Hier soir, en deuxième partie de soirée, France 3 diffusait dans le cadre de son magazine "Pièces à conviction" de Patricia Loison, la fameuse enquête sur les soupçons d'évasion fiscale au Crédit Mutuel. Une enquête qui devait être initialement diffusée sur Canal+ dans l'émission "Spécial Investigation" le 18 mai dernier, avant qu'elle ne soit déprogrammée sans raison. Une censure qui aurait été décidée par Vincent Bolloré en personne, puisque le Crédit Mutuel est la banque historique de la famille du milliardaire breton.
A l'issue de la diffusion du reportage, Nicolas Vescovacci, le journaliste qui a co-signé l'enquête avec Geoffrey Livolsi, a confirmé dans un débat organisé par France 3 la censure du documentaire par Vincent Bolloré en personne. "A ce jour nous n'avons jamais eu aucune explication du groupe Canal+ que ce soit des responsables éditoriaux ou de la direction du groupe Canal elle-même", a-t-il déclaré sur la chaîne. "Ce que l'on sait et de source sûre, nous avons des preuves, c'est que Monsieur Lucas, le patron du groupe Crédit Mutuel-CIC, a bien appelé Vincent Bolloré pour demander la déprogrammation de ce film. Nous en avons la certitude. Monsieur Bolloré a lui-même censuré en direct ce film", a ajouté le journaliste.
Rappelons que le reportage a été vu hier soir par 1.005.000 téléspectateurs, soit 12,2% de PDA. Une audience très nettement supérieure aux scores habituels du magazine "Spécial Investigation" de Stéphane Haumant, diffusé le lundi soir en deuxième partie de soirée. Lundi dernier, par exemple, le numéro sur la Birmanie a été suivi par 146.000 abonnés. Un score légèrement inférieur à la moyenne du magazine depuis le début de l'année 2015 (165.000 téléspectateurs, soit 1,1% du public).
La déprogrammation de cette enquête par Vincent Bolloré a donc apporté une lumière inespérée pour ce sujet, sans compter les nombreuses reprises sur internet, et même dans le très regardé "Zapping" de la chaîne cryptée. Ce documentaire censuré est donc une parfaite illustration de ce qu'on appelle l'effet Streisand.