Marlène Schiappa en a-t-elle trop dit ou trop fait ? Dans la nuit du vendredi 24 mai, le domicile du Mans de la secrétaire d'Etat en charge de l'Egalité entre les femmes et les hommes a été la cible de manifestants se réclamant des Gilets jaunes. Marlène Schiappa s'en était émue dès le lundi suivant, à la fois sur son compte Facebook et sur le plateau des "Grandes Gueules" sur RMC, où elle a évoqué une "quarantaine de gilets jaunes en furie, sous nos fenêtres, en train de jeter des pétards sur la maison, de crier des insultes, des menaces de mort, des slogans, de taper sur les portes et fenêtres". Son mari, ses enfants, une amie de leur fille et elle-même dormaient sur place au moment des faits.
Une version qui a été remise en cause par certains médias, comme "Le Monde", qui a interrogé des manifestants présents sur place ou "Libération", qui, via sa rubrique "Check News" a analysé le live Facebook produit ce fameux soir. Le quotidien de gauche a notamment établi que la présence des Gilets jaunes devant le domicile de Marlène Schiappa n'a duré que trois minutes et que si la jeune femme a été ouvertement insultée, aucune menace de mort n'a été entendue.
De son côté, le fondateur de "Mediapart", Edwy Plenel, relayant l'article du "Monde" sur le sujet, a affiché son scepticisme sur les faits décrits par Marlène Schiappa. "Décidément ce pouvoir a un problème avec la vérité. Comme le démontrent les 'Décodeurs' du 'Monde', la ministre Marlène Schiappa a multiplié les fake news sur la manifestation de 'Gilets jaunes' passée devant son domicile", a-t-il tweeté.
La secrétaire d'Etat, furieuse de constater que sa parole a pu être remise en cause par des médias, s'est fendue d'un long message de mise au point le jour de l'Ascension. "À quel moment notre société a renversé son système de valeurs au point de considérer que les victimes sont les coupables et les agresseurs des victimes ?", s'est-elle insurgé.
Marlène Schiappa s'en est pris ensuite à plusieurs reprises aux méthodes de travail des journalistes : "À quel moment des journalistes de presse soi-disant de gauche et soi-disant humanistes décident de présenter par ailleurs comme simple 'témoins' des gens qui en fait participent à l'action sifflets et insultes en bouche ? À quel moment le rectificatif de la Préfecture elle-même n'est pas relayé ?". Consciente que ses mots risquent de braquer une partie des journalistes, la mère de famille assume. "Je me fiche de me fâcher avec qui que ce soit dès lors qu'il s'agit de défendre ou protéger mes enfants. Je prendrai trois ans d'articles à charge ? Soit ! J'aurais défendu mes enfants", a-t-elle asséné.
La membre du gouvernement a ciblé ensuite nommément le patron de "Mediapart". "À quel moment Edwy Plenel estime pertinent de m'attaquer, de me traiter de menteuse (précisément de 'fake news avec un problème avec la vérité') sans rien condamner de l'action en question ? À quel moment s'intéresse-t-il au cyberharcèlemen
La fin du message de la secrétaire d'Etat a été dédiée "aux femmes et aux hommes qui vivent ces agressions et ces minimisations permanentes, mais ne bénéficient pas comme moi d'accès à la parole publique pour le dénoncer", souligne-t-elle, tout en affirmant son souhait de ne plus commenter cet incident. Marlène Schiappa a porté plainte cette semaine contre les manifestants pour menaces de mort et une enquête a été diligentée par le procureur de la République du Mans.