Comment va-t-on, au fait ? En ces temps de crise, d'austérité et de profession malmenée, a-t-on la pêche ? Le baromètre du moral des journalistes réalisé par l'institut CSA à l'occasion des assises internationales du journalisme tente d'y répondre. Et bonne nouvelle, la quasi-totalité des journalistes interrogés font part de leur bonheur à exercer leur métier (85%). Mieux encore, un tiers d'entre nous se déclarent même "très heureux". Des proportions stables par rapport à l'enquête menée en 2007.
Avant de vous jeter notre bonheur à la figure, quelques bémols chers lecteurs. Nous ne sommes pas tous égaux devant le bonheur : on est plus heureux en presse technique et professionnelle (90%) qu'au sein d'une rédaction généraliste grand public (78%). Et plus on gagne de l'argent, plus le bonheur nous semble accessible : on fait un peu la gueule à moins de 1500 euros par mois (68% des journalistes dans cette tranche se disent heureux). A plus de 3000 euros, 90% se disent heureux d'exercer ce métier. Notons néanmoins un début de dépression côté presse écrite, "où le bonheur à exercer son métier décroit le plus fortement (81%, - 15 points)".
Tout n'est pas rose pour la profession. Une courte majorité de journalistes (53%) expriment leur insatisfaction concernant les conditions d'exercice de leur métier. En quatre ans, cet indicateur enregistre une très forte hausse : 23 points. Mais les journalistes "pure player" que nous sommes sont mieux lotis : notre jugement sur les conditions de travail s'avère plus nuancé voire légèrement positif (52%) contre 50 % pour la radio, 46% pour la télé et 38% dans les agences de presse.
Malgré ce bonheur assumé, seuls 14% des journalistes interrogés estime que la profession a évolué "plutôt positivement", 76% pensent l'inverse. Autre point noir, une majorité de journalistes estiment que les garanties apportées à la liberté de la presse se sont plutôt détériorées ces dernières années (62%). L'autocritique n'est pas étrangère à notre corporation puisque selon cette étude, en matière d'éthique et de déontologie, les journalistes ne feraient pas bien leur travail pour près d'un journaliste sur deux (47%), 49% exprimant une opinion contraire. En 2007 pourtant, une nette majorité (68%) estimait l'inverse.
Face à l'explosion d'Internet et la puissance toujours plus grande des services de communication, une majorité de journalistes (54%, - 4 points) continuent de se fonder sur leurs propres sources pour rédiger leurs articles, suivis du travail d'investigation sur le terrain (36%, -2 points) et l'utilisation des services de presse et de communication (35%, +7 points). Les sites des médias en ligne représentent aujourd'hui la première source utilisée par les journalistes (65%), les réseaux sociaux ne sont pas en reste à 17%. Enfin, à l'heure où le métier est souvent critiqué par l'opinion et les politiques, quels sont les trois mots qui qualifient le mieux notre métier ? Curiosité, rigueur et information.