Michel Sardou refait le monde. En décembre, le chanteur, plutôt classé à droite, s'en état pris à Gérard Depardieu et avait indiqué approuver la création d'une nouvelle tranche d'imposition à 75% sur les plus riches, promis par François Hollande pendant la campagne présidentielle. "Si c'est du provisoire qui dure moins longtemps que la vignette, cela ne me choque pas. On est quand même tous conscients qu'on est dans la merde. (...) Deux ans d'effort, franchement, on ne va pas en mourir", déclarait le chanteur qui a fêté cet hiver, à Bercy, ses 50 ans de carrière.
Ce matin, dans une interview au Figaro, le chanteur de "La Maladie d'amour" indique avoir changé d'avis. Il estime désormais que le projet d'imposition à 75% des hauts revenus "était une connerie". "Hollande a voulu ça en réaction au bouclier fiscal de Sarkozy. Nos hommes politiques manquent de bon sens. Dans un foyer, si on est mal à la banque, il faut lever le pied sur les dépenses", déclare-t-il ce matin dans le quotidien en s'interrogeant sur la cap politique fixé par le président de la République. "Je sens les Français un peu perdus. Nous ne savons plus très bien où nous allons. Nos dirigeants donnent l'impression de naviguer à vue. Quelle que soit la couleur politique du président et du gouvernement, ils sont pieds et poings liés. Leur marge de manoeuvre paraît très faible. Beaucoup de gens pensent que nous avons changé d'époque, alors que nous vivons sur une autre planète."
Questionné sur la déclaration de Gérard Depardieu, qui estime que la France est "triste", Michel Sardou confirme que l'ambiance enlève "l'envie de prendre des risques". "Si j'avais 25 ans, je quitterais probablement la France (...) Les Français ne se sentent pas en sécurité, ils ont peur pour leur avenir", lance celui qui se déclare favorable au mariage pour tous. "En tant qu'hétérosexuel marié, (le mariage gay) ne m'enlève absolument rien. Je ne me sens pas déshonoré de partager ce droit. Pourquoi les homos feraient-ils de moins bons parents? Ou de meilleurs, d'ailleurs ? Ceux qui s'opposent à cette réforme au nom de l'enfant devraient être cohérents avec eux-mêmes et demander l'interdiction du divorce. Derrière les manifestations des antimariage se cache autre chose", explique-t-il.
Michel Sardou, qui avait révélé ne plus avoir de contact avec Nicolas Sarkozy et avoir voté blanc à la dernière présidentielle, revient sur sa relation avec l'ancien président de la République. "Nicolas Sarkozy savait ce que m'inspirait sa présidence. Je lui avais dit en face. Mais le moment était mal choisi pour m'exprimer dans les médias. Je pensais qu'il avait une marge d'avance plus importante sur Hollande. Mes propos lui ont fait de la peine, je les regrette", estime-t-il aujourd'hui en indiquant qu'aucune personnalité politique de droite ne trouve grâce à ses yeux. Michel Sardou ne râle pas sur ses impôts : "Je paye mes impôts en France et je trouve ça normal. Je ne me vois pas dans un paradis fiscal, le cul assis dans le sable à regarder passer les yachts. Je n'ai jamais eu de compte en Suisse. Mais je n'accepte pas que l'on me désigne comme un 'ennemi' sous prétexte que je gagne bien ma vie."