Y a-t-il trop de chaînes publiques à la télévision française ? La réponse ne ferait aucun doute à en croire Mathieu Gallet. Dans une interview publiée hier dans "L'opinion", le cofondateur de la plateforme de podcasts, Majelan, et ancien PDG de Radio France, sacrifierait sans états d'âme le canal 14 - partagé entre Okoo, l'offre enfants de France Télévisions, Culturebox et France 4 - mais aussi France 5 sur le linéaire.
"Si j'avais à décider, je serais radical. Je n'en garderais que deux en hertzien (télévision traditionnelle, ndlr), les principales : France 2 et France 3", a-t-il affirmé dans les colonnes du journal libéral, en réaction au projet de Tim Davie, directeur général de la puissante BBC, service public britannique, de basculer d'ici dix ans la majorité de l'activité du groupe audiovisuel public sur le numérique. "On doit se poser la question de consacrer autant de moyens, comme nous le faisons actuellement, pour s'adresser à un public de plus en plus âgé. Or, le public de France Télévisions a 61 ans en moyenne", estime celui qui a pris le virage du numérique après son passage à Radio France (2014-2018).
Déjà dépossédé du canal 19 - France Ô - en 2020, le groupe France Télévisions, confronté sans cesse aux logiques de rationalisation des coûts et de synergies, était parvenu in extremis pendant le confinement à démontrer l'intérêt de France 4, qui avait vocation à migrer sur le numérique. Le canal 14 avait proposé des programmes pédagogiques aux jeunes à ce moment-là privés d'école en présentiel. Il n'empêche : "Je ne comprends pas pourquoi on a fait marche arrière sur France 4", regrette Mathieu Gallet. "L'idée était de réorienter les investissements vers une offre numérique centrée sur les jeunes (...) C'est une occasion ratée de réallouer des moyens vers le numérique. Le résultat, c'est qu'aujourd'hui, France 4 est sur un canal partagé avec Culturebox, et un canal partagé, ça ne marche pas".
L'ancien PDG de Radio France, révoqué par le CSA en 2018 après sa condamnation pour favoritisme dans une affaire d'attribution de marchés lors de son mandat à l'Ina, se veut aussi "radical" quant à l'avenir du service public à la radio. "Pourquoi garder autant de fréquences ?", s'interroge-t-il. "France Inter, France Culture, France Musique, les trois chaînes historiques, c'est plus de 1.500 fréquences à travers le territoire (...) Or, émettre, ça coûte cher. C'est par exemple le deuxième poste de dépenses de Radio France. Le numérique peut prendre le relais", assure-t-il.
Selon la même logique de rationalisation du service public, Mathieu Gallet est "favorable à un rapprochement de l'ensemble de l'offre d'information en continu du service public : radio, télé, numérique". "Ce rapprochement s'organiserait autour d'une seule entité avec sa diffusion nationale d'un côté (franceinfo:) et de l'autre, internationale et multilingue (sous la marque France 24)".