Le ton est direct, sans langue de bois. Dans une longue interview accordée à Télérama, Eric Revel, patron de LCI, règle ses comptes. Avec la concurrence mais aussi celles et ceux qui taxent LCI de "chaîne de droite". Un entretien réalisé dans le cadre d'un dossier en Une de l'hebdomadaire cette semaine : "Enchaînés à l'info. Une journée devant LCI, i-TELE et BFM TV".
Lorsqu'on lui demande comment il se place par rapport à la concurrence, sa réponse est sans détour : "BFM TV est une télévision low cost à l'américaine qui donne l'impression d'être perpétuellement en direct, qu'il se passe toujours quelque chose, même s'il ne se passe rien. C'est le concept du hard news (...) i>TELE a, elle, passé son temps à hésiter entre une télévision de hard news à la BFM TV et une télévision portée sur le talk-show à la LCI". L'ADN de LCI selon lui ? "Le décryptage et l'analyse de l'information", quand ses consoeurs préfèrent "planter une caméra pendant des heures devant un immeuble où il ne se passera rien avant plusieurs heures". Pour Eric Revel, le statut de chaîne payante de LCI l'oblige à être "plus haut de gamme". Un temps, LCI a failli elle aussi passer en gratuit, sur la TNT, en raison de difficultés financières. Mais face à la levée de boucliers de la concurrence et grâce à un accord avec de nouveaux partenaires - notamment les fournisseurs d'accès à Internet -, la chaîne devrait rester payante en 2012.
Autre tacle, en direction de celles et ceux qui taxent LCI de chaîne de droite. "J'en ai marre de ce procès en sorcellerie. LCI est une chaîne d'actualité, il ne s'agit pas de donner plus la parole à gauche qu'à droite, on s'en fout, peste Eric Revel. Comme on est une chaîne de droite, on devrait tout le temps pencher du même côté. Or quand Ségolène Royal a lancé sa campagne, i>Télé n'était pas là. Quand Jean-Luc Mélenchon a lancé le Parti de gauche, LCI a été la seule à diffuser en direct son discours. La seule (...) LCI met un point d'honneur éditorial à respecter un équilibre et même à couvrir des événements que les autres ne couvrent pas. On ne dit pas à i>TELE ou à BFM TV qu'elles sont anti Parti de Gauche mais on dit de LCI qu'elle soutient la droite. C'est exaspérant."
Autre charge, en direction des réseaux sociaux cette fois. Eric Revel avait été montré du doigt pour avoir posté sur son blog un billet où il critiquait Ségolène Royal. Depuis, il a fermé son blog sur ordre de TF1 et ne possède aucun compte Twitter ou Facebook. "J'en ai marre de cette consommation en accéléré de l'info pour l'info, explique-t-il. Je vous le dis franchement, ce qui me fait le plus peur, c'est Internet. La moindre information, le moindre point de vue que vous y exprimez prend une dimension hallucinante. Alors qu'en réalité, le même papier à une autre époque dans la presse écrite aurait peut-être suscité un débat et des réactions écrites, mais pas cette espèce de tsunami. Ce qui me choque le plus sur Internet, ce sont les écrits anonymes. Sur tous les autres médias, les articles sont signés, assumés. Sur Internet, c'est l'anonymat total. On peut diffamer, balancer n'importe quelle info, provoquer des désastres terribles, personne ne dit rien. Et tout ça, au nom de la liberté."
> Lire l'interview en intégralité accordée à Télérama.