L'aventure devait bien s'arrêter un jour pour Laurens. Le deuxième plus grand maestro de "N'oubliez pas les paroles" a rendu son micro d'argent ce jeudi 30 novembre après 58 victoires dans le jeu présenté par Nagui sur France 2. S'il n'est pas parvenu à vaincre Margaux (59 victoires et 530.000 euros de gains), ce doctorant en mathématiques de 23 ans repart tout de même avec la coquette somme de 457.000 euros accumulés au fil de sa participation. Il réagit à chaud à sa défaite et à son parcours dans le jeu musical pour puremedias.com.
Propos recueillis par Maxime Fettweis
Puremédias : Comment expliquez-vous votre défaite au bout de 58 victoires
Laurens : Je suis tombé sur une "même chanson" qui est très difficile mais que je pensais avoir bien révisé. Je ne sais pas si c'est un moment de déconcentration ou de fatigue ou si je ne me rappelais simplement plus de la bonne phrase et je n'ai pas dit les bonnes paroles assez vite dans la chanson. Quand Frédéric a commencé à chanter la chanson et qu'il a très vite avancé dans les paroles, j'ai vite compris que ça sentait le roussi pour moi. Le fait d'avoir frôlé la sortie sur "Les sunlights" quelques émissions plus tôt, je me suis dit que tout ce que j'avais fait depuis ce jour-là ce n'était que du bonus et j'avais déjà usé mon joker, cette fois-ci ça n'allait pas passer.
Avez-vous un regret ?
C'est sûr que quand je suis rentré chez moi et que je n'étais plus dans les conditions du plateau où je n'avais pas le stress, la pression, la fatigue, les paroles de la chanson sont revenues et je trouvais ça dommage de m'être trompé à ce moment-là. Mais pas d'amertume car je sais que les conditions du plateau sont uniques et forcément, ça peut entraîner des erreurs.
En voulez-vous à Frédéric ?
Le sentiment que j'ai c'est qu'il n'a pas volé sa victoire. Pendant les 20 minutes d'émission qu'on a passées ensemble, on a beaucoup rigolé. Ça avait vraiment l'air d'être un type bien donc j'étais content que quelqu'un d'autre puisse vivre ce que j'ai vécu. Parce que pendant 58 émissions, je n'ai pas partagé le micro et j'ai vécu des choses exceptionnelles pendant que je renvoyais des challengers chez eux.
Vous vous étiez déjà fait à l'idée que malgré vos performances, cela pouvait s'arrêter aussi rapidement ?
J'avais déjà en tête que ça tenait à pas grand chose et je savais que j'étais plus proche de la fin que du début dans tous les cas. Car tous les maestros ont eu du mal après 50 victoires. J'aurais aimé faire plus mais visiblement il y a un plafond de verre à 60 victoires qui est difficile à dépasser.
"Quand j'ai candidaté, l'objectif c'était juste de venir m'amuser"
Vous étiez à une victoire des 59 émissions remportées par Margaux, la plus grande maestro de "N'oubliez pas les paroles". Est-ce un regret de ne pas l'avoir vaincue ?
Une fois que je suis passé deuxième, j'essayais de ne pas penser à la première place. Mais c'était difficile de ne pas y penser et c'était dans un coin de ma tête. Donc forcément, lors des toutes dernières émissions, ça devenait un objectif la première place. Mais j'ai atteint tellement d'autres objectifs avant que ce n'est pas grave de ne pas avoir rempli celui-là.
Quelle sensation vous a parcouru lorsque vous êtes devenu le deuxième maestro le plus victorieux de l'émission ?
C'était exceptionnel, c'était le moment le plus émouvant de tout mon parcours parce que jusque-là, il y avait beaucoup de marches à gravir, je restais un peu caché dans le peloton du classement. D'un coup, quand je suis devenu deuxième, il ne restait plus qu'une marche à gravir et j'ai réalisé d'un coup tout ce que c'était. C'était incroyable. Depuis quelques émissions c'était devenu un peu l'objectif puisque je savais que 10 émissions avant, j'étais "seulement" à 80.000 euros de devenir deuxième. Donc pendant toute une série de tournage, c'était le graal à atteindre et au moment où c'est arrivé, je n'étais pas loin des larmes.
Quel était votre objectif en intégrant l'émission ?
L'objectif c'était juste de jouer parce que ça faisait longtemps que j'essayais. J'avais fait mon premier casting en juin 2020, et quand j'ai candidaté, l'objectif c'était juste de venir m'amuser. Je regarde "N'oubliez pas les paroles" depuis très longtemps et j'aime l'idée du jeu. À force de révisions, quand j'ai réussi à gagner une fois, les objectifs sont venus au fur et à mesure. Je n'ai jamais pensé atteindre ce niveau-là.
Quel a été votre entraînement ?
Depuis trois ans, j'apprenais tous les soirs de nouvelles chansons. Les derniers mois, j'ai consolidé ce que j'avais appris presque jusqu'à l'overdose pour les maîtriser sur le bout des doigts et au bout de trois ans ça a payé.
"Il y a des moments où je n'avais aucune peur de perdre"
Ça a payé plus que ce que vous auriez pu imaginer...
Mille fois plus. Déjà rien que d'avoir le micro d'argent et de gagner un peu d'argent, c'était beaucoup. Dès la première émission, j'ai fini avec 10.000 euros. Le contrat était déjà rempli et plus que rempli. Je n'avais pas d'objectif d'argent en arrivant et déjà à 50.000 euros, je me suis dit que les trois années de révisions, c'est comme si j'avais eu un salaire dessus et un salaire très correct.
Puisque vous n'aviez pas d'objectif au départ, à quel moment vous êtes-vous laissé emporter par la compétition ?
Quand je suis arrivé vers les 100.000 euros, je me suis dit que c'était une occasion en or d'aller chercher les masters. Et puis ça a été graduel. Quand je suis rentré dans les Masters, l'objectif c'était de m'éloigner de la dernière place et ensuite d'entrer dans le top 18 pour le tournoi des maestros et ensuite il y avait le top 10 qui n'était pas loin... Donc à chaque fois je me fixais de petits objectifs accessibles. Je n'ai jamais réalisé que je pourrais aller aussi loin puisque à chaque fois c'étaient de petites marches. Et c'est seulement quand j'ai atteint la deuxième place du classement que je me suis retourné et je me suis dit : "Wow !"
Est-ce qu'il y a un moment où vous avez eu un excès de confiance ?
C'est vraiment très grisant comme sensation. Pour être très honnête, pendant ma série de 18 clochettes consécutives, il y a des moments où je n'avais aucune peur de perdre. C'est presque prétentieux mais j'étais très en confiance sur le plateau et ça m'a réussi à certains moment plus que d'autres.
Estimez-vous qu'au-delà de vos bonnes révisions, vous avez eu de la chance par moments ?
Exactement. C'est une émission où on a beau avoir beaucoup travaillé, il y a de la chance sur les chansons qui tombent. Il y a aussi les conditions, mentalement et physiquement, où on est fatigués et c'est une combinaison des deux. On reste humain. À tout moment on peut déraper et c'est ça qui est bien aussi, que ce ne soit pas toujours celui qui est fort sur le papier qui l'emporte.
Est-ce que vous avez à un moment été déstabilisé par les conditions de tournage, très intenses ?
Non. Je ne savais pas à quoi m'attendre en entrant sur le plateau. Nagui m'a mis à l'aise de suite et en fait je regardais surtout le public devant moi plus que les caméras.
Vous avez finalement passé pas mal de temps avec Nagui. Quelle est votre relation aujourd'hui ?
C'est difficile à décrire. J'ai vécu quelque chose d'unique à ses côtés, ça change ma vie. C'était génial, il a toujours été gentil, bienveillant, à faire des blagues, on s'est tout de suite très très bien entendu. Je pense qu'on est devenus assez proches même si c'était éphémère sur le temps du plateau, on se reverra mais c'est vrai que je suis assez content d'avoir eu de bonnes relations avec lui pendant toutes ces journées de tournage.
"Que de grands maestros que j'admire parlent de moi et citent mon nom, c'était un peu irréel"
Au final, vous repartez avec 457.000 euros de gains. Imaginiez-vous repartir avec un tel pactole ?
Vraiment pas. C'était inespéré, je n'y allais pas pour l'argent au début.
Comment comptez-vous utiliser votre gain ?
Je vais sûrement faire des voyages. Je sais que mon père rêve d'aller en Australie et ma mère aux États-Unis donc on pourra organiser ça. Une fois que les voyages et les petits cadeaux du quotidien seront faits, il restera beaucoup d'argent et c'est encore en réflexion pour trouver la meilleure façon pour l'investir et pour l'utiliser.
Est-ce une satisfaction pour vous de revenir lors des Masters ?
J'ai ressenti beaucoup de bonheur quand je suis rentré dans les Masters. Il y en a beaucoup qui ont joué à l'émission et qui ne peuvent plus jamais revenir alors qu'ils adorent. Moi j'ai cette chance de pouvoir revenir chaque année... Comme je suis bien placé, j'imagine que je pourrais revenir pendant un petit moment. C'est un vrai bonheur de continuer à pouvoir jouer car c'est ma passion depuis plusieurs années maintenant.
Avez-vous vu les réactions de grands maestros comme Renaud ou Kevin qui vous ont félicité pour votre parcours ?
C'est adorable et très fair-play de leur part de me féliciter alors qu'ils ont perdu une place. Je les en remercie. C'est génial d'avoir des messages de ces grands maestros que j'ai regardé il y a longtemps à la télé et que j'admire depuis tout ce temps. Parler de moi et citer mon nom, c'était un peu irréel.
Envisagez-vous les Masters comme un moyen de battre Margaux en face à face ?
Je pense que Margaux est largement meilleure que moi à l'heure actuelle en niveau de chanson, on l'a vu lors des derniers Masters (où elle a remporté 101.000 euros en octobre 2023, ndlr). J'aimerais bien faire un match contre elle pour m'amuser et juste pour voir. Je ne donne pas cher de ma peau. Je ne sais pas exactement comment fonctionnent les tirages au sort des Masters mais j'imagine que si je la rencontre ce sera vers la fin donc il faudra d'abord que je passe toutes les autres étapes et ce ne sera pas chose aisée.