Laurent Ournac : "Je voulais faire de 'Camping paradis' une série américaine à énorme budget"

Laurent Ournac incarne le patron de camping Tom Delormes depuis 18 ans sur TF1 dans la série "Camping paradis" (qui va avoir le droit à un véritable marathon de diffusion pendant les Jeux olympiques). Le comédien, qui est aussi réalisateur, évoque, pour puremedias.com, justement la casquette de réalisateur qu'il endosse pour certains épisodes, mais aussi les bonnes audiences de la série.

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Propos recueillis par Laura Bruneau

puremedias.com : Cette saison, davantage d'épisodes ont été tournés, par rapport à la saison passée. Est-ce le succès des audiences qui a incité la chaîne à commander plus d'épisodes ?
Laurent Ournac : On en a tourné 5 en 2023, on en tourne 5 en 2024 au camping et c'est vrai que cette année, on aura, en plus, un épisode événement au Maroc. On revient à 6, qui était le nombre jusqu'en 2020 où on tournait 6 soirées par an. Au moment du Covid, on en a fait moins parce qu'on s'est dit qu'on était peut-être arrivé au bout de la série et puis, finalement, les audiences sont toujours très consolidées. TF1 a augmenté le carnet de commandes. Si on nous en demande plus c'est parce qu'effectivement les gens sont là, fidèles année après année. On est là depuis 2006, on a vu énormément de changements dans le média et malgré tout les gens sont fidèles. Comme c'est aussi une série familiale, il y a un public jeune qui se détourne progressivement, avec les années de "Camping" mais, en même temps, il y a toujours des gens qui prennent en cours de route. Les petits arrivent quand ils ont l'âge de commencer à regarder des séries et la télé. Finalement le public se renouvelle aussi et tient année après année avec des audiences tout à fait honorables aujourd'hui. Tant qu'il y a cette demande de la part du public de nous suivre, du côté de TF1 je pense qu'il n'y a pas de raison d'en faire moins ou d'arrêter.

Vous prenez de plus en plus part à la réalisation sur "Camping paradis ", notamment cette année avec l'épisode au Maroc. Comment êtes-vous arrivé à la réalisation ?
On s'en est parlé avec Richard Berkowitz, le producteur de la série, il y a quelques années. J'en parlais un peu légèrement, sous forme de blague au départ en disant : "le jour où je vais réaliser vous allez voir, il y aura des hélicoptères, des explosions..." Je voulais faire de "Camping paradis" une série américaine à énorme budget. C'était plus sous la forme de plaisanterie mais je pense que Richard s'est dit : "pour qu'il en parle autant c'est qu'il y a peut-être quelque chose à creuser." Un jour Richard m'a dit : "il y a du sérieux dans ce que tu racontes ou c'est vraiment que pour rigoler ou est ce que dans le fond tu as envie de réaliser ?" C'est le moment où il faut savoir répondre et j'ai dit : "oui, bien sûr, je suis sérieux". On a creusé là dessus. TF1 et la production ont dit "essayons de confier un épisode à Laurent en tant que réalisateur, on verra ce que ça donne" et puis voilà ça s'est bien passé. J'en ai fait un, j'en ai fait deux, j'en suis à mon dixième ou onzième épisode.

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Qu'est-ce que cela vous apporte en plus du jeu ?
C'est plutôt chouette. Ce qui m'animait dans le fait de passer derrière la caméra c'est de pouvoir travailler avec les acteurs, les accompagner, les aider à trouver le personnage. C'étaient des choses que j'avais déjà faites un peu avant au théâtre. À l'époque où je faisais du théâtre d'impro, j'ai coaché des comédiens. Je savais que ça me plairait et que je savais faire. C'est plus la partie technique qu'il fallait que j'apprenne. À l'époque, je passais 120 jours dans l'année sur des plateaux de tournage, ça laisse du temps pour regarder chaque poste et comment chacun travaille, comment chaque réalisateur aborde, détaille chaque scène. Petit à petit j'apprends, je m'améliore encore sur la partie technique. J'ai une bonne équipe avec moi, qui m'accompagne. Ça m'a fait beaucoup de bien à l'époque, c'était une période où je commençais un peu à me poser des questions, ça faisait déjà plus de 10 ans qu'on tournait la série. Il y a des moments où on se demande si ça va encore continuer longtemps. Ça m'a fait un bien fou, ça m'a reboosté, ça m'a repositionné aussi au sein de l'équipe car le réalisateur est le chef d'orchestre du plateau, tout le monde vient lui parler, tous les départements viennent à son contact pour savoir ce qu'il attend du décor, du son, de l'image... En tant qu'acteur on n'est pas au centre de tout, on est vraiment sur le plateau avec l'équipe mise en scène et les gens de l'image, mais après les autres équipes on ne les voit pas toujours, on n'a pas forcément d'interaction avec eux.

Finalement, ça s'est plutôt bien passé ?
La partie technique que j'appréhendais un peu, aujourd'hui me passionne. C'est un pari réussi, j'en suis ravi. Je pense aussi à l'avenir et je me dis que le jour où "Camping" s'arrêtera, après avoir passé autant d'années dans un rôle et à occuper le créneau des vacances des gens, il y aura forcément un moment où on me verra moins à la télé. J'aurais passé la case premier rôle d'une série pendant 18 ans sur TF1, j'en aurai pas une deuxième. Je serais un peu moins à l'image alors être derrière la caméra et de pouvoir travailler, m'épanouir toujours sur les plateaux, d'une façon différente, c'est aussi une façon de voir l'avenir.

Le tournage de l'épisode au Maroc a été plus compliqué qu'en France ?
Ce n'est pas forcément plus compliqué, mais c'est différent parce qu'on part dans un pays étranger, où il y a d'autres codes du travail, d'autres contraintes. Ce sont des choses nouvelles à découvrir et à apprendre. Je suis parti en repérages avec mon équipe avant puisque c'est vrai que les seules choses de la série qu'on emporte avec nous, c'est les comédiens. Tout le reste est un nouveau projet et un vrai unitaire à construire. Toute la partie repérages, trouver l'hôtel dans lequel on tourne, les décors en ville, dans les souks, dans le désert... Il y avait pas mal de décors à trouver, tous ces repérages se font en amont. Et après découvrir et composer sur place avec une équipe technique locale. Il y a énormément de tournages au Maroc, ils ont l'habitude de tourner dans toutes les configurations possibles.

Quelle a été la plus grosse difficulté de ce tournage au Maroc ?
On a tourné sur la place Jemaa el-Fna à Marrakech, dans les souks, c'est un petit peu plus complexe que de tourner dans un petit camping du sud de la France. La place Jemaa el-Fna est animée H24, il y a du monde tout le temps, la journée encore plus, avec les touristes c'est très, très dense. C'est un peu comme tourner à Times Square à New-York, ça ne s'arrête jamais. Arriver avec une équipe de tournage et espérer vider la place, bloquer les rues, ça ne se fait pas. Il faut arriver à composer avec, tourner vite, il y a du bruit tout le temps. Pour le son, on demande toujours le silence autour. Là, il y a de la musique, des fanfares, tous les bars qui font du bruit donc il faut se dire qu'il faudra sûrement refaire une partie des dialogues en post-synchro dans des cabines de doublage comme pour les dessins animés. Ce sont des conditions de tournage un peu plus extrêmes où il faut être efficaces. À la télé, aujourd'hui, il n'y a pas tant de films qui se tournent à l'étranger. Je mesure la chance que j'ai d'avoir pu mener ce projet à termes et de la confiance que me donnent à la fois TF1 et JLA pour mener ces projets. On avait fait La Réunion, j'avais fait le ski en plein Covid. Ce sont des épisodes un peu plus lourds que d'habitude à accompagner.