Des invités imprévus sur la scène des Molières. Hier soir, à 22h45, France 2 a proposé à ses téléspectateurs de suivre la 31e cérémonie de la soirée récompensant le meilleur du théâtre animée cette année par Alex Vizorek. Une cérémonie qui a signé une toute petite audience - sa plus faible performance historique - en rassemblant 596.000 téléspectateurs, soit 7,3% des individus de quatre ans et plus, selon Médiamétrie. Côté palmarès, Blanche Gardin a raflé le Molière de l'humour pour la deuxième année consécutive tandis que la pièce "La Machine de Turing" de Benoit Solès est repartie avec quatre statuettes.
Captée aux Folies Bergère, la soirée a été marquée par l'intrusion de Gilets jaunes sur scène. Profitant de la présence de Franck Riester, ministre de la Culture, ceux-ci ont dénoncé les coupes budgétaires. Président de la Nuit des Molières, le producteur Jean-Marc Dumontet, réputé proche d'Emmanuel Macron, a affirmé que les Gilets jaunes s'étaient introduits "par les toits". "Généralement, c'étaient les intermittents. On s'est dit : 'Pour Franck Riester, qu'est-ce qu'on peut faire ?'. On a dit : 'Intermittents et gilets !'. C'était votre baptême", a plaisanté celui qui dirige plusieurs théâtres parisiens en s'adressant au ministre.
Sur scène, après avoir interrompu Alex Vizorek, les Gilets jaunes, qui portaient une banderole sur laquelle était écrit "droits au chômage pour tout.es", ont pris la parole. "Le Molière du déshonneur incontestablement et à l'unanimité du jury, il revient à M. Macron et son gouvernement. M. Franck Riester, nous vous remettons le Molière du déshonneur parce que vous participez à cette grande fête et en même temps, vous coupez partout dans le budget de la culture", a déclaré un des manifestants, en tenant à la main une statuette de Molière arborant une écharpe jaune. "Techniciennes, techniciens et artistes présents ce soir, ne nous regardez pas, rejoignez-nous, le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple", a abondé une autre manifestante.
Une séquence que les téléspectateurs de France 2 n'ont pas pu suivre. La chaîne publique a en effet décidé de couper la séquence au nom de la "maîtrise de l'antenne". "Les intermittents ont agi sans autorisation. Ils ont pu s'exprimer devant le ministre de la Culture mais ils ont pris en otage l'antenne", s'est justifié un porte-parole de la chaîne auprès de l'AFP. Pour rappel, la cérémonie des Molières n'était pas en direct mais retransmise en différé de près de trois heures. C'est d'ailleurs ce laps de temps qui a permis à la chaîne de pourvoir couper l'incident.