Rigueur oblige, la Cour des comptes traque plus que jamais les gaspillages. Dans son rapport annuel dévoilé ce matin, la Cour demande à l'Etat de réduire drastiquement ses dépenses et montre du doigt certaines dérives. Parmi les dépenses dénoncées : les aides à la presse, qui auraient presque doublé depuis 2008, année durant laquelle ont eu lieu les états généraux de la presse.
L'institution estime qu'en 2009, les subventions du ministère de la Culture et de la Communication en faveur de la presse écrite s'élevaient à 324,3 millions d'euros, selon les données raportées par Le Monde. Une hausse substantielle des dépenses par rapport à 2008, où 170,1 millions d'euros "seulement" avaient été distribués. Selon la Cour des comptes, si on additionne l'ensemble des aides publiques, directes et indirectes, venant des autres ministères (Economie, Transport, etc.), c'est 5 milliards d'euros qui ont été versés à la presse entre 2009 et 2011 !
La Cour n'hésite pas à publier la liste des journaux les plus aidés ! Selon elle, Le Monde est a reçu pas moins de 18,4 millions d'euros perçus entre 2009 et 2011. Il est suivi par Le Figaro (17,2 millions), Ouest France (15,7 millions), La Croix (10,0 millions) et Libération (9,9 millions). Des chiffres que le quotidien du soir conteste. Sa direction souhaite que ces chiffres soient comparés avec le nombre de numéros vendus par chaque titre. A ce jeu-là, L'Humanité est devant tous les autres avec 48 centimes d'aide par numéro.
Plus grave, les Sages de la Cour des comptes estiment que ce surplus de subvention n'a pas amélioré la situation de la presse. Au contraire ! Les importants problèmes de distribution sont loin d'être résolus, comme le prouve la situation dramatique de Presstalis. Autre exemple, l'aide au portage serait passée de 8 à 70 millions d'euros par an 2009 à 2011. Pourtant, le recours à ce moyen de distribution, qui privilégie la dépôt à l'aube des quotidiens au domicile des abonnés plutôt que l'envoi par La Poste, n'a augmenté que de 3% par an sur la période...
Du coup, la Cour relance le débat de la différentiation des aides. Elle souhaiterait que la presse de loisirs (magazines de télévision, de mode, people, etc.) ne bénéficie que d'aides limitées. Et que seule la presse d'information politique et générale (les quotidiens et quelques magazines), soit aidée au nom du pluralisme de l'information.