Ambiance tendue au studio de France Inter. Invitée dans la matinale présentée par Nicolas Demorand ce mardi 18 juin, la ministre de la Culture Rachida Dati répondait aux questions du journaliste politique Yaël Goosz. Alors qu'elle critiquait le programme du Nouveau Front populaire et du Rassemblement national pour les législatives anticipées, elle a soudainement interrompu sa réponse. "Je sais que vous ne m'écoutez pas, là", a-t-elle lancé, agacée. "Si, si", lui a répondu le présentateur. "On prépare la question suivante, c'est normal", a souligné son journaliste. "Donc vous n'écoutez pas la réponse", a-t-elle alors insisté.
"Si on vous suit, c'est ni-ni en cas de duel RN Front Populaire au deuxième tour", a alors conclu Yaël Goosz, estimant que Rachida Dati mettait face à face l'union de gauche et le parti d'extrême droite. "Non, c'est vous qui résumez ! Arrêtez Monsieur Goosz, c'est confort ! Vous êtes confort... Allez dire ça aux techniciens de votre radio, et aux secrétaires et tous les gens que je salue tous les jours, à chaque fois", a-t-elle rétorqué, face à l'étonnement du journaliste.
"Quel rapport ?" l'a-t-il interrogée. "Quand ils seront privatisés, allez leur dire dans votre petit confort : alors, c'est ni-ni. Vous attendez quoi, la bonne phrase ? Moi, je suis sur le fond. Je défends mon pays, je défends ses valeurs. Je défends le pays qui m'a permis d'être en face de vous aujourd'hui" a-t-elle ajouté.
En cas de victoire après les élections législatives, le Rassemblement national promet de privatiser l'audiovisuel public. De son côté, Rachida Dati a déjà présenté le projet d'une réforme visant à une fusion des médias du groupe public, un texte en suspens à la suite de la dissolution de l'Assemblée nationale.
Plus tôt dans l'émission, Rachida Dati avait déjà critiqué les journalistes de France Inter, pointant du doigt un supposé manque de partialité durant cette campagne électorale. "Je vais vous dire, moi je suis surprise ! Vous avez eu monsieur (Raphaël) Glucksmann vendredi, le gars, il a déroulé... C'était un meeting ! Monsieur Jospin, hier... Vous pouvez me laisser finir trois phrases !", s'est-elle agacée.
"Ils sont interviewés de la même manière que vous", s'est défendu alors le journaliste. "Non, non ! J'invite les auditeurs à bien écouter, ils ont déroulé sans que personne ne les relance", a-t-elle ajouté, avant de développer son argumentaire. puremedias.com vous propose de visionner la séquence ci-dessus.
Ce dimanche 9 juin, les résultats des élections européennes ont donné vainqueur Jordan Bardella, tête de liste du parti d'extrême droite Rassemblement National, avec 31,37% (l'équivalent de 30 sièges au Parlement européen). Dans la foulée, Emmanuel Macron a fait une allocation télévisée exceptionnelle et annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale en vertu de l'article 12 de la Constitution. Une décision qui nécessite donc l'organisation d'un scrutin anticipé, dont l'enjeu est majeur. En cas de victoire, le parti lepéniste, anciennement Front National, pourrait ainsi, pour la première fois de son histoire, se confronter à l'exercice du pouvoir, via une cohabitation avec le président de la République.