Le choc d'une photo. Celle du corps d'un petit enfant qui gît sur une plage turque de la station balnéaire de Bodrum. Aylan Kurdi, enfant syrien de 3 ans, est mort noyé suite au naufrage de deux bateaux remplis de migrants qui tentaient d'entrer en Europe via l'île grecque de Kos. Un des bateaux transportait Aylan Kurdi, ses parents, ainsi que son petit frère Galip, 5 ans, qui est également décédé. Ce naufrage a fait 12 morts.
La série de photos, qui a choqué le monde entier, a fait l'objet hier d'une large consternation sur les réseaux sociaux notamment à travers le mot-dièse #KiyiyaVuranInsanlik ("l'humanité échouée" en turc). Ce cliché fait ce matin la Une de nombreux journaux en Espagne, en Belgique, au Royaume Uni, en Grèce, en Turquie. "The Independent", "The Guardian", le "Times", "The Daily Mail", "The Daily Irror", "De Standaard", "La Vanguardia", l'édition européenne du "Wall Street Journal" et de nombreuses éditions du gratuit "Métro" : tous ont mis une photo d'Aylan Kurdi à leur Une ce matin... Aux Etats-Unis, c'est le "Washington Post" qui la publiera ce matin.
Mais en France, où la question des migrants a fait les gros titres tout l'été, rien. "Aujourd'hui en France", "Le Figaro" et même "Libération", qui généralement s'illustre par son choix de photo en Une, ont raté le cliché, préférant titrer sur la manifestation des agriculteurs. Même si le patron du "Monde" a promis de se rattraper dans son édition de demain qui sera publiée à la mi-journée, la presse française a collectivement raté une des photos les plus marquantes de l'année... et se fait tancer sur les réseaux sociaux.
Johan Hufnagel, le numéro 2 de "Libération", s'est longuement justifié sur son compte Twitter. Il a reconnu ne pas avoir vu la photo proposée par les agences de presse internationales à partir de 18h30, soit quelques minutes avant le bouclage du journal qui a lieu à 19h. Johan Hufnagel a mis en avant les récentes Unes du quotidien sur les migrants.