"Je suis déjà folle, donc l'être encore, je ne sais pas si c'est possible", lance avec toute sa spontanéité Lola Dewaere quand on l'interroge sur son planning. Star de la série "Astrid et Raphäelle" avec Sara Mortensen depuis 2019, la comédienne devient l'héroïne de sa propre série sur TF1 ce jeudi 11 avril 2024. Dans "Mademoiselle Holmes", Lola Dewaere incarne une flic un peu particulière puisqu'elle est la petite fille de... Sherlock Holmes . Pour puremedias.com, l'actrice s'est confiée sur ce nouveau défi.
Propos recueillis par Benjamin Rabier
puremedias.com : Qu'est-ce qui vous a plu dans "Mademoiselle Holmes" ?
Lola Dewaere : Ah non les gars, tout le temps cette question, je dis non. Fort logiquement, le cachet. Je voudrais acheter une maison à la campagne et je n'avais pas d'autres choix que d'accepter cette proposition (rire). Plus sérieusement, c'était une aubaine pour moi. C'était un projet où on me proposait de jouer autre chose. Je suis un peu dur avec "Astrid et Raphaëlle" quand je dis ça car je joue aussi une flic dans "Mademoiselle Holmes" mais ici, je ne suis pas que ça. J'ai sauté sur l'occasion pour jouer quelque chose qui sortait un peu des sentiers battus et que je n'avais pas l'habitude de faire.
Cumuler le tournage d'une série récurrente comme "Astrid et Raphaelle" et d'autres projets, n'est-ce pas trop compliqué ?
Oh, si, c'est la première chose que j'ai demandé à mon agent. Je lui ai dit : 'mais quand est-ce que je me repose ?'. Il m'a répondu : 'bah dis donc, avant, tu me disais le contraire, quand est-ce que je ne me repose plus ?'. Donc, c'est toujours la même problématique... Mais c'est vrai que c'est beaucoup d'investissement car "Mademoiselle Holmes" n'est pas un unitaire mais une saison de 6 épisodes de 52 minutes et potentiellement une série sur le long terme. Donc c'est une masse de travail considérable à prendre en compte. Je cumule en plus avec "Astrid et Raphaëlle". Pour l'instant, je tiens le cap sur les deux et on verra quand je ne pourrai vraiment plus tenir le rythme. Je suis déjà folle, donc l'être encore, je ne sais pas si c'est possible. Mais oui, évidemment, c'était une de mes premières questions : "Est-ce que je vais réussir à faire les deux ?".
Comment gérez-vous ces deux projets de front alors ?
Oh, vous savez, je ne gère pas grand-chose. C'est les gens autour de moi qui gèrent pour moi.
N'avez-vous pas peur d'exploser ?
Bien sûr que si. Mais ce n'est pas grave. Je préfère exploser parce que j'ai trop de travail que d'exploser parce que je n'ai pas de travail. C'est très bateau ce que je vais dire, mais il n'y a pas 1.000 façons de le dire : j'ai énormément de chance, j'adore tous les projets sur lesquels je travaille. Il n'y en a pas un seul où je ne prends pas mon pied. Celui-là en particulier, vraiment, je m'éclate. Même à mes voisins quand ils me demandent "comment ça va ?", je leur réponds "Je suis heureuse".
"Il y a encore plein de choses à raconter dans 'Astrid et Raphaelle'"
Vous avez commencé le tournage de la saison 5 d'"Astrid et Raphaëlle" pour France 2. Êtes-vous lassé par ce rôle ?
Non. Il y a encore plein de choses à raconter, plein de choses à jouer avec Sarah (Mortensen). Je ne sais pas si ça va durer mais de mon côté, je ne m'ennuie pas du tout. On ne fait pas tout ce qu'on veut dans la vie, certains acteurs galèrent, moi j'ai la chance qu'on m'appelle et de bosser sur des projets qui me plaisent.
Grâce au succès d'"Astrid et Raphaelle" notamment, votre côte de popularité a explosé depuis plusieurs années. Avec "Mademoiselle Holmes", vous devenez l'héroïne de votre propre série, en prime-time sur TF1, est-ce que vous ressentez de la pression ?
Evidemment, mais c'est très grisant, très agréable. Je m'étais déjà rendu compte de cette pression sur "Astrid et Raphaëlle" mais on partage le haut de l'affiche à deux avec Sarah (Mortensen). Avec ce projet, je comprends maintenant beaucoup, beaucoup de choses sur les caractères des uns et des autres dans le milieu. Je comprends mieux ces acteurs et ces actrices qui portent d'énormes projets, seul(e)s sur leurs épaules. Mais oui, c'est une pression de malade.
Dans "Mademoiselle Holmes", vous incarnez une policière un peu particulière. Comment décririez-vous ce nouveau personnage ?
Charlie Holmes est une flic de second rang. Elle s'occupe des plaintes dans un commissariat. C'est une nana tranquille, qui ne fait pas de vague. Elle vit avec son grand-père (joué par Daniel Prevost). Elle sait que c'est une descendante de Sherlock Holmes, mais son grand-père est plutôt tabou là-dessus. Ils n'en parlent quasiment jamais, à tel point qu'elle a de vrais trous dans son histoire familiale.
Ce personnage a des troubles de l'humeur. Elle peut avoir des montées et des descentes. Après un accident de vélo, elle va arrêter de prendre son traitement et se rendre compte qu'il y a plein de choses qui sont en ébullition chez elle. Ses sens vont s'éveiller et elle va récupérer, on va dire, des aptitudes très évidentes que son grand-père Sherlock avait.
Comment avez-vous joué ce personnage ?
Attention, elle a des up and down mais pas de super-pouvoirs. Ce n'est pas du tout ça, c'est de l'hyperacousie. Des choses que vivent aussi certains autistes. D'ailleurs, je me suis dit tous les jours de tournage 'attention, ne joue pas comme Sara Mortensen dans 'Astrid et Raphaelle' (elle joue une femme autiste qui travaille comme documentaliste pour la police judiciaire, ndlr). C'est aussi ça de bosser en permanence avec la même excellente actrice. On peut choper des attitudes, des mimiques, donc ça peut devenir dangereux.
"Je suis quelqu'un qui n'aime trop les répétitions. Je suis obligée de passer par là mais je peux perdre beaucoup de ma spontanéité"
Comment avez-vous construit ce personnage alors ?
Je l'ai construit mais sans avoir l'air de le faire. Certains vont penser que c'est de la paresse mais pas du tout. À partir du moment où j'ai un scénario dans les mains et où on me propose quelque chose, je suis en permanence en train de travailler mon personnage. Mais vous ne verrez jamais comme certains acteurs avec un carnet et un stylo. Il y a des acteurs, ça existe, qui ont un carnet avec des annotations sur leur personnage : l'avant, l'après, le comment, le pourquoi, d'où vient leur personnage, etc... Moi, je ne suis pas du tout dans ce truc-là. Je suis plutôt dans la spontanéité, le travail du corps. Je vis en permanence avec mon rôle, je le construis, je regarde des trucs dans la rue. Il y a beaucoup de choses qui me viennent sur le plateau. Donc c'est pour ça que je suis quelqu'un qui n'aime trop les répétitions. Je suis obligée de passer par là mais je peux perdre beaucoup de ma spontanéité. Heureusement de moins en moins, je commence à avoir un peu de bouteille donc j'arrive à retrouver ma spontanéité. Mais je n'ai vraiment pas de manière de travailler, je n'ai pas de recette particulière, rien n'est arrêté, rien ne commence, rien ne s'arrête.
Dans la série, vous incarnez donc une flic un peu décalée avec des aptitudes particulières. Comment réagissez-vous lorsqu'on vous dit que "Mademoiselle Holmes" ressemble sur le papier à "HPI" ?
Je comprends tout à fait qu'on puisse comparer ces deux séries, maintenant il ne faut pas en faire toute une histoire. Oui, c'est un binôme, comme on en voit plein d'autres à la télé. Notre particularité c'est qu'avec Tom Villa, on forme une espèce de Sherlock/Watson moderne. Donc ça n'a quand même rien à voir avec "HPI". Mon personnage n'est pas aussi haut en couleur que celui d'Audrey Fleurot . C'est vraiment des personnes qui n'ont rien à voir. Socialement parlant, culturellement parlant, ce n'est pas du tout la même chose. Samy Vatel (joué par Tom Villa) non plus, ce n'est pas du tout le même rôle que le collègue d'Audrey Fleurot. Après je vais être très honnête, je n'ai pas beaucoup regarder "HPI", mais c'est beaucoup axé sur les enquêtes aussi je crois.
Dans "HPI", Audrey Fleurot a des aptitudes exceptionnelles. Moi je ne suis pas "HPI", j'ai des aptitudes qui me viennent de mon grand-père. C'est des choses héréditaires, génétiques, mais ce n'est pas de l'intelligence. Charlie peut avoir des aptitudes tout en étant larguée sur certaines choses. Ce n'est pas un petit singe savant. Puis "HPI" est plus axée sur la comédie que nous je pense. Certains moments de "Mademoiselle Holmes" peuvent être assez sombres. À un moment donné, Charlie va visiter le musée Holmes à Londres. Le mec dormait quand même avec des portraits de tueurs en série dans sa chambre.
"Je ne suis pas du genre à faire des devoirs"
Avant ce projet, étiez-vous une incollable de la mythologie Sherlock Holmes ?
Comme tout le monde je pense, mais pas tant. J'ai vu tous les "Sherlock Holmes" de Guy Ritchie mais je ne regarde pas la série "Sherlock" par exemple.
Vous avez fait des devoirs du coup pour vous mettre à jour ?
Je ne suis pas du genre à faire des devoirs.
Audrey Fleurot répète régulièrement que son personnage dans "HPI" lui demande beaucoup d'énergie pour conserver une constance à l'écran. Vous aussi ?
Non parce que je crois que je suis un peu comme ça dans la vie. Je ne m'arrête jamais, même sur un plateau. Demandez-leur, ils n'en peuvent plus tous.
Qu'avez-vous apporté au personnage qui n'était pas dans les scénarios ?
Je suis une actrice très instinctive mais je suis tombée dans une équipe où tout était vraiment réglé comme du papier à musique. On est sur un énorme projet et on a envie que ce soit un énorme projet. Je tiens à le dire, c'est une des premières fois que je travaille avec un projet aussi carré, aussi professionnel, et avec très, très, très peu de choses vraiment à redire.
Ce personnage était déjà écrit, ils m'ont trouvé sur le chemin. Je pense que j'ai en moi quelque chose de Charlie Holmes. À la fois, cette rondeur, des mimiques, je peux être rigolote, un peu avec ma bonhomie, et puis des fois, avoir le visage très fermé, très dur. J'ai une vraie proximité avec le personnage, donc je vais pas vous raconter des salades et dire, "Je suis partie étudier mon personnage, nanani...".
Dans la série, vous donnez la réplique à Daniel Prevost, qui incarne votre grand-père. Comment s'est déroulée cette collaboration ?
C'était super, génial, je ne pouvais pas tomber mieux. J'avais fait un court métrage avec Daniel il y a quelques années. Donc on s'était déjà rencontrés. Là on s'est retrouvés. Il ne pouvait pas mieux incarner ce personnage. Je suis ravie.