Il avait consacré sa vie à la scène. Jérôme Savary est mort hier soir à l'hôpital franco-britannique de Levallois-Perret, des suites d'un cancer à l'âge de 70 ans. Homme de théâtre, Jérôme Savary s'était fait remarquer dans les années 70 avec la compagnie du Magic Circus créée en 1966. En 1988, il prend la direction du théâtre national de Chaillot qu'il occupera jusqu'en 2000. Là, il adapte des grandes pièces du répertoire ("Le Bourgeois Gentilhomme", "Le songe d'une nuit d'été" ou "Les rustres") dans lesquelles il aime faire jouer des stars du grand écran.
Fortement influencé par le cirque et par ses origines argentines, Jérôme Savary ne rechigne jamais à glisser dans ses pièces un air de samba ou une touche de gaudriole, en multipliant les anachronismes, faisant, par exemple, apparaître une femme en burqa et un hélicoptère au milieu de "La vie parisienne". C'est à Chaillot qu'il reprend en 1997, "Cyrano de Bergerac" avec Françis Huster dans le rôle-titre, une pièce qu'il avait montée 14 ans plus tôt avec Jacques Weber.Passionné de musique, il a créé la comédie musicale "Cabaret" en 1986 avec Ute Lemper, mis en scène de nombreux opéras ("Les Contes d'Hoffmann" lors des Chorégies d'Orange en 2000, "Carmen" au même endroit en 2005 ou "Rigoletto" à l'Opéra de Paris). Mais c'est en tant que directeur de l'Opéra Comique, entre 2000 et 2005, qu'il s'est le plus amusé, multipliant les opérettes et spectacles musicaux ("Irma la douce" avec Clotilde Courau, "La Cenerentola", "Mistinguett, la dernière revue", " Zazou, une histoire d'amour sous l'Occupation" ou "La Belle et la toute petite bête" avec Arielle Dombasle).
Robert Hossein a tenu à saluer la mémoire d'un "très très grand" metteur en scène. "C'était un homme de passion, de folies, qui a fait des choses tout à fait remarquables (...) C'était un metteur en scène extrêmement original, avec plein d'inventions, d'imagination, un univers singulier qu'il faisait partager. Tout ce qu'il faisait était lumineux, joyeux, plein d'humour. Il était plein de génie et de talent et savait se renouveler. J'avais beaucoup d'admiration pour son travail. (...) Je suis extrêmement triste", a déclaré son confrère. Michel Galabru , qui joua "La Femme du boulanger" sous sa direction, a rendu hommage, sur France Info, à "un homme extrêmement original". "C'était un peu Sacha Guitry", s'est-il souvenu en rendant hommage à sa "vision très personnelle du théâtre", pleine de "fantaisie et d'imagination".