Laurence Bloch revient sur l'affaire Pierre-Emmanuel Barré. Ce matin sur son antenne, la patronne de France Inter est revenue sur le départ de l'humoriste, que ce dernier a annoncé mercredi soir. Pierre-Emmanuel Barré a justifié cette rupture par la "censure" dont l'une de ses chroniques aurait été victime par Nagui, l'animateur et producteur de "La Bande originale", l'émission dans laquelle il intervient chaque mercredi.
Laurence Bloch a commencé par rappeler précisément les faits : "Mercredi, Pierre-Emmanuel Barré a décidé de consacrer sa chronique à la stigmatisation des abstentionnistes en disant : 'Arrêtez de nous dire que ce n'est pas bien, laissez nous faire ce qu'on a envie de faire, on est assez grand'. Tout ça se passe quelques minutes avant l'émission. Le producteur Nagui s'en est ému et lui a dit qu'il considérait que cette défense des abstentionnistes était grave et que l'abstention était une menace au pacte républicain. Ce qu'on peut comprendre, vu l'hystérie de la semaine", a raconté Laurence Bloch.
Cette dernière a poursuivi son récit : "La discussion n'a pas eu le temps de s'engager. Pierre-Emmanuel n'a pas voulu bouger d'une ligne, d'un iota sa chronique, ce que je peux comprendre. Nagui a décidé de ne pas la passer. Acte I : la chronique n'a donc pas été diffusée par France Inter le mercredi à 11h30".
Laurence Bloch a enchaîné : "Acte II : Dès l'après-midi, Nagui envoie un SMS à Pierre-Emmanuel Barré lui disant : 'Pierre-Emmanuel, viens faire ta chronique demain sur France Inter. Nous ne toucherons à aucune ligne. Elle sera diffusée dans son intégrité. Si demain, ce n'est pas le bon moment car ce n'est pas ton jour et que tes auditeurs ne seront pas là, reviens la semaine prochaine (...)'. Dans la foulée, France Inter met sur le Facebook de l'émission de Nagui la chronique que Pierre-Emmanuel Barré avait réalisée lui-même avec ce grand bandeau 'censure'".
"Acte III : Le lendemain, je vois Pierre-Emmanuel Barré. Je lui dis que je regrette infiniment qu'on n'ait pas eu le temps d'en parler ensemble. Pierre-Emmanuel me dit qu'il ne souhaite pas continuer pour le moment dans l'émission de Nagui et qu'il a besoin de prendre des vacances. Et on décide de se revoir pour la rentrée. C'est une série télé, un petit feuilleton", a ironisé Laurence Bloch.
Après ce rappel des faits, la directrice de France Inter a tenu à préciser une nouvelle fois les choses : "Je le redis fortement : La liberté d'expression sur France Inter, pour les humoristes comme pour les éditorialistes, est totale. La seule limite, c'est la loi. Mais je dis aussi : la liberté d'expression doit pouvoir s'accompagner d'une liberté de discussion (...) On a le droit de s'interpeller. Si après cette discussion, cette controverse, la chronique n'est pas diffusée, là il y a censure", a-t-elle estimé.
Et de récuser l'emploi du mot de "censure" par Pierre-Emmanuel Barré : "A ce stade, on n'en est pas là. On a proposé à Pierre-Emmanuel de revenir, de la faire dans son intégralité, on l'a publiée sur le Facebook. Il faut faire attention, particulièrement en ce moment, aux mots qu'on utilise. Le mot 'censure' est un mot fort. Il veut dire quelque chose. Je pense qu'à ce stade, on n'en était pas là sur France Inter", a-t-elle conclu.