Et de deux ! Pour la deuxième année consécutive, vous avez désigné Karine Le Marchand comme votre animatrice préférée lors des TV Notes 2015, devant Cristina Cordula et Sandrine Quétier. L'animatrice de "L'amour est dans le pré" est évidemment RA-VIE. puremedias.com l'a rencontrée pour lui remettre son prix.
Propos recueillis par Benoît Daragon.
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puremedias.com : Votre histoire d'amour avec le public, ça devient du sérieux ! Deux ans, ce sont les "noces de cuir". Alors, heureuse ?
Karine Le Marchand : Oui, très ! Je ne suis pas très sensible aux sondages en général surtout quand ils sont faits sur un échantillon soi-disant représentatif. Mais quand ça vient directement du public, ça fait plaisir ! Il ne faut pas faire ce métier-là pour être aimé mais par passion. Etre aimé, c'est une conséquence. On vit dans une société où on est sans cesse critiqué, on porte davantage attention à ce qui ne va pas qu'à ce qui va. Et c'est agréable de voir que, de temps en temps, es gens nous disent qu'ils aiment bien ce que nous faisons.
Merci à ces agriculteurs célibataires surtout qui vous permettent de toucher le coeur des Français !
Evidemment ! Mais ça tombe l'année où je fête mes 20 ans de télévision ! Ca me fait plaisir que ce prix vienne fêter cet anniversaire-là.
Alors qu'elle entame sa 10eme saison, "L'Amour est dans le pré" ne marque aucun signe d'érosion. Sincèrement Karine, ça vous étonne ?
Il y en a d'autres, des émissions qui durent ! Je pense au "Journal de la santé" par exemple. Et ce sont toujours des émissions humaines... C'est l'une des conclusions : le divertissement a une durée de vie plus courte qu'un programme qui touche le coeur des gens. Pour le reste, bien sûr que j'ai peur d'ennuyer, à commencer par moi-même. Comme dans un couple, l'ennemi c'est la routine. Pour savoir si l'émission lasse ou pas, je me base sur mon équipe. Si je les vois amusés ou émus, c'est bon signe !
Vous n'avez pas fait le tour du concept ?
Non, je ne crois pas ! Moi, chaque année, je découvre encore des choses. Comme on respecte les agriculteurs, on a de plus en plus de demandes. Des gens qui ne sont pas dans le cliché, et qui nous ouvrent les portes de professions méconnues ou qui ont des parcours étonnants. C'est le cas de Jacky cette année : il a fait une école de commerce et est allé pendant trois ans en Australie. Il en est revenu avec plein d'idées pour élever le cochon de façon très raisonnée, presque biologique ! En face, on a Florent qui, au contraire, fait du cochon en élevage intensif dans la ferme de ses parents. Bref, on montre qu'il y a plein de façons d'être agriculteur ! En une décennie, on voit que les agriculteurs prennent de plus en plus conscience de la qualité de leurs produits et qu'ils ne peuvent pas faire manger n'importe quoi à n'importe qui. Et on continuera de le faire, lors de la saison 11 que nous préparons actuellement.
La nouveauté de la saison, c'est la participation de Guillaume, le premier candidat homosexuel. Il a quitté l'aventure prématurément. Vous regrettez son départ ?
Oui, son départ est extrêmement décevant. On a suscité du désir chez des prétendants pour rien. Mais, j'ai trouvé ça honnête de sa part qu'il parte plutôt que de faire croire à ses prétendants que ça pourrait déboucher sur une histoire sérieuse, alors qu'il avait quelqu'un d'autre en tête. Notre fierté, c'est aussi de ne pas faire de la télé-réalité mais de respecter la décision de chacun. Les agriculteurs n'ont pas de contrat. Donc ils sont libres de renoncer pour des raisons qui sont parfois liées à l'exposition médiatique que la diffusion de leur portrait a créé.
Si l'histoire de Guillaume tourne court, il pourra retenter sa chance ?
Non, je ne pense pas qu'il faille donner une seconde chance à quelqu'un qui est fragile. Je souhaite à Guillaume que son histoire fonctionne mais en dix saisons, aucune des relations qui a commencé grâce à l'émission mais hors caméra n'a marché, jamais ! Ce n'est pas rien de faire "L'amour est dans le pré". A chaque fois, au moment du courrier, ces candidats qui ne se pensaient pas"aimables sont troublés par tout les propositions qu'ils reçoivent. Certains ont du mal à gérer. Guillaume cherchait sincèrement l'amour et il a été bouleversé par l'émission. Il a choisi de vivre une histoire hors caméra. Chaque année, après la diffusion des portraits, certains agriculteurs sont contactés directement à leur domicile par des personnes qui ne souhaitent pas passer à la télé. Certains ont compris que c'était dangereux et peut-être un peu factice. Moi, je leur dis toujours de se méfier des gens qui les contactent directement parce que parfois ils ont de grosses casseroles.
Guillaume était le premier gay à participer à l'émission, ce que vous cherchiez depuis plusieurs saisons. Vous êtes contente que cette digue soit rompue ?
J'espère que son départ en cours de route n'aura pas d'incidence sur l'image que les gens ont des homosexuels... Et qu'on ne va pas en tirer des conclusions idiotes et renforcer des idées reçues sur la frivolité supposée des gays. Pour ça, je suis contente qu'Eva et Guillaume soient partis en même temps. Ca limite les clichés. Mais je suis très contente que Guillaume ait reçu de nombreux encouragements. Les gens sont prêts à voir un homosexuel dans l'émission, j'espère qu'il y en aura un autre la saison prochaine !
Cette année, on a découvert une nouvelle facette de vous en écoutant "Les Grosses têtes". Vous êtes coquine !
Mais ça fait des années ! Ceux qui regardaient "Les Maternelles" ne doivent pas être surpris ! Mais comme c'est une émission d'humour, on ne me coupe pas au montage. Je suis comme ça dans la vie, je ne passe pas une journée sans dire de bêtises. Et j'adore étonner mes interlocuteurs en disant de petites provocations. Donc comme les auditeurs des "Grosses têtes" aiment les grivoiseries, je me lâche !
Comme êtes-vous arrivée dans l'émission ?
Le plus simplement du monde. Laurent Ruquier m'a appelée pour qu'on se rencontre dans le but d'intégrer son équipe. Il m'a dit de venir une fois pour tester. J'avais peur car je n'ai pas une grande culture classique pour trouver des auteurs, contrairement à quelqu'un comme Bernard Mabille. Mais finalement je trouve pas mal de réponses, je suis joueuse donc je pose des questions, qui peuvent aider les autres. Je suis à l'aise dans les joutes verbales et la bonne humeur. Ils sont très drôles mes petits camarades !
Vous n'avez pas hésité ?
Non car Laurent Ruquier m'a dit qu'il voulait faire un mélange entre les anciens de RTL, son équipe d'Europe 1 et faire venir des nouveaux pour retrouver l'esprit originel des "Grosses Têtes" où se mélangeait des comédiens, des personnalités, etc.
Il y a quelques mois, vous aviez indiqué écrire un one woman show. Vous en êtes où ?
Je continue à avancer mais j'ai beaucoup bossé cette année avec le lancement de mon application pour le running Smilesrun. 15 ou 16 heures par jour... Je n'ai quasiment pas eu de vie sociale. Je ne suis pas beaucoup sortie. Je ne me vois pas repartir immédiatement sur un autre gros projet, j'ai besoin de me poser, de retrouver de la souplesse. Donc ça ne sera pas avant 2016/2017.
"Qu'est-ce que je sais vraiment ?", votre autre émission, va revenir l'année prochaine ?
Je pense. M6 est contente et moi aussi car j'adore bosser avec Stéphane Plaza. Je pourrais ne faire que ça dans la vie, c'est la récréation. C'est une joie de bosser avec son ami.
Vous avez d'autres projets avec M6 ?
Oui, on parle de plein de choses mais rien de très avancé ! J'avoue que je fais un peu l'escargot, je ne suis pas en demande de nouvelles émissions. J'attends qu'ils viennent vers moi. Je suis ouverte à des propositions. Sur le principe, j'aime bien travailler.
La chaîne ne va pas très bien, elle doit se renouveler. Vous n'avez pas envie d'être le visage de la relance ?
Ca ne se passe pas comme ça : on parle d'un projet et on voit si je suis la meilleure pour l'incarner ou non. Mais avec "L'amour est dans le pré", il y a beaucoup de choses que je ne peux pas faire. L'emploi du temps de cette émission n'est pas compatible avec une quotidienne. Mais une hebdo, pourquoi pas ?
Ce mercato a été marqué par le départ de plusieurs animateurs des chaînes historiques vers de petites chaînes, comme celui de Valérie Damidot passée de M6 à NRJ 12. Vous comprenez ce choix ?
Je ne connais pas les intentions de Valérie Damidot car elle ne m'a jamais adressé la parole (rires). Quand je suis partie des "Maternelles", qui cartonnaient, tout le monde me disait que j'étais folle. Je pense que c'est très important pour un animateur de ne pas être dans la routine parce qu'on devient mauvais. Quand on ne se sent pas bien quelque part, que ce soit dans sa vie privée ou professionnelle, je pense qu'il faut se mettre en danger. Mais la question ne se pose pas du tout pour moi !