Bienvenue à Montréal ! Ma langue de belmer et moi-même débarquons au pays des calembours pour le festival "Juste pour Rire", surnommé par moi-même le festival "Un jour ça va, deux bonjour les dégâts". Surtout si vous êtes adepte de l'humour à court terme comme moi. A peine arrivé à la douane, un enfant hurle qu'il veut rentrer. Moi aussi. Je viens d'apercevoir Mustapha. Dieu merci je sympathise avec un gentil animateur de "Rire et chansons". Je n'ose lui dire que le dernier festival sponsorisé par sa radio m'a donné envie d'avaler de l'Ajax, expert salle de bain. Oui, je suis difficile. Dans la navette qui nous amène à l'hôtel, silence de mort... On dirait qu'on a tous enterré notre humour.
Dès le lendemain, je croise Elie Semoun au petit déjeuner. L'erreur de débutant à ne pas commettre avec un humoriste au réveil, c'est de faire des blagues. Elie me dit qu'il ne connait pas TOP, le magazine pour lequel je travaille. Je lui réponds qu'il ne prend pas assez le métro. Et qu'il devrait car c'est très exotique (LOL ?). "Vous croyez vraiment que c'est exotique de prendre le métro quand des gens vous regardent parce que vous êtes connu ?" me dit-il affreusement sérieusement (pas MDR). Euh... non. Je lui dis que j'ai ressenti un peu la même chose quand ma robe est restée coincé dans ma culotte un jour. Solitude quand tu nous tiens. Je décide d'accélérer la cuisson de mes bagels pour mettre fin à cette conversation. J'apprends que Bigard a refusé mon interview. C'est pas drôle mais c'est bien quand même. L'attaché de presse me regarde avaler mon beurre de cacahuètes, c'est quoi le problème ? Est-ce qu'un marin meurt à chaque fois qu'on mord dans du gras ?
Je retrouve Elie pour une interview. Je lui demande quel est son livre de chevet : "Guerre et Paix". J'éclate malencontreusement de rire. Ce n'est pas une blague, je suis confuse. Il me demande si je le prends pour un idiot. C'est ce qu'on appelle le complexe de l'humoriste. Moi je me sers toujours de "Guerre et Paix" pour faire rire. Entretien avec Arthur à côté d'une fontaine. Arthur est comme moi : les fontaines, ça lui donne envie de faire pipi. Cette constatation crée un lien très fort entre nous, il me parle de son hypocondrie. Je lui parle de ma Lorraine natale. Je décide d'aller me balader au centre ville, je ne comprends tellement pas l'accent québécois que les gens me parlent en anglais. Je traîne avec le cadreur fou, celui qui filme tout, même les sacs plastiques. En même temps il a raison, y'en a qui ont gagné un Oscar comme ça. Je parle aux écureuils, ils m'écoutent avec plus d'attention qu'Arthur. Y'en a même un qui a l'air d'avoir une vie intérieure très agitée. Il fait sa guerre du Vietnam, je crois.
J'assiste à mes deux premiers spectacles. Le Comte de Bouderbala et Ben. J'avoue, je ris de bon coeur. Même pas mal. Seul bémol, j'ai un grand parkinsonien devant moi qui me donne le mal de mer. Le troisième spectacle est le spectacle de trop. Parfois j'ai envie de m'étouffer avec ma propre langue. Le troisième spectacle, c'est un peu comme un mauvais coup. Dès les préliminaires, tu sais déjà que tu n'auras pas d'orgasme. Je décide d'aller noyer mon chagrin dans l'alcool. Pas de bol, les bars ferment à 3 heures du matin, les jeunes se finissent au Subway. Bienvenue à Montréal...