Nouveau président de Radio France depuis mai 2014, Mathieu Gallet a découvert ce matin les premières audiences radio de son groupe. Si France Inter, vaisseau amiral de la maison ronde progresse, affiche des scores en hausse, France Info et France Bleu sont en baisse. France Culture signe de son côté un record historique, avec 1,2 million d'auditeurs (+111.000 sur un an).
Propos recueillis par Julien Bellver.
Il s'agit de votre premier sondage Médiamétrie depuis votre arrivée à la tête de Radio France il y a quelques mois. Vous êtes satisfait de ces résultats ?
C'est une rentrée où on a changé beaucoup de choses. Nous avons eu raison d'opérer des modifications, cette vague nous le montre. Et là où nous n'avons rien touché, ce sondage d'audience conforte notre choix aussi. Le seul directeur que j'ai gardé, Olivier Poivre d'Arvor à la tête de France Culture, réalise un score historique avec 1,2 million d'auditeurs. C'est un beau résultat, impressionnant ! Sur Culture, un travail de longue haleine a été effectué, un sillon a été creusé. Ces résultats sont pour nous encourageants mais pas de cocorico ! Ces chiffres méritent d'être confirmés en fin de saison. Il faut garder la tête froide même si nous sommes contents.
Le média radio souffre, avec 235.000 auditeurs égarés sur un an. Comment l'expliquez-vous ?
C'est inquiétant de voir que les vagues se suivent et se ressemblent de ce point de vue. Nous devons y réfléchir collectivement. C'est un peu compliqué de savoir si c'est lié à l'actualité, elle est la même pour tous. Est-ce lié à des changements d'habitudes des auditeurs ? Y-a-t-il un problème dans la comptabilité de l'audience par rapport aux nouveaux médias ? Il va falloir s'interroger. La radio reste un média très puissant, de masse, mais cette baisse est à surveiller de près.
France Inter progresse après une saison difficile. Vous vous attendiez à des résultats aussi rapidement ?
Les chiffres, mauvais lors de la dernière saison, validaient le besoin de renouveau. Laurence Bloch a opéré des changements dans la continuité. Par exemple, sur la matinale, ce moment clé de toutes les radios, on a gardé le même matinalier, on a conservé une partie importante de la structure mais on y a apporté des compléments, avec plus de voix féminines notamment. Je suis très content de voir que de 7h30 à 8h30, France Inter est leader. L'arrivée de Léa Salamé, de Charline Vanhoenacker et la pastille de Rebecca Manzoni sont venus apporter une touche différente.
Mais il n'y a pas eu d'effet Nagui en fin de matinée...
Je le reconnais. Nous sommes contents de la première heure. Mais sur la dernière demi-heure où il n'est plus là, il y a quelque chose à travailler. L'après-midi, c'est vraiment satisfaisant. Ca repart avec Charline, Nicolas Demorand. Cela nous emmène à 19h avec un socle d'audience intéressant. 10 points, cela doit être l'étiage de France Inter. Dans un paysage morose, France Inter est la seule généraliste à progresser.
France Info baisse sur un an. Le positionnement de la station a été complètement revu. Combien de temps laissez-vous à Laurent Guimier pour installer cette nouvelle grille ?
Depuis 5 ans, à chaque rentrée, France Info faisait moins bien que la vague précédente. On a inversé la tendance, on fait mieux sur une vague mais moins sur un an. C'est normal, on a tout changé du sol au plafond ! On est aujourd'hui au même niveau que RMC qui est clairement pour nous un compétiteur. Il faut que la grille s'installe, la matinale n'est pas encore rodée. N'oubliez pas : il y avait 90 chroniques par semaine, on en a sorti une cinquantaine pour revenir sur un média chaud, réactif. Il faudra regarder les résultats d'Info sur la saison entière.
Où en est le chantier d'Info sur le numérique ?
L'univers concurrentiel de France Info est immense. On est en compétition avec vous, les pure players, les chaînes d'info, FranceTV Info. Repenser la grille, c'est le premier travail qui a été fait en très peu de temps. Maintenant, nous devons faire un vrai travail de fond sur le produit, sa place sur les réseaux sociaux et la vidéo. France Info n'a-t-elle pas pour vocation de devenir le média global d'informations en continu que le service public n'a pas ?
Avec une chaîne de télévision par exemple ?
France Télévisions n'a pas de chaîne en continu. Nous, on a une radio avec une marque incroyable. Cela fait partie des réflexions du moment par rapport au contrat d'objectifs et de moyens qu'on doit négocier avec l'Etat. Nous devons nous positionner comme un média radio/vidéo/internet d'info en continu du service public. En Europe, la France est le seul pays à ne pas avoir de chaîne 100% info !
France Info va devenir une chaîne d'info comme i-TELE ou BFMTV ?
Ce serait plus qu'une chaîne de télé, mais un service global d'infos en continu qui mélangerait la radio, la vidéo et le numérique. Le service public ne peut pas se priver d'un média global d'info en continu !
France Bleu perd 140.000 auditeurs, mais était à son plus haut niveau il y a un an...
Nous n'avons pas touché à France Bleu. N'oubliez pas que la radio a un réseau de couverture très déficient, pas au niveau d'un Inter ou d'un Culture. On ne couvre que 80% de la population, il nous manque des grandes agglomérations comme Lyon par exemple. Comment doit-on positionner France Bleu à Paris en Ile de France par exemple ? il y a un enjeu pour France Bleu 107.1.
Un mot sur l'incendie qui a touché Radio France il y a quelques semaines. L'enquête avance ?
Les assurances sont sur le coup. Une première enquête a montré qu'il s'agissait d'un problème lié à un extracteur dans la zone de désamientage. Les images étaient impressionnantes avec beaucoup de fumée noire car beaucoup de moquette a brûlé, dans un lieu finalement assez confiné.
Cela va encore alourdir la facture de l'immense chantier de réhabilitation de la maison ronde ?
Forcément, on perd du temps, le chantier est arrêté. Et le temps, c'est de l'argent.
Une bonne nouvelle ne vient jamais seule. Hier, vous avez été élu "homme le plus sexy" des médias par le mensuel "Têtu". 2014 est définitivement une bonne année pour vous...
Ca m'a fait sourire !