De retour sur M6. Plus de dix ans après son départ de "Nouvelle star", Marianne James revient sur la sixième chaîne en tant que jurée de la saison 13 de "La France a un incroyable talent", présentée par David Ginola et produite par Fremantle France. L'ex-présentatrice de "Prodiges" rejoint un jury composé d'Eric Antoine, Hélène Ségara et de l'autre nouveau venu, l'humoriste canadien Sugar Sammy. A l'occasion du retour de "La France a un incroyable talent" ce soir à 21h, puremedias.com s'est entretenu avec Marianne James.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Qu'est-ce qui vous a plus dans "La France a un incroyable talent" ?
Marianne James : La diversité. C'est une émission culte. Ca m'a plu de retrouver une chaîne historique pour moi. Ma notoriété m'a été offerte par l'émission "Nouvelle star". Je retrouve ici une famille que j'ai quittée effectivement il y a quelques années. J'ai été vraiment accueillie à bras ouvert. Il faut dire qu'ils ont tout fait pour que je vienne (rires).
"Parfois, on est stupéfait du manque de niveau"
Quel est votre rôle dans le jury ?
Gronder (rires). Beaucoup aimer. Bienveillance et en même temps exigence. Quand on s'est inscrit depuis deux, trois, quatre, six mois à une émission et qu'on sait qu'on a deux minutes trente, on réfléchit, on s'achète un cerveau. On fait un début, un milieu, une fin. On présente quelque chose de télévisuel. On n'est plus dans sa salle de bain. On est face à des professionnels. J'attends qu'on sente qu'ils aient bossé, qu'ils aient un peu réfléchi sur leur costume, leur présentation. Parfois, on est stupéfait du manque de niveau. Parfois, on n'a même plus les mots pour applaudir et dire : "Vous m'avez retourné le coeur, je ne savais pas qu'un tel talent pouvait exister, je me souviendrai de ce numéro toute ma vie. Mes yeux n'ont pas pu se détacher de vous. Quelle grâce, quelle poésie". On manque de vocabulaire. Il y a tous ces états-là de déception ou de grand enflammement pour un artiste. J'aime ça. J'aime ce différentiel.
Est-ce que deux chanteuses, ce n'est pas trop dans un jury ?
Je vous jure que ce n'est pas du tout trop. On est à notre place toutes les deux. Contrairement à ce que beaucoup de gens disaient, au lieu de se piquailler, on a décidé de s'aimer beaucoup et de se soutenir face aux deux snipers, aux deux mitraillettes, Sugar Sammy et Eric Antoine. Ils ont quand même la vanne de haut vol, qui fait mal parfois, qui pique un peu. Hélène et moi, nous étions très solidaires, dans la larme, dans la bienveillance et dans le côté maternel que nous avons toutes les deux. Je trouve que ça a stabilisé. On est au milieu de la table. Les deux garçons sont sur l'extérieur. Ca a vraiment fait un coeur tendre mais chaud et solide. Pas un coeur mou. La tendresse, c'est souvent la révolution. Aujourd'hui, être vraiment tendre finement, c'est souvent plus révolutionnaire qu'être punk ou anarchiste. La tendresse peut vraiment bouleverser et renverser les gens.
"Ce serait étonnant qu'''Incroyable talent' sorte une grande chanteuse... Et pourquoi pas ?"
Aujourd'hui, à la télévision, on a déjà de grands concours de chant comme "The Voice". Est-ce qu'un chanteur gagnant de "La France a un incroyable talent" a vraiment du sens ?
Cette année, je pense quand même qu'on en a deux qui peuvent prétendre à gagner le concours. C'est marrant comment cette émission ne s'inscrit pas forcément dans le chant. Ce serait étonnant que "La France a un incroyable talent" sorte une grande chanteuse... Et pourquoi pas ?
Y a-t-il eu un candidat qui vous a ému lors des castings ?
Oui. Merveilleux. Un Irlandais de 56 ans dont les enfants lui ont appris le trampoline. La démonstration qu'il nous fait, c'est qu'il n'arrive pas à faire du trampoline soit-disant. La première minute, c'est chute sur chute, sur gadin, sur porte dans la gueule, sur barre en fer là où je pense. Il ne se blesse pas, il sait le faire comme un clown. C'est le vrai-faux numéro raté. Il va se transformer en trampoliniste génial. On passe par tous les états. D'abord, on a mal pour lui. Puis, on commence à rire. Ensuite, on prend confiance avec lui et il nous bluffe. Il fait des circonvolutions. Il vrille sur lui-même. Il est petit, un peu rond, ce n'est pas un jeune athlète. Il le fait avec beaucoup d'humour, du rythme, une musique de dingue. C'est dans la grande tradition du magicien extraordinaire qui loupe ses tours exprès. Pendant ce temps-là, il te la met à l'envers, parce que le numéro est en train de se sculpter et tu ne vois rien du tout. Quand tu es bluffé, quand tu perds ta notion de spectateur, tu as trois ans et demi. En tant qu'adulte, avec tant de métier, on lâche notre garde et notre armure. On est vraiment épaté. C'est ça les numéros qui récupèrent des golden buzz. Il y en a plein cette saison !
"J'ai été bluffée du niveau"
Le niveau des candidats a-t-il baissé par rapport aux éditions précédentes ?
Je pensais qu'on aurait droit à trois ou quatre numéros qui mériteraient un golden buzz, mais franchement, on aurait pu buzzer dix ou douze fois. C'est énorme sur une saison. C'est comme si je te disais qu'à "Nouvelle star", il y avait dix Julien Doré en une saison. C'est beaucoup ! Il n'y en avait qu'un ! Et derrière, il n'y avait que Tigane lors de la finale. Mais ils n'étaient pas trois ou quatre de ce niveau-là en une saison. Là, "La France a un incroyable talent", s'il y en a vraiment trois qui me font pleurer et lever, je décolle. Mais non ! Ca nous est arrivé régulièrement ! C'est là où j'ai été bluffée du niveau. Evidemment, il y avait des trucs d'un niveau naze à côté. C'est ça qui était intéressant. C'est ce chaud et ce froid.
Comment M6 vous a convaincu de les rejoindre ?
Ils sont malins. Ils m'ont fait rencontrer à Fremantle ceux avec qui je m'étais entendue comme larron en foire à l'époque de "Nouvelle star". Ils se sont démerdés pour me faire un goûter, un après-midi, pour que je retrouve les "basiques" de l'époque. Ils m'ont dit : "Ecoute, c'est chez toi ici un peu. Tu vas retrouver machin qui va te filmer. Ca, ça sera le script". On a retrouvé à la production les mêmes gens. Ils m'ont dit : "Alors, tu repars ou pas ? Nous, on attend que toi. Allez, viens. Tu seras vraiment la bienvenue."
"Qu'est-ce que tu veux que j'aille faire dans une émission, si je ne suis pas jurée ou présentatrice ?"
Regrettez-vous la fin de votre parcours à France Télévisions ?
Si on avait eu besoin de me dire que je ne fasse pas l'Eurovision, j'aurais souhaité qu'on me le dise en partant de l'Ukraine l'année dernière. Si mon commentaire ne leur avait pas plu, dès le mois de juin 2017, ils auraient pu me dire : "Pour telle ou telle raison, on pense qu'il faut évoluer et que tu n'as plus ta place dans la cabine". Ils ont attendu une année entière pour me le dire. En me faisant croire que je participerai à cette fameuse "Destination Eurovision", dans laquelle on ne m'a finalement pas proposé d'être jurée ou présentatrice. Ils m'ont proposé d'être dans le public. Jarry aussi, on lui a proposé d'être dans le public. Ou alors, ils m'ont proposé d'être candidate... Qu'est-ce que tu veux que j'aille faire dans une émission, si je ne suis pas jurée ou présentatrice ? J'ai compris que ça sentait mauvais. Ils ont attendu deux mois pour me dire que je ne serai pas dans la cabine au Portugal. Qu'ils aient pinaillé comme ça tout l'hiver... Au lieu de se dire : "On ne la craint pas. Elle est comme ça". Ou alors ils auraient pu me le dire juste après "Prodiges". Une fois que l'émission était passée, qu'ils m'avaient eu dans la boite, ils auraient pu me dire : "Bon, Marianne, on te le dit, tu ne partiras pas au Portugal avec nous". C'est cette idée lancinante. Personne ne savait me parler à France Télévisions. J'ai envie de leur dire : "Je suis cash, soyez cash. Qu'est-ce qu'on vous demande de plus ?".
Que pensez-vous du choix de Daphné Bürki pour vous remplacer à la présentation de "Prodiges" sur France 2 ?
Super ! Super ! C'était mon premier choix. Je le jure sur ce que j'ai de plus cher.