On parle aux auditeurs de choses qu'ils connaissent. On parle de leur loyer, de leur voiture, etc. Tout ce qu'ils vivent au quotidien, on le met en avant. On règle leurs problèmes. On donne des conseils pour ne pas se faire avoir. A côté de ça, on a créé une ambiance, un esprit de bande. Il y a aussi les auditeurs qui viennent chercher le conseil, ceux qui veulent savoir comment ils vont s'en sortir et ceux qui viennent pour se marrer, car c'est fait dans la décontraction. Ces trois-là font 1,5 million d'auditeurs au quart d'heure à l'arrivée.

Comment arrive-t-on à se renouveler avec une émission qui a près de 20 ans ?
Le renouvellement, il se fait par les cas. Quand j'ai démarré "Ca peut vous arriver", internet n'existait pas. Aujourd'hui, j'ai une grande majorité de cas autour d'internet. Bientôt, j'aurai sûrement des cas de livraison par drone. C'est ça le renouvellement, c'est l'air du temps. Comme les gens appellent pour régler un problème et que le problème est dans l'air du temps, l'émission se renouvelle comme ça. Par contre, au niveau éditorial, à chaque fois que j'ai essayé de rajouter une rubrique, je l'ai payé cash. Les gens ne veulent surtout pas que je change quoi que ce soit. Là où j'ai fait beaucoup d'évolution, c'est dans l'habillage. J'essaie d'être dans l'air du temps, d'enrober les choses. Le fond, lui, ne change jamais.

"Je ne me suis pas levé un matin avec un halo de lumière qui m'a éclairé : 'Lève-toi et va aider ceux qui en ont besoin'." Julien Courbet

Que feriez-vous si la société devenait réglo ?
Si la société était réglo, il y aurait énormément de choses qui changeraient. Il n'y aurait plus de journaux de "20 Heures" (rires). Il n'y aurait plus de magazines. Si la société devenait réglo, pour le coup, je reviendrais au jeu ! (rires) L'avantage de faire plein de chose, c'est que je peux rebondir après. Vous savez, je ne serais pas malheureux. Quand je vois le nombre de gens qui ne sont pas satisfaits parce qu'on n'a pas pu traiter leur cas... La vérité aujourd'hui, c'est que l'on reçoit 700, 800 appels par jour et qu'on en traite quatre quotidiennement. Autant vous dire qu'il y a beaucoup de gens qui m'écrivent qu'ils ne sont pas très contents. "C'est une honte ! Pourquoi vous ne m'avez pas pris à l'antenne ?" Ces gens-là, je ne sais pas trop quoi leur dire. Je ne souhaite que ça, que les gens n'aient plus de problèmes.

D'où vous vient cette passion pour l'univers de l'arnaque ?
Ce n'est pas pour l'arnaque. Je ne me suis pas levé un matin avec un halo de lumière qui m'a éclairé : "Lève-toi et va aider ceux qui en ont besoin". Je suis un humaniste. J'aime les gens. Je déteste vraiment l'injustice. Si je ne le ressentais pas comme ça, je n'aurais pas pu faire 20 ans ce que j'ai fait à la télévision et 20 ans à la radio. Je ne supporte pas le pot de terre contre le pot de fer. J'ai ce mode de fonctionnement même dans ma boîte de production. Je refuse l'humiliation. Il m'arrive parfois de prendre un employé et de lui dire : "Je ne suis pas du tout content". Mais ce n'est pas en réunion devant tout le monde en profitant de ma puissance. Quand je vois parfois des groupes qui ont une puissance, qui pèse des milliards, avec en face un pauvre bougre qui gagne le Smic et qui ne va même pas pouvoir se payer un avocat... Il ne peut pas faire un procès ! Il ne sait déjà pas ce qu'il va manger le lendemain. Je trouve intéressant qu'à un moment donné, le média vienne dire : "On va parler à armes égales. On va mettre ça sur la place publique. On va expliquer tout ça". Je trouve ça intéressant, plus que l'arnaque en elle-même. Kerviel et la Société générale, ça ne m'intéresse pas plus que ça. Ils ont des milliards. Il a profité du système. Le système est fait pour qu'on joue avec des milliards chaque jour. Par contre, le petit qui se fait avoir par le gros, qui subit le dédain, ça me touche beaucoup. C'est pour ça que je fais ça avec toujours autant de ferveur.

"Une émission de week-end autour de l'actu à la radio, pourquoi pas" Julien Courbet

Est-ce que vous aimeriez faire autre chose à la radio ?
A la radio, j'ai envie de vous dire que c'est le média que je maîtrise le mieux. Si vous me demandez aujourd'hui : "Vous sentez-vous meilleur à la radio ou à la télévision ?", je vous répondrais à la radio. Donc, oui, j'aurais aimé faire une émission de divertissement. D'un autre côté, pour y avoir beaucoup réfléchi - je n'ai jamais été demandé d'ailleurs -, je me dis : "Est-ce que tu serais aussi drôle dans une émission de divertissement que tu arrives à l'être en jouant avec ces situations complètement ubuesques ?". Et bien, je n'en suis pas sûr. L'avantage aujourd'hui, c'est que je fais rire malgré moi. Je profite des situations où je me fais envoyer paître pour en faire un show. Alors, je me suis dit que non, je n'arriverai pas à faire ça. Mais c'est vrai qu'un jour, j'aurais bien aimé faire un petit divertissement sur RTL. Une émission de week-end autour de l'actu, pourquoi pas.

Cette chasse aux arnaqueurs, vous la faisiez déjà à la télévision dans "Sans aucun doute" sur TF1. Pourquoi est-ce que ce format d'émission n'existe plus sur le petit écran ?
Parce que je crois que celle qui a existé a tellement été forte que personne ne veut maintenant aller là-dessus. On se dit qu'on ne fera pas mieux. Si vous me posez la question "Est-ce que je le referais ?", je vous dirais oui à une seule condition : que ce soit en direct sur M6 ou sur une chaîne du groupe M6. Mais je ne la referais plus en enregistré. C'est une émission qui doit se faire en direct. Il faudrait peut-être qu'elle soit moins longue qu'elle ne l'était. Elle faisait 2h30 à l'époque sur une heure de diffusion. Mais ce n'est absolument pas à l'ordre du jour et je peux vous garantir qu'il n'y a pas eu un seul échange là-dessus, ni avec Thomas Valentin, ni avec Nicolas de Tavernost.

"Je n'ai jamais compris pourquoi France Télévisions ne s'intéressait pas à ce type d'émission." Julien Courbet

Est-ce que ce type d'émission ne devrait pas être sur le service public ?
Oui, c'est une émission de service public. Elle le serait encore plus en deuxième partie de soirée puisqu'il n'y aurait pas de publicité à ce moment-là. Il y a toujours les problèmes de l'annonceur. Oui, ça pourrait être sur le service public. Je n'ai jamais compris d'ailleurs pourquoi France Télévisions ne s'intéressait pas à ça. Mais bon, il doit y avoir de bonnes raisons.

Vous avez d'ailleurs été à France Télévisions et la fin de votre parcours au sein de ce groupe ne s'est pas forcément bien passée. Avec du recul, comprenez-vous la décision de la direction en 2013 de vous évincer pour une histoire de tweets ?
Déjà, sachez que quand je tourne la page, je la tourne très vite, vraiment. C'est un truc qui m'est complètement sorti de la tête. C'est un truc auquel je ne pense plus. L'histoire est très simple. La case que j'animais était promise à quelqu'un d'autre. Je le sais maintenant. C'est sûr. Ce n'est pas du tout le tweet qui a déclenché mon éviction. De toute façon, il aurait fallu me le dire. Ils ont profité de ça. Mais la case était prévue pour autre chose. Le feuilleton allemand qui est venu derrière avait déjà été vendu. Ils avaient le DVD en main, prêt à le mettre. Il fallait trouver quelque chose, ça a été ça. Je ne regrette pas une seconde. Ce dont j'ai envie, c'est d'avoir une palette la plus large possible. J'aurais pu m'installer dans un confort qui était celui de défendre les gens à la radio et à la télé. A un moment donné, j'ai décidé de changer. J'étais au bout de la route. Je l'ai fait 17 ans. J'avais besoin pour me bonifier de passer à autre chose. Il fallait peut-être que je passe par le divertissement. Il fallait que je trouve d'autres techniques d'animation, que je découvre d'autres choses. France Télévisions m'a permis de le faire. Ca ne s'est pas aussi bien passé que prévu. Mais je l'ai quand même fait. J'ai fait des choses intéressantes. Ma grande fierté est d'avoir créé un jeu de service public, "Seriez-vous un bon expert ?". C'est une création ! Mine de rien, c'était à 11,5% de PDA. Il a fallu attendre très longtemps avant de les retrouver. On expliquait aux gens des tas de choses, sur la science, sur l'alimentation, etc. C'est une expérience qui a contribué à ce que je sois là à vous parler. Je me suis nourri de ces années TF1, France 2 et C8. Aujourd'hui, je veux faire profiter M6.

"Je regrette d'avoir animé 'Les enfants de la guerre' sur TF1" Julien Courbet

Vous êtes toujours très actif sur Twitter. Est-ce que vous prenez désormais plus de précautions pour écrire certains de vos messages ?
Evidemment, je fais très attention maintenant. Le problème, c'est que les gens les lisent à moitié. Imaginez : vous avez tweeté un truc à 10h, vous y revenez à 14h. Ceux de 14h n'ont absolument pas lu ce que vous avez dit à 10h. Alors, maintenant, effectivement, je fais attention. Je m'en sers pour expliquer ce que je fais dans la vie. Je donne des rendez-vous. Je donne également des opinions comme la défense animale qui me tient particulièrement à coeur. Mais je ne rentre plus dans ce genre de choses. Je préfère les dire à un journaliste face à moi qui va pouvoir creuser la chose et en parler, plutôt que l'écrire en 140 signes - même si on a droit à un petit peu plus - où on ne va pas pouvoir expliquer les choses.

Votre carrière est tout de même déjà assez longue. Avez-vous des regrets sur des choix que vous avez pu faire ?
Il y a eu une ou deux émissions, effectivement. Je n'ai vraiment pas beaucoup de regrets parce que je me laisse guider par mon instinct. Parfois bonne pioche, et parfois non. Il y a vraiment une émission que je regrette il y a très longtemps. Je n'ai pas vu le piège arriver. C'était une émission à l'époque sur TF1 qui s'appelait "Les enfants de la guerre". C'était une émission pour mettre en avant les enfants qui marchaient sur des mines et qui se retrouvaient amputés. C'était Luciano Pavarotti qui dirigeait cette association et qui avait demandé à ce que l'on fasse une émission. Sauf que cette émission, il y avait tout et n'importe quoi dedans. Déjà Pavarotti, qui était là toute l'émission, n'accordait au présentateur que dix minutes pour une émission d'une heure et demi. Il fallait qu'en dix minutes, on fasse "Bonjour", un peu du milieu et la fin de l'émission. N'importe quoi. Ensuite, il y avait des chanteurs, des reportages très graves, des journalistes. C'était une espèce de melting pot. Avant de me le proposer - je l'ai su bien après -, on l'a proposé à tout le monde. Tout le monde a vu le truc et a dit non. On m'a appelé l'avant veille en me disant : "Tu serais formidable pour faire ça". J'étais jeune. J'ai cru ce qu'on m'a dit. Après, l'émission n'a pas été un drame d'audience. Mais le lendemain, à juste titre, la presse s'est déchaînée. Dans ces cas-là, on se déchaîne sur l'animateur. Je n'étais ni producteur, ni rien. C'est vrai que c'était un peu du grand n'importe quoi. A l'époque, on m'avait demandé de rencontrer Pavarotti. J'étais à son hôtel. J'ai attendu 45 minutes parce qu'il regardait Inter Milan/Naples. On aurait au moins pu me mettre le match de foot (rires) ! Il le regardait dans son salon, j'étais à côté. Je l'entendais crier à côté. Il est sorti en peignoir (il prend l'accent italien, ndlr) : "Bonjour bonjour. Très bien pour l'émission. Au revoir". Il est reparti voir la deuxième mi-temps. Je me suis dit "mince". De toute façon, une vraie carrière ne peut pas être faite que de bons moments. Ca nous endurcit et on analyse quand on se prend des baffes. Il faut en prendre.

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