Un geste rare et symbolique. Dans l'édition de ce jour, plus précisément à la page 12, les lecteurs du "Journal de l'île de la Réunion", en ouvrant leur quotidien, se retrouveront confrontés... à une page blanche. Titrée "Emmanuel Macron aux Camélias", cette page, sur la visite du chef de l'Etat dans ce quartier de Saint-Denis de la Réunion, est dépourvue d'images et de textes. La seule mention que les habitués de ce titre de presse ultra-marin local peuvent retrouver sur cette page étant : "Ni photos, ni textes ! Désolés, nous n'avons pas été conviés à couvrir cette visite".
Dans son éditorial du jour, Lukas Garcia, journaliste au "Journal de l'île de la Réunion", autrement nommé "le JIR", publie une lettre explicative. "Vous trouverez aujourd'hui dans nos colonnes une page blanche. Pour marquer le coup et faute de mieux. Nous aurions beaucoup aimé vous raconter les poignées de mains, les tapes dans le dos et les bises aux matantes émoustillées. Le président de la République s'est offert hier matin une visite improvisée, aux Camélias. Mais nous n'avons pas été conviés à couvrir cette séquence" est-il écrit.
"Le gratin de la presse nationale y était, nos confrères de la presse locale aussi. Mais pas nous (...) Il leur a clairement été signifié qu'il n'y avait pas de place pour (nos journalistes). Difficile alors dans pareil cas de ne pas y voir le signe d'une punition mesquine. Parce qu'il ne fait pas bon se montrer trop critique à l'égard du président. On nous l'a fait savoir. La Une de notre édition d'hier - "Pour l'instant, c'est du vent" - a déplu en haut lieu. Tant pis. Ou tant mieux. Car si c'était à refaire, nous ne changerions pas un mot de ce titre. Il n'y aura donc de notre côté ni excuse, ni révérence. La présidence va devoir se trouver d'autres courtisans" écrit Lukas Garcia.
La Une à laquelle Lukas Garcia fait référence a été publiée hier, jeudi 24 octobre, alors que le président de la République est actuellement en visite officielle de trois jours à La Réunion. La Une de l'édition du jour, titrée "Le compte n'y est pas", ne devrait pas non plus plaire aux équipes de communication du chef de l'Etat. Le quotidien réunionnais tacle "les mesurettes et les annonces réchauffées" d'Emmanuel Macron hier à la maison locale de l'emploi de Saint-Paul.